Paris concentre ses opérations en Irak, mais n'écarte plus d'intervenir en Syrie

  • Des militaires français accompagnés du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian sur la base Al-Dhafra (EAU), le 15 septembre 2014
    Des militaires français accompagnés du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian sur la base Al-Dhafra (EAU), le 15 septembre 2014 AFP/Archives - Taieb Mahjoud
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Centre Presse Aveyron

Paris concentre jusqu'à présent ses frappes aériennes en territoire irakien pour stopper la progression des jihadistes du groupe Etat islamique, mais la possibilité de les élargir à terme à la Syrie est désormais sur la table.

Près de deux semaines après le début des missions françaises, les avions français et américains se répartissent l'essentiel de la tâche et des cibles. L'aviation américaine multiplie les frappes en Irak et en Syrie, les Rafales français frappent des objectifs des jihadistes uniquement en Irak.

Une répartition très déséquilibrée, puisque avec deux frappes et une douzaine de missions de reconnaissance depuis le 15 septembre, le nombre de raids français se situe loin derrière les plus de 200 frappes conduites depuis le 8 août par les Américains.

Mais si la question d'une intervention française en Syrie était au départ écartée par l'Elysée, de l'aveu même de Jean-Yves Le Drian, elle est désormais "posée".

"Il y a une répartition des tâches, pour l'instant", souligne-t-on dans l'entourage du ministre de la Défense, où l'on concède qu'"évidemment, aujourd'hui ces questions sont posées". "On est juste au début" et l'action de la coalition internationale, conduite par les Etats-Unis, s'inscrit "dans le temps long", souligne-t-on. "Ce qui est sûr, c'est qu'il faut compter en mois."

La France a jusqu'à présent décidé de ne pas s'engager en Syrie pour deux raisons: Paris veut être assuré que les frappes de la coalition ne profiteront pas au régime de Bachar al-Assad sur le terrain. Elles doivent également avoir une efficacité pour l'objectif que s'est fixé la France en Syrie: "Conforter l'opposition modérée".

"On se donne du temps. Nous ne pensons pas qu'aujourd'hui les conditions soient réunies et surtout on a une répartition des tâches", souligne un haut responsable de la Défense.

Pour optimiser les moyens militaires qu'elle a engagés - six Rafale et un ravitailleur -, la France concentre donc son action "directement en Irak" et l'extension de l'intervention française en Syrie "n'est pas à l'ordre du jour militaire", fait-on valoir.

Côté français, en revanche, on considère désormais qu'il n'y aurait "pas d'obstacle juridique" à une intervention en Syrie.

- Une véritable plus-value -

Sur le terrain, les aviateurs français et américains s'échangent des renseignements sur les objectifs et les cibles des jihadistes. Un domaine dans lequel la France peut apporter une véritable plus-value.

Outre les appareils des autres pays de la coalition, notamment arabes, également engagés, ils devraient recevoir prochainement le renfort des britanniques, Londres s'apprêtant à se joindre à la coalition, pour des frappes là encore limitées à l'Irak.

Six Tornado de la Royal Air Force, basés à Chypre, contribueraient ainsi aux raids de la coalition internationale, soit une participation identique à celle des Rafale français.

"Notre objectif principal, c'est d'éviter que Daech (acronyme arabe de l'EI) continue de progresser en Irak", souligne-t-on côté français. Il s'agit d'affaiblir les capacités militaires des jihadistes pour que l'Etat irakien puisse reprendre le dessus dans les combats et récupérer l'intégrité de son territoire. La durée des opérations dépendra donc en particulier du temps nécessaire à l'armée irakienne pour se reconstituer suffisamment.

Sur le plan militaire, la première phase consiste à recueillir le maximum d'informations sur les positions des jihadistes. "Au début, il est normal que nous fassions des missions de reconnaissance. Nous devons établir une cartographie de l'adversaire", souligne le porte-parole de l'état-major des armées, le colonel Gilles Jaron. Vendredi, deux Rafale ont encore conduit l'une de ces missions de reconnaissance dans le nord de l'Irak, sans procéder à de nouvelles frappes.

Des opérations dont le coût est jusqu'à présent qualifié de "marginal" côté Défense.

Source : AFP

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