Estaing : les commerçants au bord de la crise de nerf

«C’est le Far West  !», ironise une habitante et commerçante de la rue François-d’Estaing. La rue principale et emblématique du bourg classé Plus Beau Village de France est sacrifiée sur l’autel de l’assainissement. Personne évidemment ne remet en cause la nécessité des travaux mais leur longueur dans le temps et leur impact financier à terme laissent plus que perplexes de nombreux Estagnols.

«Le chantier ne sera jamais fini à la mi-avril, regardez où cela en est alors qu’il doit aller jusqu’au foirail». Pour Myriam Lison, commerçante de la «Malle aux trésors», un accord oral lui avait dit que les travaux s’achevaient devant sa devanture mi-novembre. Un mois après, la pelle mécanique est toujours devant sa porte… «Je ne dégage aucun chiffre d’affaires, 95% de ma clientèle ne vient pas car elle pense que je suis fermée». Même son de cloche chez son époux et voisin commerçant d’en face, Franck, qui tient la coutellerie.

Morte saison 

Entre les vitrines aux rideaux baissées et celles inaccessibles, le tableau n’est guère reluisant. «Ces travaux n’en finissent plus de ne pas finir, entre études, nouvelles études, projets et changement d’entreprise», lâche un habitant. La réunion de présentation de l’opération Cœur de village qui s’est tenue mardi dernier - et dont les travaux doivent débuter à l’automne 2015 - fut l’occasion pour les commerçants d’énoncer (enfin) leurs inquiétudes et pour l’édile de rassurer la population. «Nous savons que les travaux mettent les commerçants dans une situation difficile, on le comprend, mais ces travaux sont obligatoires. Il y a aura d’autres phrases plus agréables pour la commune et le retard du chantier est rattrapé», assure Jean Pradalier. «Il faut bien les faire ces travaux et on est en saison morte», ajoute compréhensif un commerçant.

«Je vous invite à être persuasifs»

Entre lucidité et exaspération, le chantier fait grand bruit. Mis sur le tapis au début des années 2000, le temps commence à faire long et l’aménagement du Cœur de village en deux tranches (automne 2015 et début 2016) n’a pas fini d’irriter. Comme entendu aussi lors de la réunion de présentation: «Ce qui me gêne c’est la sécurité des piétons», dit une commerçante qui a vu son store cassé par le passage des véhicules. La solution idéale n’existe pas. Si, celle d’interdire les camions. Sur ce point, le maire a rappelé sa demande de déviation auprès du conseil général, toujours au point mort, tout en annonçant une hypothétique étude. «Elle va se faire». Et demandant aux Estagnols de faire savoir leur colère dans les plus hautes sphères. «Je vous invite à être persuasifs». Du stationnement à l’absence de trottoirs (mise en place de rampes et visuel différent au sol avec du dallage en gneiss), le débat s’est poursuivi et ce n’est pas fini…