Le bleu des Causses en détresse

  • Affiné 70 jours en cave, le bleu des Causses peine à s'imposer face à ses illustres voisins.
    Affiné 70 jours en cave, le bleu des Causses peine à s'imposer face à ses illustres voisins. José A. Torres
Publié le , mis à jour
Victor Guilloteau

Economie. L’organisme de défense et de gestion de l’AOP tenait son assemblée générale lundi. La filière se veut ambitieuse, malgré un contexte «très difficile».

Les temps sont durs pour le bleu des Causses. Réuni à Vézins-de-Lévezou pour son assemblée générale, le collège producteurs de l’organisme de défense et de gestion (ODG) de l’AOP a dû dresser un état des lieux globalement morose au sujet des dernières données commerciales de la filière.

"Le constat, c’est que les producteurs de lait servant à la fabrication du bleu des causses ne font pas de plus-value sur leur production, expose Clément Chayrigues, élu au sein du collège et producteur de lait à Lapanouse-de-Séverac. Notre marché est compliqué, le contexte est très concurrentiel. Il nous est difficile de produire du lait de façon importante en qualité et en quantité."

L'ombre du roquefort

Dans l’ombre de son cousin le roquefort, le bleu des Causses souffre quelque peu de la comparaison avec le géant. Le «petit bleu» ne représente d’abord qu’une part infime de la collecte de lait totale sur sa zone de production (Aveyron, Lot et Lozère). D’ailleurs, sa fabrication avoisine les 540 tonnes en 2013, quand elle atteignait les 983 tonnes en 2003. Quant à ses ventes, elles ont chuté de 60% en 50 ans, du fait de la concurrence des autres bleus venus des régions voisines, notamment d’Auvergne. 

Pour le millier de producteurs concernés, la situation s’enlise. La consommation doit repartir. "Notre salut passera par la revalorisation des spécificités qualitatives de notre fromage, estime M.Chayrigues, qui se veut ambitieux. Nous devons nous développer, pas nous lamenter. Pour cela, on doit compter sur notre filière AOP (Appellation d’origine protégée, depuis 1996, NDLR) et faire preuve d’un esprit de construction".

"Vendre, valoriser, communiquer"

Patrick Mouysset, président de l’interprofession régionale du veau d’Aveyron et du Ségala (Irva), insistant lundi sur "la place primordiale du producteur dans le développement du veau de l’Aveyron." Pour tenter de s’imposer à part entière dans le paysage fromager français, l’ODG étudie différents axes de développement. L’idée est de faire connaître la marque, "la vendre, la valoriser, communiquer", détaille le producteur lapanousain.

Dans les tuyaux, un éventail d’opérations promotionnelles : la création de sets de table pour les restaurants, des panneaux d’information sur le bord des routes, des visites de fermes de producteurs, la construction d’une maison du bleu des Causses... "Il faut mettre en avant notre tradition et notre savoir-faire. D’autres caves pourraient aussi affiner le bleu des Causses, suggère M.Chayrigues. Notre motivation est d’accrocher le produit à son territoire pour avoir un jour une possible plus-value et ainsi développer les volumes de ventes." 

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