Château du Bosc : dans l’intimité de Toulouse-Lautrec

Loin des images associées à Toulouse-Lautrec, des maisons closes au Moulin Rouge, le château du Bosc offre un tout autre regard sur le peintre de renommée mondiale. Depuis la RN88, un panneau indique trop sobrement «Château du Bosc», sans autre mention, ce qui peut faire perdre au touriste qui sillonne les routes de l’Aveyron une occasion en or de découvrir les lieux où celui que l’on surnomme «l’âme de Montmartre» a passé une grande partie de son enfance. Si l’on s’aventure sur la route qui mène au château, les panneaux se font plus précis, affichant: «Château du Bosc, enfance de Toulouse-Lautrec».

Nous y voilà. Ce château est donc un château très spécial, puisqu’il est intimement lié au peintre natif d’Albi ! Après avoir franchi la grille d’un autre temps, foulé le gravier blanc de l’allée, le visiteur découvre une demeure bien entretenue au milieu d’un jardin où rien ne dépasse. Avec un peu de chance, on est accueilli par Nicole Tapié de Céleyran, qui n’est autre que la petite-nièce du peintre, (du côté de sa mère).

Une fréquentation en berne

Elle déplore une baisse de la fréquentation du château ces derniers temps.  «En 1992, une année exceptionnelle, on a frôlé les 10 000 visiteurs. On en a désormais entre 3000 et 5000 par an», regrette-t-elle. «Il y a une crise ! On n’a pas reçu un seul groupe en mai, alors que d’habitude, à cette époque, on manque de jeunes guides car ils sont pris par les examens ! Pourtant, on s’adapte, on fait des visites à la carte, tous les jours, toute l’année, pour tous les publics ! Et Jeanne, guide au château, d’ajouter: «On a même des documents en japonais!».

La sémillante nonagénaire vient de fêter ses 90 ans «une grande fiesta», se plaît-elle à raconter. Et la descendante de Toulouse-Lautrec ne tarit pas d’éloge sur son illustre ancêtre, ni d’anecdotes croustillantes sur sa famille, une tribu excentrique en avance sur son temps. Aidée de jeunes gens des environs de Camjac qui se font les ambassadeurs des lieux, Nicole Tapié de Céleyran se fait «un devoir d’entretenir la mémoire» de Toulouse-Lautrec et le château de son enfance.

Art, histoire, et émotions

Partout, au fil des salles, l’amateur de peinture retrouve des traces de l’éveil artistique du maître, comme ses premiers dessins ou encore ce jeu intitulé «Moulin Rouge» (prémonitoire!). Partout, le féru d’histoire se repaît de la quantité d’objets d’autrefois, comme cette chaise à porteur d’intérieur: «Eh oui, les nobles aimaient être portés même chez eux, d’où les larges escaliers !», s’amuse Jeanne. À moins qu’elle n’ait servi à transporter le peintre, handicapé. Souvent, l’on s’émeut, comme devant la robe de la nourrice chérie du jeune Henri. Ou cette lettre écrite par son père à sa mère après le décès de leur fils en 1901. De quoi faire venir les larmes aux yeux des plus sensibles. Même si le prix d’entrée (8) demande un petit effort financier, il serait dommage, de passage en Ségala, de se priver de ce voyage dans le temps et de toutes ces émotions, artistiques et historiques.

Visites tous les jours, toute l’année, de 10 heures à 19 heures. Tarifs: 8€ , gratuit pour les moins de 7 ans, 4 pour les moins de 12 ans. Renseignements: 0565692083