Sivens: les pro-barrage mettent la pression sur les zadistes

  • Des opposants au projet de barrage de Sivens le 2 mars 2015 à Lisle-sur-Tarn
    Des opposants au projet de barrage de Sivens le 2 mars 2015 à Lisle-sur-Tarn AFP - Pascal Pavani
  • Présentation du projet de barrage de Sivens, carte, coût et dates clés
    Présentation du projet de barrage de Sivens, carte, coût et dates clés AFP - S.Ramis/A-C.Huet
  • Des agriculteurs rassemblés devant un des accès du site du projet de barrage controversé de Sivens à Lisle-sur-Tarn, dans le Tarn, le 2 mars 2015
    Des agriculteurs rassemblés devant un des accès du site du projet de barrage controversé de Sivens à Lisle-sur-Tarn, dans le Tarn, le 2 mars 2015 AFP - Pascal Pavani
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Centre Presse Aveyron

Les agriculteurs favorables au projet de retenue d'eau de Sivens (Tarn) ont accentué lundi le blocus du site occupé par les zadistes, à cinq jours de l'examen par le Conseil général du Tarn des alternatives au projet initial enterré.

"Il y a un sentiment d'exaspération, nous voulons mettre la pression sur l’État pour qu'il dégage le site et mette fin à cette zone de non-droit", a martelé sur place Roland Legrand, président des Jeunes agriculteurs du Tarn.

Une centaine d'agriculteurs de ce département et du Tarn-et-Garonne voisin, épaulés par les adhérents de la FDSEA de l'Aveyron, ont effectué lundi le blocage des deux accès du site et se relayeront "toute la semaine", a-t-il promis.

Les agriculteurs, souvent bottés et en cirés de chasseurs, ont passé la journée autour d'auvents où il ont pu se restaurer à l'abri d'une bruine persistante.

Selon le lieutenant-colonel Renier, commandant du groupement de gendarmerie du Tarn, "la tension est un peu montée dans l'après-midi: des agriculteurs ont tenté de rentrer dans la forêt".

Un important dispositif de gendarmerie s'est assuré que les deux camps restent séparés de plusieurs centaines de mètres, après un week- end qui avait vu quelques coups de poing voler autour d'une barricade démontée et remontée plusieurs fois.

Le lieutenant-colonel Renier a annoncé l'arrivée de renforts et précisé que les gendarmes "devraient être 300 autour du site" mardi.

Les zadistes, eux, s'estiment "victimes de séquestration". Une dizaine, vêtus de survêtements et portant capuche, s'étaient postés dans la matinée derrière une barricade improvisée de branchages et de grillage sur une départementale bordée de terrains boueux. En fin de journée, on comptait trois de ces barricades, l'une portant une banderole "révolution en marche !" mais désertée de tout défenseur.

C'est tout près que le jeune écologiste Rémi Fraisse est mort des suites du jet par les gendarmes d'une grenade offensive, le 26 octobre dernier.

Les zadistes appellent à un rassemblement mercredi dans la ville de Gaillac, principale ville de la zone à une vingtaine de kilomètres de là, en vue "d'un convoi alimentaire" vers la Zad.

Ils comptent aussi manifester vendredi à Albi devant le Conseil général du Tarn, qui doit arbitrer entre deux solutions privilégiées par les experts - une version allégée du barrage, située 330 m en amont, ou trois retenues latérales plus petites.

Pro-barrage et zadistes campent sur leur position: les premiers réclament l'évacuation immédiate des occupants du site - conformément à des décisions de justice prises en février - et les militants écologistes ont affirmé à la presse qu'ils "ne partiraient pas avant l'abandon total du projet".

- Une question de société -

"C'est un sujet de société avant d'être un sujet agricole", a indiqué à l'AFP le président de la FDSEA de l'Aveyron Dominique Faye, présent sur le site. "On n'en peut plus de voir ces anti-tout bloquer tous les projets", a-t-il ajouté.

Depuis que le projet initial a été écarté le 16 janvier par la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, aucune des alternatives proposées ne satisfait les deux parties.

"Les deux scénarios alternatifs proposés restent inacceptables", jugent sur leur site internet les zadistes du collectif "Tant qu'il y aura des bouilles" (collectif zadiste).

Pour eux, "ces deux projets surévaluent les besoins en eau, continuent de servir les intérêts des pouvoirs locaux et restent dans une logique de destruction".

Les agriculteurs pro-barrage estiment à l'inverse que "rien n'est exclu vendredi, le projet initial étant simplement suspendu" depuis la mort de Rémi Fraisse, en dépit des déclarations de Mme Royal de la mi-janvier.

Pierre Vincens, un agriculteur voisin venu soutenir les pro-barrage, estime "indispensable de construire un barrage sur le site initial pour faire vivre 80 petites exploitations".

Mme Royal avait indiqué que l'expulsion des opposants au projet n'interviendrait pas avant que le Conseil général décide du devenir du projet de retenue d'eau.

Source : AFP

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