Voyage au pays des aquarelles et des carnets de Sonia Privat

  • Voyage au pays des aquarelles et des carnets de Sonia Privat
    Voyage au pays des aquarelles et des carnets de Sonia Privat José A. Torres / Centre Presse Aveyron
Publié le , mis à jour
Philippe Routhe

Portrait. Sonia Privat est une peintre qui monte. Ses carnets de voyages et ses portraits séduisent de plus en plus de monde. Rencontre avec une aquarelliste qui respire la liberté.

Et Sonia Privat posa le pied à Zanzibar. Cela faisait des années que l’aquarelliste ruthénoise songeait à débarquer un jour sur cette île posée dans l’océan Indien, face à la Tanzanie. Un peu comme Jules Verne ou Rimbaud avant elle. "Mais moi, j’y suis arrivée !" rigole-t-elle. C’était en 2009. Pourquoi Zanzibar ? "Pour y rencontrer ces gens issus de différentes cultures." Et les peindre.

Les paysages ont beau être magnifiques ce sont les gens qu’elle aime peindre. Percer leur regard pour mieux le redessiner. Avec un talent aujourd’hui unanimement reconnu. Sa dernière exposition, « Portraits du monde », à voir jusqu’au 22 novembre dans la galerie « L’entre-musées », de la rue Sainte-Catherine à Rodez, tenue par son fils Eliott, en lien également avec la parution de son nouveau livre « Silhouettes », en offre une nouvelle preuve. Il n’empêche, pour Sonia Privat, il y a bien un avant et un après Zanzibar.

"L'impression de voyager à l'endroit"

"Depuis, j’ai l’impression de voyager à l’endroit", dit-elle joliment. Comme si elle avait trouvé ce petit quelque chose qui lui manquait pour respirer à pleins poumons. De son séjour à Zanzibar, Sonia Privat a ainsi ramené un de ces carnets de voyage dont elle a le secret. Il a véritablement tapé dans l’œil de l’éditeur Magellan & cie lors du grand rendez-vous de Clermont-Ferrand des carnettistes. Dans la foulée, en décembre 2010, était édité « Zanzibar, le royaume des fées ». Le début d’un nouveau voyage pour la peintre ruthénoise. Dans tous les sens du terme.

En février 2012, elle a pris à nouveau la direction de l’océan Indien. C’est en Inde qu’elle s’est posée cette fois-ci. L’émerveillement était une nouvelle fois au rendez-vous. Les rencontres, les couleurs, tout était là. "J’ai également trempé les pieds dans le Gange"murmure-t-elle. Elle y a alors ressenti un fort sentiment d’humilité... Un peu plus tard, « India Express » était publié, avec toujours ces portraits saisissants, dans des drapés joyeusement colorés.

Elle n’aimait pourtant pas l’aquarelle

Là se trouve l’univers de Sonia Privat. Son attirance pour le portrait semble toutefois avoir vu le jour bien plus tôt. Du côté de Saint-Ouen, où elle est née et où elle vécut jusqu’à l’âge de 8 ans avant que ses parents ne décident de revenir à Rodez. "Un jour ma mère m’a ressorti un vieux dessin. Deux personnages, avec des yeux, un nez, une bouche. J’avais trois ans quand je les ai dessinés !", raconte-t-elle. Idem pour tout ce qui touche à l’art. Elle entra même dans une grande école de stylisme. "Mais je ne me voyais pas du tout là-dedans, dans la mode. Ce n’était pas fait pour moi.J’y ai tout de même beaucoup appris du drapé et des couleurs." Elle a alors opté pour un cheminement plus personnel.

"J’ai galéré une bonne vingtaine d’années. J’ai accepté toute sorte de boulots", dit-elle. Cela n’a pas empêché cette liberté, au fil des ans, de prendre de l’ampleur. Et de faire qu’aujourd’hui, "je voyage en tongues". On peut aussi se demander si cette liberté ne l’a pas quelque peu guidée vers l’aquarelle, une peinture que l’on ne dompte pas jusqu’au bout. Elle n’aimait pas cette peinture, alors que, aujourd’hui, elle en chérit la poésie. "Jusqu’au dernier moment, jusqu’au dernier coup de pinceau, il peut se passer quelque chose", sourit Sonia, au milieu des tubes jonchant son atelier installé dans la maison familiale de la rue Sainte-Catherine. C’est dans celui-ci qu’elle se faufile vers 4 heures du matin, après un premier café et une première cigarette. C’est là que l’aquarelle, souvent cantonnée aux petits formats, a trouvé avec elle d’autres expressions sur de grandes bandes de papier. Avec toujours cette émotion qui voyage dans le regard de ces gens qu’elle dessine.

"J'aime me définir" comme un artisan

Idem dans ses carnets de voyage qui ne ressemblent à aucun autre. Le dernier, consacré au Maroc, où elle s’est rendue cet été avec quelques élèves à qui elle donne des cours, est protégé d’une couverture en bois, réalisée avec la minutie d’un artisan. "J’aime bien me définir ainsi", confie-t-elle d’ailleurs. Quand elle entre dans son atelier, elle confie volontiers qu’elle ne sait pas ce qu’elle va peindre. Elle fait confiance à son cerveau droit, celui de l’intuition. "Je ne fonctionne qu’avec celui-là", s’esclaffe-t-elle. C’est que dans le grand voyage qu’elle réalise, l’homme de sa vie n’est jamais très loin. C’est Dan. Il est peut-être plus le cerveau gauche, celui qui analyse. Il est en tout cas de tous ses voyages, de toutes ses aventures. Avec lui, elle a fait grandir Jessica, Eliott et Milan. C’est son cercle, sa respiration.

Dan sera naturellement présent en avril prochain dans la vallée de Katmandou, où Sonia sait d’ores et déjà qu’elle va y puiser de belles inspirations tandis que Dan ramènera quelques objets insolites du séjour. Ils trouveront une nouvelle vie dans un prochain carnet de voyage. On ne sait le destin qu’auraient connu Jules Verne et Rimbaud s’ils avaient concrétisé leur rêve de toucher cette terre de Zanzibar. Quoi qu’il en soit, comme on dit que le vent souffle toujours sur les plages de cette île, un souffle de liberté porte plus que jamais Sonia Privat.

Voir les commentaires
Sur le même sujet
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?