Mercredi 7 h 15 : plus l'ombre d'un Charlie Hebdo à Rodez !

  • Mercredi 7 h 15 : plus l'ombre d'un Charlie Hebdo à Rodez !
    Mercredi 7 h 15 : plus l'ombre d'un Charlie Hebdo à Rodez ! AFP PASCAL GUYOT
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    Mercredi 7 h 15 : plus l'ombre d'un Charlie Hebdo à Rodez ! AFP
  • Du monde, beaucoup de monde, ce mercredi dès la première heure chez les détaillants ruthénois...
    Du monde, beaucoup de monde, ce mercredi dès la première heure chez les détaillants ruthénois... Pascal Laversenne
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Pascal Laversenne

Charlie Hebdo. Les dépositaires de presse ont été dévalisés dès l'ouverture ce matin. Même les gens qui avaient réservé n'ont pu être servis...

Le jour n’est pas encore levé. À Rodez, les gens marchent d’un pas pressé, et on se regarde du coin de l’œil.
Il faut dire que chez le diffuseur, avenue Victor-Hugo, la sentence est tombée : plus de Charlie !
Il n’est pourtant que 7 h 15, et le patron, dévalisé dès... 6 h 35, ne nous a laissé aucune chance : « J’en ai reçu une vingtaine et il y a longtemps que je n’en ai plus ! », claque-t-il.

Mais parce que l’espoir fait vivre, les déçus du matin se dirigent vers une autre cible : la Maison de la presse en cœur de ville. Pas pressé et regards inquiets donc : avenue Victor-Hugo, la réponse donnée au premier client a eu un effet immédiat sur l’ensemble de la file qui s'est retournée comme un seul homme. Plus de Charlie on vous dit...

Il est tôt, encore. Heureusement... On calcule le chemin le plus court, on presse le pas, encore. On croise bien des gens, beaucoup de gens, mais on n’ose imaginer qu’ils font la même démarche, celle qui les mènerait de la Maison de la presse jusqu'à l’avenue Victor-Hugo. Quand même...
Nous voilà arrivés au but, et la boutique est pleine. Parce que l’on n’est pas aussi matinal d’ordinaire, on se dit que c’est sans doute normal... Que nenni ! Sur le pas-de-porte, la déception se lit sur les visages des gens que l’on croise : pour Charlie, il faudra repasser.

« C’est de la folie ! », glisse-t-on un brin amer derrière le comptoir. Là aussi, on s’est fait sauter dessus. « Quand on est arrivé à 7 heures moins le quart, il y avait 40 personnes devant le magasin. »

Quelques secondes plus tard, la cinquantaine d’exemplaires réceptionnée ce matin s’est éparpillée dans la nature sans avoir même eu le temps d’user le présentoir. « Incroyable, d’autant que l’on a eu le malheur de prendre des réservations », explique-t-on.

Les déçus ont été nombreux, y compris parmi ceux qui avaient pris la peine de s’inscrire. On le sent, il y a eu de la tension, beaucoup de tension. « On s’est fait secouer !», glisse, dépité un vendeur, plus déçu par l’attitude de certains qu’autre chose... Encore sur la colère, il prend quelques clients à témoin : « Mais nous, on n’y est pour rien. On a voulu être commerçant en prenant les réservations, mais on n’a pas la maîtrise du nombre d’exemplaires que l’on va recevoir. Il y en aura demain, après-demain, peut-être samedi. Mais les gens le voulaient aujourd'hui. »

« Des années que je vends deux Charlie par semaine »

Encore sous le coup de cette razzia matinale inédite, il lâche : « L’unité nationale, c’était donc juste dimanche ! Cela fait des années que je vends deux Charlie par semaine, et aujourd’hui, tout le monde veut le sien... »

Les clients continuent d'entrer, sautent sur les présentoirs, écoutent la conversation et ressortent, déçus, encore et toujours, avant de mettre le cap sur une nouvelle destination. Avenue Victor-Hugo, peut-être : à cinq minutes près, on se croisait. Et on se regardait en coin...

Pas de panique. Le détaillant de presse du boulevard d’Estourmel : peut-être que les gens n’y auront pas pensé... Le pas pressé et les regards croisés : devant déjà, il y a un monde fou. Dedans, l’espoir n’est même plus permis. Il y a bien quelques fumeurs venus faire le plein et quelques gamins en train de s’approvisionner en « bombecs ». Mais on sait pourquoi le gros des troupes est là.

Le couperet tombe illico : « Charlie ? Plus l’ombre d’un. Depuis le comptoir, on nous montre la liste de réservations : « On en a reçu 40, et on avait 70 réservations ». Là encore, une trentaine de personnes à l’heure de l’ouverture. Une razzia, du jamais vu. « Incroyable ! »

« La dernière fois où on a été en rupture, c’est lorsque le siège du journal avait pris feu... Mais ce n’était pas comparable avec aujourd’hui. » Les clients affluent, encore et toujours. Ceux-là aussi vont bientôt ressortir, pour sauter d’une rue à l’autre, d’un diffuseur à l’autre. Il est 7 h 45. Il n’y a plus de Charlie Hebdo à Rodez même si, dans les rues, on trouve encore quelques regards en coin...
Sinon, partout, il restait encore quelques Centre Presse.

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