Maison de la photographie : Jean-Marie Périer a des vues sur Villeneuve

Jacques Dutronc lui ayant souvent vanté les beautés de cette région, il s’est arrêté un jour à Figeac. Faisant irruption dans la première agence immobilière venue, il s’est exclamé devant Jean-Louis Labit, le propriétaire des lieux: "Trouvez-moi s’il vous plaît une petite ferme au milieu de rien. Et comme je n’en ai pas le premier rond, qu’elle ne soit pas chère, car c’est la banque qui va payer !". Trois mois plus tard, Jean-Marie Périer s’est installé à sept kilomètres de Villeneuve et il n’a plus quitté l’Aveyron depuis bientôt quinze ans. Il dispose d’un pied-à-terre à Paris mais il se contente de rares séjours. Essentiellement pour ses contrats professionnels.

"Ici, on est gentil avec les chiens" 

"Contrairement à la capitale, ici, on ne gémit pas. On est gentil avec les chiens et même avec les étrangers, assure-t-il. On ne se lève pas le matin pour être “contre”, pour dire “non”, pressé de se plier ainsi à l’hégémonie du ricanement systématique de l’intelligentsia dominante, ou au cynisme des petits bourgeois déguisés en prolos arborant Che Guevara sur des tee-shirts Prada. Ici, quand on est branché, c’est sur la tondeuse !"

S’il a été accueilli à bras ouverts par les autochtones, avec lesquels il partage facilement un café ou taille un bout de gras, Jean-Marie Périer reconnaît aussi qu’il a tout fait pour s’intégrer... Il le dit d’ailleurs avec beaucoup d’humour: "Comme je n’ai pas creusé de piscine, la population a vite compris que je n’étais pas en villégiature ! Et, comme dès le début, je venais aussi en hiver, tout le monde m’a vite pris au sérieux." Et de poursuivre sur le sujet: "Je n’ai jamais triché avec personne. Et, ne voyant pas face à eux quelqu’un de prétentieux, les locaux m’ont adopté". Et la réciproque est vraie. Du coup, celui qui soufflera ses 75 bougies le 1er février prochain a décidé "de s’investir encore plus".

"Davantage de couleurs qu’avec le musée Soulages !"

Son projet ? "Ouvrir au mois d’avril 2015 une Maison de la photographie en plein cœur de la bastide". "C’est un peu comme à Rodez, à la différence qu’il y aura davantage de couleurs qu’avec le musée Soulages !", s’amuse-t-il. Il a jeté son dévolu sur une superbe bâtisse du XIVe siècle, qui appartient à la mairie et qui abritait jusqu’à fin mars de cette année le musée Mistral d’art populaire. Son objectif est ainsi d’y présenter, de façon permanente et en quatre formats, 180 de ses photos des sixties et de réserver ensuite deux salles pour des expositions temporaires de photographes de la région Midi-Pyrénées. "J’aimerais, sans prétention, apporter de la visibilité à Villeneuve, explique l’artiste autodidacte. Je crois que cette Maison de la photographie peut séduire beaucoup de visiteurs car mes expos “cassent la baraque”. Ils ne viendront pas pour Jean-Marie Périer mais pour les célébrités qui figurent sur ces prises de vue." Et il s’appuie volontiers sur une initiative ponctuelle à Toulouse qui avait attiré la bagatelle de 42 000 personnes en deux mois.