Un monument historique sur rails en gare de Sévérac et de Rodez

  • L'autorail a fait une halte remarquée samedi soir en gare de Rodez avant de repartir dimanche matin vers Sévérac-le-Château.
    L'autorail a fait une halte remarquée samedi soir en gare de Rodez avant de repartir dimanche matin vers Sévérac-le-Château. Joël Born
Publié le
Hugues Cayrade

Insolite. Classé en 2009 grâce à une équipe de passionnés qui l’utilise pour faire revivre une ligne ferroviaire abandonnée en Auvergne, l’autorail X2403 était en transit ce week-end en Aveyron.

Les amoureux des trains et de la poésie ferroviaire surannée qui va avec ont pu approcher ce dimanche le presque mythique autorail X2403. Si on est loin de l’Orient Express pour ce qui est du luxe des banquettes, même en première, ou du raffinement du service restauration à bord, cette machine, lancée au début des années 1950 et réformée quelque 35 ans après, n’en a pas moins une belle histoire à raconter. Et cette légende, qui lui a valu d’être classée Monument historique en 2009, c’est Jean-Michel Piernetz qui la raconte le mieux. Le président et fondateur, en 1994, de l’association des Chemins de fer de la haute Auvergne (CFHA), était à Sévérac-le-Château hier, aux côtés d’une soixantaine d’adhérents et de sympathisants, à la faveur de l’arrêt en gare de l’autorail X2403 en provenance de Clermont-Ferrand et à destination de Rodez (lire aussi en page 3).

«Nous ne sommes pas un tour-opérateur»

«Au départ, nous avons créé l’association pour la sauvegarde de la ligne entre Bort-les-Orgues et Neussargues, explique cet ancien cheminot de 65 ans, dont 42 de “maison”, à la barbe blanche encore mâtinée de roux. Si l’exploitation commerciale de cet itinéraire de 71 km, qui devait servir pour le transport du vin, mais qui a surtout été utilisé pour celui de bestiaux en période de transhumance, n’était plus possible d’un point de vue rentabilité, nous avons quand même obtenu le maintien des rails et de quelques infrastructures à des fins touristiques. C’est une très belle ligne de montagne.» Le retour de l’illustre autorail, d’abord loué à un particulier à partir de 1998, puis racheté en 2007, a joué un rôle fondamental dans cette réorientation touristique, même si les CFHA et leur marque commerciale Gentiane Express® n’exploitent qu’une vingtaine de kilomètres à l’heure actuelle, de la vallée de la Dordogne aux vastes horizons du plateau du Cézallier.

L’X2403, le plus vieil autorail encore en circulation sur le réseau ferré national, peut également être mis à disposition de groupes qui veulent faire un voyage insolite ou une entrée en gare «majestueuse» pour célébrer un événement. «Tout récemment, nous l’avons affrété pour un groupe suisse qui voulait faire le tour de Bretagne, précise Jean-Michel Piernetz. Il faut monter des dossiers pour la SNCF et RFF, c’est du travail. Mais nous ne sommes pas un tour-opérateur; on essaie juste de tirer à chaque fois un petit bénéfice pour la trésorerie de l’association.» L’autorail, qui a été «remis en peinture», comme on dit dans le jargon, à la fin des années 2000 sur la rotonde du dépôt de la gare Saint-Charles, à Marseille, est aussi régulièrement loué pour le tournage de films ou de pubs, dans lesquelles il contribue à recréer décors et ambiances des années 1950-1960. Tout en rondeur, dans sa livrée rutilante rouge à toit crème, il renvoie aux Trente Glorieuses et à la nostalgie des Micheline de campagne, même si le nom qui a longtemps collé à ces autorails désignait en fait des engins sur pneus construits par Michelin dans les années 1920…

Quand il ne transporte pas des touristes entre Corrèze et Cantal ou des amateurs de voyages tout en lenteur (100 km/h maximum) aux six coins de l’Hexagone, l’X2403 balade les adhérents de l’association des Chemins de fer de haute Auvergne où ils le souhaitent, comme pour remercier ses thuriféraires de l’avoir remis sur de bons rails… C’est le cas ce week-end, où le train et son équipage ont fait escale pour la nuit de samedi à Rodez, avant de retourner  dimanche dans sa gare d’attache corrézienne, où il va faire l’objet de révisions une bonne partie de l’année 2015. «Pour nos sorties, on aime bien faire rouler le train sur des lignes qui sont menacées de fermeture ou de déclassement. C’est notre côté toujours militant», reconnaît Jean-Michel Piernetz. L’autorail comme symbole de résistance, en somme. Increvable. 

Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?