Théâtre : de Rodez à la cour d’honneur du palais des Papes

  • Thomas Pouget. Thomas Pouget.
    Thomas Pouget. Repro CP
  • Lundi dernier, Thomas Pouget a joué la dernière du Roi Lear d'Olivier Py.
    Lundi dernier, Thomas Pouget a joué la dernière du Roi Lear d'Olivier Py. AFP ANNE-CHRISTINE POUJOULAT
  • Damien Gabriac. Damien Gabriac.
    Damien Gabriac. Philippe Routhe
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Philippe Routhe

Des planches de la MJC de Rodez à la majestueuse cour du palais des Papes d’Avignon, ou l’itinéraire de deux acteurs qui ont connu les honneurs de l’ouverture du festival de Jean Vilar.

Des planches de la MJC de Rodez à la majestueuse cour du palais des Papes d’Avignon, ou l’itinéraire de deux acteurs qui ont connu les honneurs de l’ouverture du festival de Jean Vilar. En 2014, Damien Gabriac a joué dans Henri VI et ses 18 heures de scène. Lundi dernier, Thomas Pouget a joué la dernière du Roi Lear d'Olivier Py, après une semaine en haut de l’affiche. Tous deux ne se connaissent pas, mais ils ont notamment en commun d’avoir croisé sur leur chemin l’enthousiasme d’Olivier Royer.

Ce dernier garde des souvenirs bien précis de ces deux jeunes artistes. À l’heure ou le Conservatoire à rayonnement départemental planche sur une spécialité théâtre qui verra le jour en 2017, ces deux acteurs montrent que le département, s’il en doutait, peut très bien jouer une belle pièce.

Et a déjà de beaux et bons ambassadeurs. De plus, la liste de ceux qui ont réussi dans le théâtre en passant par l’Aveyron n’est pas exhaustive. On pourrait y rajouter Lise Quet, actrice professionnelle basée à Paris, Jérémie Fabre, a la tête notamment de la compagnie Habaquq, basée en Normandie, et d’autres encore... En attendant, rencontre avec deux jeunes qui brûlent véritablement les planches aujourd’hui. 

Thomas Pouget : «Jouer dans la cour d’honneur, c’est inespéré !» 

Thomas Pouget.
Thomas Pouget. Repro CP

Thomas Pouget revient tout juste des ovations qui ont résonné dans la cour du palais des Papes d’Avignon. « Un sacré moment. C’était gigantesque ! » Pour ce fils d’agriculteurs installés à Chanac, en Lozère, « c’est une étape qui vient d’être franchie. À 24 ans, jouer dans la cour d’honneur, c’est inespéré ! » C’est en Lozère, en écoutant sa grand-mère lui apprendre des poésies, que l’envie de théâtre a pris corps. «C’était des moments tellement agréables. Là, je me suis dit que je ferai du théâtre».

Au collège, puis au lycée, il n’échappe pas au club théâtre. Quand il débarque à Rodez, au lycée Monteil, pour redoubler son année de première, sa première préoccupation est... faire du théâtre. C’est à ce moment qu’il croise la route d’Olivier Royer. «Il m’a auditionné sur un monologue d’Harpagon, et m’a enrôlé à la MJC de Rodez». «Pédagogue, Olivier m’a aussi beaucoup accompagné. Il m’a tendu la main et je n’oublierai pas» confie le jeune acteur de 24 ans. «C’est un fédérateur. Il s’est battu pour arriver à ses fins. Il me parlait beaucoup de ses envies. Thomas a une super présence sur scène, c’est un très bon en improvisation. J’ai également le souvenir de quelqu’un de très fédérateur, qui animait le groupe», raconte le prof de théâtre.

Après Rodez, études et théâtre ont d’abord mené Thomas Pouget au conservatoire à rayonnement départemental du Puy-en-Velay, puis à Besançon et enfin à Avignon, en 2012. Là, il croise la route du metteur en scène et futur directeur du festival d’Avignon Olivier Py. «Après un stage, il m’a pris pour la pièce “Orlando ou l’impatience”, puis pour être son assistant metteur en scène.» Le même scénario s’est répété pour «Le Roi Lear ». Actuellement, Thomas Pouget crée sa compagnie «La joie errante», assure des lectures, donne des conférences et des cours à Avignon, se prépare à jouer «François Ier» en Indre-et-Loire et à effectuer une tournée avec «Le Roi Lear» qui passera notamment par Toulouse et Taiwan. «Jusqu’au printemps prochain, j’ai pas mal de travail», se réjouit-il. «Ce qui me laisse peu de temps pour voir mes parents à Chanac ou ma tante à Cassagne-Bégonhès. Mais dès que je peux, j’y vais ! »

 

Damien Gabriac : «J’y suis allé un peu comme ça» 

Damien Gabriac.
Damien Gabriac. Philippe Routhe

Damien Gabriac est originaire de Bozouls et a découvert le théâtre en cinquième, au collège d’Onet-le-Château, dans des ateliers animés par Olivier Royer. «J’y suis allé un peu comme ça» confie-t-il. «À vrai dire, je n’avais pas spécialement envie de faire du théâtre». Mais à chaque rentrée scolaire, il a remis le couvert. Résultat : sept ans de théâtre, trois heures par semaine, soit à la MJC d’Onet-le-Château, soit à la MJC de Rodez. Et l’envie d’en faire son métier. «Très vite, chez lui, j’ai vu une présence, surtout dans la voix. Avec un sens de la folie, de la mise en scène. Comme Thomas, il n’avait peur de rien» raconte Olivier Royer. En terminale, un drôle de concours de circonstance s’est présenté à lui.

«L’année du bac, je cherche des écoles de théâtre. Je suis de la fin de l’année, et aucune école ne prend avant 18 ans. Moi j’en ai 17. Sauf le théâtre national de Bretagne. Je suis allé passer le concours...» Et il a été reçu. C’était en 2003. Il a alors enchaîné trois années de théâtre sous la houlette de Stanislas Nordey. «Nous étions un groupe de quinze et l’on enchaînait des stages des 6 ou 7 semaines ». Damien Gabriac y a petit à petit fait son nid. Il réside toujours à Rennes, depuis. Passionné d’histoire, il se retrouve avec le metteur en scène Thomas Jolly dans la pièce Henri VI qui dure... 18 heures et qui ouvrit le festival d’Avignon 2014. « Je jouais 11 heures sur les 18, enchaînant plusieurs personnages... C’était du sport », sourit l’acteur.

La pièce a tout récemment été diffusée sur France télévisions. Actuellement, il prépare la suite, avec Richard III, une pièce de 4 heures, toujours mise en scène par Thomas Jolly. «En fait, je suis assez fidèle avec les metteurs en scène. J’écris aussi moi-même quelques pièces. Là, je planche sur ce qu’il s’est passé avant Thyeste, de Sénèque. » De même qu’il planche sur une version raccourcie de Richard III, intitulée R3 mètre cube. À 29 ans, Damien Gabriac vit pleinement de sa passion née sur les planches de Rodez. Une période de laquelle il garde en mémoire «ces quelques tournées que l’on allait faire à Millau ou à La Menuiserie à Rodez, et l’enthousiasme d’Olivier Royer qui donnait envie de jouer. » Et ça dure...

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