La dette cumulée plombe l’avenir de l’hôpital de Bourran

  • Le directeur de l’hôpital de Rodez Frédéric Bonnet.
    Le directeur de l’hôpital de Rodez Frédéric Bonnet. José A. Torres
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Ph.H.

Santé. En 2013, la dette totale de l’établissement était de 95 millions d'euros, pour un budget de 141 millions d'euros. Entre 2005 et 2007, pour le nouveau site de Bourran, près de 84 millions d'euros ont été empruntés.

Coincé entre les exigences de l’Agence régionale de santé (ARS) et les craintes des salariés, la marge de manœuvre financière du directeur de l’hôpital de Rodez est plus qu’étroite. L’ARS somme en effet Frédéric Bonnet d’établir un plan de retour à l’équilibre qui doit permettre de dégager, sur plusieurs années, a minima 6 millions d'euros. Le directeur estime cet effort nécessaire pour retrouver une capacité d’investissement. Un effort colossal quand on sait que la dette de l’établissement Jacques-Puel avoisine déjà les 95 millions d'euros (elle était de 100,87 millions d'euros en 2008), pour un budget de fonctionnement global de 141 millions d'euros. Sur l’exercice 2013, le déficit de l’hôpital était de 1,5 million d'euros«Le ratio est désastreux», concède Frédéric Bonnet. D’autant que la dette limite fortement «les investissements et le renouvellement du matériel médical». Toujours en 2013, l’établissement a dû faire face à un trou de 2,5 millions d'euros, conséquences des frais des missions secondaires de l’hélicoptère du Smur, qui n’ont pas été remboursés par les établissements demandeurs. Un dysfonctionnement qui plombe l’hôpital depuis 2011. Pour ne rien arranger, la direction de Jacques-Puel tablait sur une augmentation de son activité de 2,8% en 2013, après la fusion avec la clinique Saint-Louis. Mais, au contraire, l’activité a chuté de 2% en 2013, pour un manque à gagner d’environ 2 millions d'euros.

Emprunts «toxiques»

Mais c’est bel et bien la dette qui suscite l’inquiétude. Entre 2005 et 2007 l’établissement a contracté près de 84 millions d'euros d’emprunts auprès de huit organismes. La dette a explosé au moment où les travaux du nouvel hôpital de Bourran étaient engagés, bondissant de 28 millions d'euros à plus de 102 millions d'euros. Pour ne rien arranger, deux emprunts dits «toxiques» de 18 millions d'euros et de 6 millions d'euros ont été signés auprès de la banque franco-belge Dexia. Un autre emprunt du même type a été contracté en 2006 pour un montant de 24 millions d'euros. Leur taux d’intérêt-douze mois après la signature du contrat-est indexé au cours de change entre le dollar et le yen, la monnaie japonaise. Les hôpitaux de Decazeville et de Villefranche-de-Rouergue ont souscrit-dans une proportion moindre-à ce type de produit financier. «Nous prenons un très gros risque avec ces emprunts», avoue sans détour Frédéric Bonnet. Mais pour renégocier les conditions de ces prêts, les souscripteurs doivent payer là encore à prix fort. Le directeur de l’hôpital de Rodez évoque la somme de 2 millions d'euros. En concertation avec «le conseil de surveillance de l’établissement et l’ARS, le choix a été fait de maintenir en l’état ces emprunts, le taux d’intérêt étant particulièrement intéressant. Et puis, il fallait continuer d’investir.» Sauf que l’établissement est à la merci d’un retournement de tendance.

Réorganisation

Pour tenter d’améliorer la situation financière, Frédéric Bonnet compte notamment sur la réorganisation de plusieurs services. Par exemple, l’unité de soins intensifs neuro-vasculaire-qui traite les cas d’AVC-reçoit «à peine la moitié des patients du département par manque de places». En doublant la capacité d’accueil, le directeur de l’hôpital espère en accueillir «au moins 75%»]. D’autres leviers sont encore possibles pour limiter le déficit: la suppression d’une quarantaine d’emplois ayant déjà été évoquée (voir aussi notre édition du mercredi 21 janvier) pour diminuer la masse salariale. Malgré toutes ces incertitudes, «l’hôpital, dans l’immédiat, n’est pas en danger», martèle Frédéric Bonnet pour rassurer les salariés. 

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