Ferguson: après les émeutes, le spectre des divisions raciales ressurgit

  • Manifestation à Ferguson, le 24 novembre 2014
    Manifestation à Ferguson, le 24 novembre 2014 AFP - Jewel Samad
  • Manifestation devant la Maison Blanche, le 24 novembre 2014 à Washington
    Manifestation devant la Maison Blanche, le 24 novembre 2014 à Washington AFP - Mendel Ngan
  • Leslie McSpadden (G), la mère de Michael Brown, le 24 novembre 2014 à Ferguson
    Leslie McSpadden (G), la mère de Michael Brown, le 24 novembre 2014 à Ferguson AFP - Jewel Samad
  • Un bâtiment incendié, le 24 novembre 2014 à Ferguson
    Un bâtiment incendié, le 24 novembre 2014 à Ferguson AFP - Jewel Samad
  • Scènes de violence à Ferguson
    Scènes de violence à Ferguson AFP
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le spectre des divisions raciales aux Etats-Unis a ressurgi après une nouvelle nuit d'émeutes à Ferguson provoquée par la décision d'un jury populaire de ne pas inculper le policier blanc qui a tué Michael Brown, un jeune Noir non armé.

Dès l'annonce du verdict, les violences ont éclaté dans la petite ville du Missouri tandis que, de Seattle à New York, des milliers d'Américains descendaient dans les rues pour dénoncer "le racisme qui tue".

"Pas de justice, pas de paix", scandaient les manifestants en colère, sourds aux appels au calme lancés dans la soirée par le président Barack Obama et la famille Brown, qui devait s'exprimer mardi à 10H00 locales (16H00 GMT).

Selon le chef de la police du comté de Saint-Louis Jon Belmar les forces de l'ordre ont été la cible de nombreux tirs --150, selon son propre décompte-- qui n'ont pas fait de victime. Un journaliste de l'AFP a reçu un parpaing en plein visage, mais son état n'est pas considéré comme inquiétant. Vingt-neuf personnes ont été arrêtées et à New York deux manifestants ont appréhendés.

Les policiers, qui avaient reçu des renforts de la Garde nationale et du FBI, ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, matraques, et grenades aveuglantes pendant que dans certaines rues se déroulaient de véritables batailles rangées au coeur de cette banlieue de Saint-Louis, sillonnée par des véhicules blindés.

Le gouverneur du Missouri Jay Nixon, qui avait décrété l'état d'urgence dans la crainte de violences, a demandé de nouveaux renforts de la garde nationale.

- "décès tragique" -

Après trois mois de délibérations, le procureur du comté de Saint-Louis a annoncé lundi soir que l'agent de police, Darren Wilson, ne serait pas inculpé, le jury ayant considéré qu'il avait agi en état de légitime défense après une "altercation".

"Il n'y a pas de doute que l'agent Wilson a causé la mort" de Michael Brown, a déclaré à la presse le procureur Robert McCulloch, parlant de "décès tragique". Mais les douze jurés, neuf Blancs et trois Noirs, qui ont mené une instruction "complète et approfondie", "ont déterminé qu'il n'y a pas de raison suffisante pour intenter des poursuites contre l'officier Wilson".

Fait inhabituel: M. McCulloch a rendu public un florilège de documents émanant du dossier de l'instruction -- de l'autopsie de la dépouille de Michael Brown à la déposition de Darren Wilson.

Pat Bailey, une habitante de Saint-Louis à la retraite, s'attendait à la décision du jury: "J'ai vécu suffisamment longtemps pour savoir que les Afro-Américains ne sont pas considérés comme des êtres humains".

Peu après l'annonce de la décision, le président Obama et la famille de Michael Brown ont exhorté la foule à manifester dans le calme et la police à faire preuve de "retenue".

- Justice à deux vitesses? -

Devant la Maison Blanche, la foule brandissait des pancartes réclamant "Justice pour Mike Brown" et scandait "les mains en l'air, ne tirez-pas".

Le ministre de la Justice Eric Holder a rappelé que l'enquête fédérale se poursuivait. "Elle est indépendante de l'enquête locale depuis le début et le restera", a-t-il déclaré, assurant que les autorités fédérales se garderaient de tirer des "conclusions hâtives".

La mort de Michael Brown en août a ravivé le débat sur l'attitude des forces de l'ordre et les relations raciales aux Etats-Unis, 22 ans après l'affaire Rodney King et les émeutes qui avaient embrasé Los Angeles après l'acquittement de quatre policiers blancs filmés en train de passer à tabac cet automobiliste noir.

Dans son message, le président Obama a d'ailleurs mis en garde contre la tentation de "dissimuler les problèmes" liés au racisme aux Etats-Unis. "Dans trop de régions du pays, il existe une profonde défiance entre les forces de l'ordre et les communautés de couleur", a-t-il souligné.

Le sénateur noir du New Jersey Cory Booker s'est lui fait l'écho sur Twitter de "la colère de (ses) amis qui estiment que la loi est appliquée différemment selon qu'on est riche ou pauvre".

La mort de Michael Brown se fait ressentir jusqu'en France, où la ministre de la Justice Christiane Taubira s'est emportée dans un tweet contre la décision du jury populaire.

"Quel âge avait #Mickael Brown? 18 ans. #Trayvon Martin? 17. #Tamir Rice? 12. Quel âge le prochain? 12 mois? +Tuez-les avant qu'ils ne grandissent+ Bob Marley", a écrit Mme Taubira, égrenant les noms de jeunes Noirs tués par la police aux Etats-Unis et reprenant des paroles de "I shot the sheriff", un des tubes phare du roi du reggae.

Michael Brown, qui n'était pas armé, a été tué par Darren Wilson d'au moins six balles en plein jour le 9 août.

Une vingtaine de minutes auparavant, le jeune homme avait été filmé dans une supérette en train de voler une boîte de cigarillos.

Des témoins avaient affirmé qu'il avait les mains en l'air au moment où le policier a fait feu. Mais, selon le procureur, plusieurs témoins oculaires se sont rétractés devant le grand jury ou ont été contredits par les indices matériels.

Source : AFP

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