Decazeville : J.Reuilles ne veut pas jouer les « souffre-douleur »

Maire de Decazeville jusqu’au printemps dernier, Jean Reuilles n’a que peu apprécié l’exercice de François Marty, actuel premier élu, qui a récemment dressé le tableau d’une commune "en déshérence". Sous-entendu, évidemment, que cette triste situation était notamment imputable à la précédente municipalité.

La ligne jaune franchie

Indirectement mis en cause, Jean Reuilles a décidé vendredi de sortir du bois, pour se dire "surpris par les propos outranciers du maire François Marty à (son) égard". Considérant que "la ligne jaune a été franchie" lors des deux sorties médiatiques de l’actuelle municipalité, l’ancien maire s’avoue "surpris et déçu" de ce tir de barrage, alors qu’il juge avoir "joué le jeu d’un passage de témoin le plus correct possible dans l’intérêt de la ville".

Jean Reuilles, qui trouve que "stigmatiser la commune n’est pas très bon pour l’attractivité de la ville et pour celui qui prétend l’aimer", pense que "François Marty, dépassé par ses responsabilités, perd son sang-froid, ce qui l’amène à trouver un exutoire, qui n’est autre que l’ancienne équipe dirigeante moi en tête, pour porter le chapeau". Et d’insister en affirmant qu’"outre l’image écornée qu’il donne d’une ville qui se bat pour survivre, une telle communication ne grandit pas son auteur".

Politique politicienne

S’aventurant ensuite sur un terrain plus politique, Jean Reuilles constate que François Marty, "qui s’est affirmé comme un maire rassembleur en dehors de tout clivage partisan, semble se laisser aller à une politique politicienne (...). Vous affichez une volonté de rassembler, mais je constate qu’au lieu de rassembler, vous divisez par la mise en œuvre du dogme qui vous imprègne." L’ancien maire se questionne également sur "l’enseignement que François Marty a pu tirer de la gestion communale durant le précédent mandat où il siégeait dans l’opposition. En effet, les actions de l’ancienne municipalité ont été menées dans le respect de l’opposition de l’époque et validées en conseil municipal. Il a eu connaissance de l’aspect financier de la commune et je m’étonne qu’aujourd’hui il tombe des nues."

Vous avez dit dette ?

En ce qui concerne la dette de la commune, annoncée à 7,7 M€ par la municipalité en place, Jean Reuilles dit "faire confiance au rapport de la Chambre régionale des comptes de 2013, qui préconise simplement de s’en préoccuper pour la faire baisser". L’ancien maire précise à ce sujet que "la tâche de François Marty sera d’autant plus facilitée que cette dette va diminuer de 3 M€ sur la durée du mandat par le jeu de l’extinction de certains prêts. Et puis cette dette n’est pas anormalement haute, mais tout simplement haute, et ne justifie pas les peurs que peut engendrer une telle communication."

Ni faillite, ni dérive

Jean Reuilles révèle aussi qu’il s’était "promis de ne pas intervenir dans le débat municipal", mais qu’il y est "contraint pour affirmer que la ville de Decazeville n’est ni en faillite, ni à la dérive. De plus, il n’y a jamais eu de déshérence dans le traitement des dossiers". Et de prévenir François Marty : "Je ne suis pas votre chose ou votre souffre-douleur et je ne présente pas la joue gauche quand j’ai reçu une gifle sur la joue droite. Je ne suis pas là pour supporter tous les péchés du monde et surtout pas les vôtres."

Non sans avoir abordé point par point certains sujets polémiques sur lesquels nous reviendrons (salle Sartre, Ehpad, tour Cabrol, réseau de chaleur…), Jean Reuilles a conclu son propos en disant "attendre sereinement le plan sur 5 ans de la municipalité, qui me permettra sans doute de comprendre le « souffle nouveau » (slogan de campagne de François Marty, NDRL) promis par le maire. Je lui souhaite de réussir dans sa démarche, même si elle m’apparaît désordonnée et illisible."