Dominique Barrau : «Aux politiques d’agir maintenant»

  • Deux des trois tracteurs «aveyronnais» qui manifesteront jeudi à Paris ont été chargés sur des semi-remorques chez Valérie et Sébastien Imbert, de la ferme de La Valette à Saint-Santin.
    Deux des trois tracteurs «aveyronnais» qui manifesteront jeudi à Paris ont été chargés sur des semi-remorques chez Valérie et Sébastien Imbert, de la ferme de La Valette à Saint-Santin. CP
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PH.R.

Agriculture. Ce jeudi, un millier de tracteurs débouleront dans Paris, dans le cadre d’une manifestation organisée le jour où le gouvernement doit annoncer de nouvelles mesures. Le secrétaire national de la FNSEA et éleveur à Luc en dresse les enjeux.

La mobilisation de ce jeudi s’annonce importante...

Elle fait suite à un été de très forte mobilisation. Nous avons comptabilisé entre 500 et 600 actions dans le courant du dernier trimestre. La demande est venue du terrain: il faut interpeller les «politiques» à Paris.

Que ce soit sur la traçabilité, le manger français, l’engagement sur les prix. Et l’on porte également deux revendications: que le plan d’urgence soit revu et que le pays arrête de nous pondre de nouvelles normes en permanence. Tout ceci n’est plus durable. C’est pourquoi nous menons cette opération de 1000 tracteurs jeudi.

Vous attendez également beaucoup d’agriculteurs ?

On n’a pas fait un appel au nombre. Ce n’est pas un défilé, ni une parade parisienne. C’est une manifestation syndicale.

Pensez-vous réellement que cela va changer quelque chose, au regard notamment de toutes ces mobilisations de l’été qui peinent à porter leurs fruits ?

Notre manifestation a pour cible l’Assemblée nationale. Avant, il y aura une opération escargot jusqu’à la porte de Vincennes. Mais dès 9 heures, des agriculteurs et des tracteurs seront chez le président de l’Assemblée nationale. En clair, cela signifie que c’est au politique d’agir maintenant.

En matière de normes, la France charge plus que les autres, sanctionne plus que les autres, les opérateurs pensent plus à leurs marges comme s’ils anticipaient une crise. Cela ne peut pas continuer.

On ne peut pas laisser l’agriculture comme ça, avec quatre cent mille ou cinq cent mille agriculteurs, seulement quatre ou cinq centrales d’achats et pas de régulation publique. Sur le prix du cochon, on sait que cela ne durera pas qu’avec la pression syndicale. Sur le prix du lait, Sodiaal joue le jeu mais les autres traînent des pieds. Sur la viande, idem, cela ne peut plus durer. C’est aux «politiques» d’agir.

Il se murmurait que Stéphane Le Foll pourrait succéder à François Rebsamen au ministère du travail, ce n’est finalement pas le cas. Aurait-il été selon vous judicieux de «l’exfiltrer» de l’agriculture ?

Stéphane Le Foll est plus le ministre de l’agroécologie que de l’agroéconomie. Par exemple, il nous maintient qu’il y a moins de distorsion entre la France et l’Allemagne que ce que prétend la FNSEA, mais les chiffres sont têtus. Le ministre de l’Agriculture n’a pas travaillé à la structuration qui permette de sécuriser quelque peu les producteurs.

Lorsqu’il y a eu l’annonce de la fin des quotas, des députés ont évoqué une possible crise, mais c’est à eux de faire ce qu’il faut pour l’éviter ! Là, on demande à ce que les politiques légifèrent sur la possibilité de réaliser des contrats tripartites, c’est eux qui peuvent changer la loi... Les politiques doivent aussi porter nos revendications à Bruxelles. On veut par exemple qu’un produit aveyronnais ou français ne soit fabriqué qu’avec des produits issus de l’Aveyron ou du pays. Pas comme Cochonou, produit bien franchouillard, fabriqué avec des produits espagnols.

C’est aussi ce que vous revendiquerez le 7 septembre, lors de la manifestation prévue au siège de l’Union européenne.

Entre autres. Ce que l’on veut avant tout, c’est de l’harmonisation. Je le répète: de l’harmonisation. On nous dit que c’est difficile: eh bien c’est justement la raison pour laquelle il faut s’en occuper dès à présent !

On entend bien que vous souhaitez une autre approche de l’agriculture, un changement de mentalité. Mais sentez-vous les «politiques» prêts à vous entendre ?

Tout récemment, lors d’une réunion avec le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Agriculture, on a senti un Manuel Valls très attentif à nos difficultés. Pour nous c’est capital. Dès lors, on sera très attentif aux propositions qui seront faites ce jeudi. Et la présence de tracteurs provenant de Bretagne, de Rhône-Alpes, de Loire, de l’Aveyron incite à penser qu’ils répondront aux questions que l’on pose. 

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