Bâtiments de France : Louis Causse tire sa révérence

  • Après 35 années vouées à la sauvegarde du patrimoine aveyronnais, Louis Causse fait valoir ses droits à la retraite.
    Après 35 années vouées à la sauvegarde du patrimoine aveyronnais, Louis Causse fait valoir ses droits à la retraite.
Publié le
Joël Born

Portrait. L’architecte connu et reconnu fait valoir ses droits à la retraite après avoir veillé pendant 35 ans sur le riche et diversifié patrimoine aveyronnais.

Certains lui ont forgé une drôle de réputation en répandant l’idée qu’il était l’homme le plus craint du département. Lui-même s’en amuse volontiers en affirmant qu’il essaie d’être redouté, sans pour autant être redoutable. Étant bien entendu qu’il n’est jamais aisé de trouver le bon compromis quand on est architecte des Bâtiments de France et que l’on veille sur le patrimoine aveyronnais depuis près de 35 ans. À l’heure de son départ à la retraite (officiellement le 1er janvier 2015), qui sera célébré aujourd’hui en préfecture, Louis Causse revient sur ces longues années aveyronnaises.

Quel sentiment vous laissent ces 35 années au service du patrimoine aveyronnais ?

C’est très compliqué car il y a tout ce que l’on a fait et tout ce qu’il reste à faire. Le plus marquant est que le patrimoine est entré dans le cœur des gens. Au début des années 80, pour les premières journées du patrimoine, on ouvrait les portes des monuments historiques. Aujourd’hui, les journées européennes vont bien au-delà. Les gens sont beaucoup plus sensibilisés à leur environnement. Il y a une vraie montée en puissance. Quand on a beaucoup de patrimoine, comme en Aveyron, il faut aussi laisser place au patrimoine nouveau. C’est une cuisine complexe pour admettre la nouveauté. Globalement, le milieu urbain l’absorbe mieux. À Rodez, par exemple, le patrimoine contemporain est présent.

Justement, comment percevez-vous le Rodez nouveau ?

S’il existe c’est que l’architecte des Bâtiments de France a donné un avis favorable... Le musée Soulages est un bâtiment exceptionnel. Parfois, il y a une part de compromis. On construit et le temps fait son œuvre. Il faut du temps au temps. Toutes les œuvres sont soumises au purgatoire. Après, c’est l’enfer ou le paradis. L’architecture, c’est toujours un résultat très complexe, représentatif de la société. Notre rôle est d’essayer de voir si la cohabitation est possible.

Quel est votre plus beau succès ?

La restauration des anciennes porcheries des Bourines fut l’un des projets les plus porteurs avec une association très vivante et un enthousiasme, qui se poursuit au-delà des travaux. Il y a aussi le château de Taurines, Calmont-d’Olt. Parmi les chantiers plus traditionnels, je citerai, bien sûr, la cathédrale de Rodez, car l’économie y a trouvé son compte. Quelque part, ça rassure de savoir que l’on n’est pas qu’un empêcheur de tourner en rond...

Et votre plus grand échec ?

Au bout de ces 34 ans, je crois entendre le bruit de quelques casseroles... C’est un établissement public qui s’est installé près d’un monument historique. Là, je pense que je n’ai pas fait preuve d’assez de fermeté, mais il y avait des emplois à la clé. Aujourd’hui, je me dis qu’il aurait fallu aller ailleurs. On peut citer aussi des cas de personnes qui ne peuvent pas répondre aux obligations. Il y a des tolérances parfois contraintes...

Des regrets ?

Dans les faubourgs et les campagnes, on répand du pavillonnaire et les centres se vident, se dégradent. Il faudrait mieux aider au maintien des centres-villes.

On ne connaît toujours pas le nom de votre successeur ?

Il n’est toujours pas désigné mais il y aura un successeur. En attendant sa nomination, mon collègue d’Albi assurera la continuité et fera en sorte que tout se passe bien.

Allez-vous profiter de la retraite pour prendre la plume et écrire un livre sur le patrimoine aveyronnais ?

Je vais d’abord consacrer un peu de temps à ma famille, à mes cinq enfants et à mes trois petits-enfants. Il y aussi quelques associations. Et puis, oui, je vais essayer de rédiger quelques notes sur des édifices aveyronnais assez méconnus. 

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