Une étrange statue-menhir découverte aux portes de l'Aveyron

  • Le symbolisme du personnage armé fait dire qu'il s'agit d'un homme.
    Le symbolisme du personnage armé fait dire qu'il s'agit d'un homme. AFP Michel Maillé
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Découverte. Un exemplaire exceptionnellement bien conservé de statue-menhir vient d'être mis au jour aux limites de l'Hérault, du Tarn et de l'Aveyron.  

Un exemplaire exceptionnellement bien conservé de statue-menhir, l'une de ces mystérieuses représentations anthropomorphes gravées dans la pierre il y a 5 000 ans, vient d'être mis au jour aux limites de l'Hérault, du Tarn et de l'Aveyron, a indiqué l'un des fouilleurs, Michel Maillé. Cette statue-menhir de 2,07 mètres de haut et 90 cm de large extraite du sol fin septembre à La Salvetat-sur-Agout (Hérault) se distingue par son visage et sa bouche de toutes celles retrouvées entre Rouergue (grosso modo l'Aveyron) et Haut-Languedoc (entre Tarn et Hérault), a rapporté Michel Maillé, spécialiste qui a procédé aux fouilles sous la conduite de Jean Gasco, chargé de recherche au CNRS.

La première statue-menhir avec une bouche 

"C'est une très jolie statue-menhir masculine, assez classique par la plupart de ses attributs, ses caractères anthropomorphes", des jambes, un fourreau-poignard; en revanche, "elle a un visage assez particulier, qui est en léger relief et qui évoque plutôt un masque (...) C'est la première statue masculine avec une bouche", a-t-il dit indiqué. Seules quatre des 150 statues-menhirs répertoriées dans la région, toutes féminines, avaient des bouches jusqu'alors. Le symbolisme du personnage armé fait dire qu'il s'agit d'un homme. Les femmes arborent communément des seins, une chevelure ou une parure. Par comparaison, il peut être daté entre 3000 et 2500 ans avant notre ère.

Un monument abattu "très rapidement"

Les gravures dans le granit sont remarquablement conservées. "On voit encore le travail de piquetage et de bouchardage" (l'action du marteau), et pour cause: "Ce monument a été abattu très rapidement après sa mise en place", sans qu'on sache pourquoi, a observé M. Maillé. Le colosse d'une tonne et demie a ainsi été préservé de l'érosion. Il a été déplacé à une époque et pour une cause inconnues. Puis il est resté longtemps à plat face contre terre.

"L'Aveyron compte plus de dolmens que la Bretagne réunie"

Jusqu'à ce qu'un retraité, qui a raconté la découverte à France 3 Midi-Pyrénées, ne soit intrigué par deux traits parallèles gravés dans une pierre qui affleurait et que venait de lessiver l'orage. La région possède un patrimoine unique datant de cette période où l'homme commençait à sortir de l'âge de pierre pour travailler le cuivre (le chalcolithique, de - 3500 à - 2200 av. J.-C.). M. Maillé se plaît à dire que, même s'ils ne sont pas aussi vieux et monumentaux que ceux de Carnac (Morbihan), "l'Aveyron compte à lui seul plus de dolmens que la Bretagne réunie". Des dolmens que l'on peut voir au Musée Fenaille de Rodez. M. Maillé voit dans les statues-menhirs la représentation d'ancêtres, peut-être héroïsés ou divinisés, participant à un marquage du territoire à un moment où l'Homme vit sédentaire dans des villages et où se mettent en place des lignages dans une société plus complexe.

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