Assises de l'Aveyron : quand un «jeu de regards» mène à la tuerie de Millau

  • Hier, à Rodez, Garvin Madar est venu témoigner devant la cour d’assises.
    Hier, à Rodez, Garvin Madar est venu témoigner devant la cour d’assises. José A. Torres
Publié le , mis à jour
C.L.

Cour d’assises. Mardi, le fond de l’affaire de l’assassinat de l’Antillais Jean-Ronald d’Haïty, survenu en mai 2010, a, pour la première fois, été abordé. Une victime et douze témoins ont pris la parole.

Trois semaines après l'ouverture du procès, l’enquête de personnalité des 18 accusés passée et les incidents de ces derniers jours réglés, la cour d’assises de l’Aveyron peut enfin se concentrer sur les faits qui ont conduit à la mort de Jean-Ronald d’Haïty, alias Scra,un Antillais de 21 ans tué d’un coup de couteau porté en plein cœur, le 8 mai 2010, à Millau.

Une histoire de "regard" 

Une dramatique soirée dont on sait désormais que la genèse remonte à un différend opposant l’un des accusés, Morad Laanizi, à un membre de la communauté saint-martinoise de la cité du gant, Garvin Madar. Ce dernier, partie civile dans cette affaire, est la première des 13 personnes entendues hier à s’exprimer. À raconter les bagarres, les menaces, les intimidations et la tentative d’embuscade dont il a été victime, lui comme d’autres Antillais, durant les semaines qui ont précédé le décès de Scra. Pour une histoire de "regard" survenue en mars 2010, dit-il. Un vulgaire "jeu de regards", confirme d’ailleurs un autre témoin. Et celui-ci d’expliquer à l’avocat général, Jérôme Laurent, pourquoi il n’a pas porté crédit aux menaces de mort qu’auraient proférées les frères Laanizi après que Garvin Madar brise la mâchoire de Morad, le cadet: "Ils étaient énervés. On nous a dit que ce n’était pas des gens à prendre au sérieux".

L’audience du jour est laborieuse

Le président Régis Cayrol, le ministère public et les avocats se battent pour que sortent les mots des bouches de ceux qui passent devant la cour. Pour cause, beaucoup auraient oublié ce qu’il s’est passé à cette époque, à Millau. Certains, mal à l’aise, ont visiblement peur de redonner des noms mentionnés au cours de l’instruction. Arrachés aux forceps, quelques-uns se font néanmoins entendre: ceux des Laanizi, mais aussi ceux de Karimi, Boubagra, Driouech, Tagghouzi, etc. Parfois, les propos tenus leur sont favorables; parfois, ils les incriminent.

Garvin Madar, lui, n’a pas peur. Lui, qui habitait dans un appartement situé en dessous de celui de Scra, a conscience qu’il était visé, lorsque "la horde", comme la qualifie Régis Cayrol, a déboulé dans l’immeuble où Jean-Ronald d’Haïty a perdu la vie. "Pouvez-vous expliquer pourquoi elle s’est trompée d’étage?" l’interroge le président. Il se trouvait à Rodez, ce funeste soir de mai 2010: "Il n’y avait personne au premier étage; ils ont entendu du bruit au deuxième et ils sont montés" Peut-être. Mais l’un des premiers Saint-Martinois à être arrivés à Millau, celui qui est même considéré comme leur "tuteur"et a tenté d’apaiser la situation entre sa communauté et les frères Laanizi, ne voit pas les choses de la même façon. Devant la cour d’assises, il déclare, d’une voix forte, "qu’ils ne se sont pas trompés d’étage. Ils étaient venus dans le but de taper des Antillais. De se faire respecter".

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