Distributeurs de billets hors-service : mairies et banques dos à dos

  • L’obligation légale de renforcer la sécurité des distributeurs automatiques, déjà peu rentables en Aveyron, fait monter la facture pour les banques.
    L’obligation légale de renforcer la sécurité des distributeurs automatiques, déjà peu rentables en Aveyron, fait monter la facture pour les banques. Repro CP
  • La maire Christiane Marfin devant le distributeur non pas hors service pour ne pas inquiéter les touristes mais bien fermé par La Poste sans explication.
    La maire Christiane Marfin devant le distributeur non pas hors service pour ne pas inquiéter les touristes mais bien fermé par La Poste sans explication. OC
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Lola Cros

Décryptage. Contraintes à une coûteuse sécurisation, plusieurs communes pourraient voir leur distributeur bancaire disparaître, faute de moyens. Et les banques, elles, n’entendent pas payer pour des machines non-rentables.

Pour être rentable, un distributeur automatique de billets (Dab) doit dépasser la barre des 5250 opérations par mois. En Aveyron, la moyenne atteint difficilement les 1100 retraits d’argent mensuels. Alors, quand deux décrets -datés de 2012 et 2014- exigent le renforcement de la sécurité de ces Dab, on ne se bouscule pas au portillon pour payer la mise aux normes de sécurité.

Au 1er juillet dernier, l’État exigeait, entre autres, la construction d’un mur en béton autour du distributeur, lié du sol au plafond dans un espace de 6 m², une porte blindée, un emplacement dédié aux transporteurs de fond, ainsi qu’un sas d’entrée. Pour un coût total estimé entre 70 000 et 90 000€ 

«Impossible à sortir immédiatement», répond du tac au tac Christiane Marfin, maire de Saint-Chély-d’Aubrac. Même problématique à Cransac où le Crédit Agricole demande à la municipalité d’assumer la moitié des travaux de sécurisation, soit 43 000€ pour maintenir son Dab.

Pas rentables

En tout, une quinzaine de distributeurs est concernée par cette mise aux normes dans le département. Autant de machines mises «hors service» en pleine saison touristique, en attendant un accord de financement. «Nous sommes en pleine négociation. Il n’est pas question de suppression de ces Dab pour l’heure mais de suspension, glisse-t-on du côté de la Banque Postale. Compte tenu des récents événements à Conques et Laissac (où deux distributeurs ont été braqués, les 5 juin et 7 juillet derniers), nous prenons toutes nos précautions. Mais au vu de la faible activité de ces distributeurs ruraux -aucun n’est rentable en Aveyron-, les opérateurs ne veulent pas financer ces travaux.»

Aussi, le Crédit Agricole met en cause la baisse récente des commissions perçues sur les retraits des clients de la concurrence. «Déjà ces distributeurs, qui profitent autant aux clients du Crédit qu’aux autres, génèrent pour nous du déficit, mais au nom de nos valeurs rurales, nous acceptons de les maintenir, répond François Bosc, chargé de la communication. Mais nous ne pouvons pas, en plus de ce déficit, payer les travaux.»

En 2015, installer un Dab coûte «environ 100 000€», financés par la municipalité, le conseil départemental et l’opérateur concerné en contrepartie d’obligation de résultats. «Le débat tourne maintenant autour de trois questions, continue-t-on à la Poste. Où est-ce qu’on retire des Dab ? Où on redéploie? Où on laisse?» Seul espoir qui pointe à l’horizon: voir abonder le conseil départemental pour sauver ses distributeurs ruraux. 

La maire Christiane Marfin devant le distributeur non pas hors service pour ne pas inquiéter les touristes mais bien fermé par La Poste sans explication.
La maire Christiane Marfin devant le distributeur non pas hors service pour ne pas inquiéter les touristes mais bien fermé par La Poste sans explication. OC

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