Les Forges de Modulance, la matière au service du spirituel

  • Patrice Graffand est minutieux dans la fabrication comme il est attentif aux autres.
    Patrice Graffand est minutieux dans la fabrication comme il est attentif aux autres. OC
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Olivier Courtil

Artisanat. Patrice Graffand fabrique entièrement couteaux et étuis dans son atelier de Rieupeyroux. Des modèles uniques, avec à la clef, le savoir-faire et la saveur du relationnel.

«C’est en forgeant qu’on devient forgeron», dit le proverbe. Patrice Graffand, autodidacte et empreint d’humilité, ne se considère ainsi pas comme un forgeron, un métier à part entière. Mais il conçoit de A à Z toutes les étapes de fabrication du couteau ainsi que l’étui comme on apprécie l’ivresse de l’élixir et la beauté du flacon. Formation en métallurgie à Nice, informaticien, constructeur dans le bois, Patrice est un touche-à-tout ou plutôt un être qui s’intéresse à tout, un homme aux mille vies revenu sur les terres de ses ancêtres à Rieupeyroux, tapant sur l’enclume de son grand-père, ferronnier d’art.

L'amour de la matière et de l’humain

«J’ai toujours aimé le couteau, c’est pour moi le premier outil». Le premier outil de la vie. Celui qui aide à nourrir, à se défendre car la vie c’est la guerre aussi. Ayant fait ses armes de l’existence au gré de ses expériences et en gagnant sur la confiance, Patrice s’est donc lancé dans son premier amour et ouvert «Les Forges de Modulance». Un clin d’œil historique à Ischafrède Modulance, seigneur Rieupeyrousain du Moyen âge. Car toute création a son explication. Du moins, il en cherche à chaque fois sa quête par souci du détail et raison d’être. Celle de ses couteaux n’échappe pas à cette règle. «J’aime le travail de la matière et l’humain. Je fais un beau couteau pour quelqu’un, préférant faire du sur-mesure en prenant le temps d’échanger».

Mimétisme

Prendre son temps pour comprendre au mieux l’Homme afin de coller à sa demande comme on façonne une pierre brute pour tendre vers le Beau, la vérité souhaitée par la personne. Le couteau n’est alors plus une arme mais symboliquement, comme il est de coutume en échangeant un couteau pour une pièce, un troc matériel et spirituel. Et ça marche. «Le carnet de commandes s’allonge. Les gens sont pointus dans leur demande et ça me correspond».

Pour cela, Patrice Graffand œuvre gravant sa technique «par mimétisme», toujours avec le souci de la vérification, en côtoyant des artisans reconnus comme des meilleurs ouvriers de France, non loin de chez lui à Sauveterre, et en prenant le temps de la rencontre. S’imprégner du cœur de l’âme humaine permet de la faire ressortir sur la lame même du couteau.

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