Le vin de Marcillac, un «produit chic» ?

Des notes d’agrumes, fruitées, exotiques. Dans les cuves de la coopérative le vin travaille, macère, le sucre du raisin fait son œuvre. Seules 3000 bouteilles de vin blanc, le premier vin blanc à sortir de la cave coopérative du vallon de Marcillac, seront produites pour cette première année. Mais Kasper Ibfelt, le patron de la cave installée à Valady, a le sourire lorsqu’il goûte le précieux nectar: "C’est une première qui s’annonce prometteuse", glisse-t-il entre deux dégustations. Car pour celui qui a pris la tête de la coopérative il y a maintenant neuf ans, les vignes de Marcillac "sont des pépites brutes qui méritent d’être taillées, polies, pour donner le meilleur d’elles-mêmes" 

Et aujourd’hui, à Marcillac, on semble toucher au but. Cette année, la vigne a été généreuse. Ce sont près de 475 000 hectolitres qui ont été récoltés. La saison dernière, 500 000 bouteilles de marcillac ont été vendues. Kasper Ibfetl espère en produire et en vendre beaucoup plus cette année. Le nécessaire et lent travail de la vigne de Marcillac finirait-il par payer ? Le directeur de la cave des vignerons en veut pour preuve le dernier Guide Hachette des vins.

"Une reconnaissance de notre travail"

"Pour la troisième année consécutive, la cave obtient un coup de cœur, avec le domaine de Ladrecht 2013. L’année avait été difficile, avec un été également pluvieux. D’autres vins de Marcillac été distingués, cela prouve que l’on travaille bien." Des médailles remportées lors de différents concours (Concours général agricole, notamment), qui viennent "marquer une reconnaissance de notre travail". L’image de «piquette», ou de simple vin de table qui collait à l’image du marcillac est en train de changer. "La bonne vigne a toujours été là, assure Kasper Ibfelt. Seulement, les vignerons de l’époque ne se préoccupaient de la vinification. Ils étaient simplement là pour produire du vin." Même si tout n’a pas été facile, surtout au début, le patron de la cave, originaire du Danemark, a toujours pu compter sur la bonne volonté des vignerons du Vallon, "conscients que leur vin pouvait être de bonne qualité". Une qualité qui se retrouve dans la cuvée 2014.

"Un produit chic, dans le bon sens du terme"

Dans le Vallon, les millésimes se suivent mais ne se ressemblent pas. Un seul cépage, le fer servadou dit mansois en Aveyron, mais une alliance de différents terroirs qui caractérise le vin de marcillac. Il reste encore une petite dizaine de jours pour que le jus du raisin offre toute sa complexité en bouche, sa finesse ou sa longueur. Un œnologue de Narbonne, qui d’habitude arpente les vignes du Languedoc, viendra apporter la dernière touche à la cuvée 2014. "Le vin de Marcillac a certainement similitude avec les vins du Languedoc, une robustesse qui caractérise notre vigne", explique le directeur des caves de Valady. De l’image d’un banal vin de table, il entend bien faire du marcillac "un produit chic, dans le bon sens du terme. Le vin du Vallon peut être une niche dans laquelle nous pourrions nous engouffrer". Car pour Kasper Ibfelt, l’Aveyron qui valorise ses produits (fromages, viandes notamment) oublie "de parler du vin de Marcillac qui mérite pourtant d’être connu".