Traitement des déchets : un nouveau projet pour l'Aveyron

  • La maquette de l’usine Solena, au stade de projet. L’emprise au sol du bâtiment et de ses accès porte sur une surface de 5<TH>hectares. Mais l’emprise foncière se doit d’être plus importante (50 ha) pour accueillir à hauteur d’un hectare par an le stockage des «<TH>refus<TH>», déchets enfouis non valorisables.
    La maquette de l’usine Solena, au stade de projet. L’emprise au sol du bâtiment et de ses accès porte sur une surface de 5hectares. Mais l’emprise foncière se doit d’être plus importante (50 ha) pour accueillir à hauteur d’un hectare par an le stockage des «refus», déchets enfouis non valorisables. ]Solena/Repro CP
  • Le projet présenté hier par les responsables de Solena.
    Le projet présenté hier par les responsables de Solena. CP
  • En Allemagne quatre poubelles sont présentes dans toutes les habitations.
    En Allemagne quatre poubelles sont présentes dans toutes les habitations.
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Centre Presse Aveyron

Environnement. À travers sa nouvelle filiale, l’entreprise Sévigné propose une solution adaptée selon elle à l’Aveyron et opérationnelle dans trois ans. Reste à convaincre et trouver un site d’implantation.

Majeur et urgent, le problème du traitement des déchets cherche en Aveyron une solution de proximité. Et durable qui plus est. Sans attendre la fermeture, fin mai 2010, du centre d’enfouissement du Burgas, près de Sainte-Radegonde, et la disparition des décharges à ciel ouvert au gré des réglementations environnementales, le département s’est mis il y a longtemps autour de la table de la réflexion, dressée par le Syndicat départemental des ordures ménagères (Sydom), sans jamais depuis avoir pu la quitter. Le transfert dans le Tarn, sur le site de la société Trifyl, de 580 00 tonnes d’ordures ménagères résiduelles (OMR) aveyronnaises chaque année ne pouvait être qu’une solution temporaire, le coût quotidien de ce transfert et l’obligation faite aux départements de traiter leurs propres déchets imposant la mise en œuvre d’une réponse spécifiquement aveyronnaise.

Laquelle n’a toujours pas vu le jour, freinée tant par les traditionnelles levées de boucliers des défenseurs de l’espace naturel, des riverains qui craignent le voisinage d’une usine malodorante alimentée par un cortège de camions, que par l’absence d’un projet industriel clair répondant à la nécessaire valorisation des déchets. Sur ce dernier point, il semblerait que l’entreprise de travaux publics Sévigné, qui vient de créer à cet effet sa filiale Solena, avance la solution idoine. Beaucoup de rumeurs ont couru sur les intentions de cet opérateur millavois, voilà ce dernier prêt désormais à jouer la transparence avec un projet dûment ficelé. Reste à savoir, si l’appel d’offres du Sydom lui est favorable, où l’implanter. «Nous ne passerons jamais en force», préviennent les dirigeants de Solena qui, forts de la pertinence qu’ils accordent à leur dossier, renvoient la balle vers les élus et les citoyens. Un premier pas est donc fait, pour autant, le chemin doit désormais mener à la gare d’arrivée. Et cela avant moins de cinq ans. 

  • Où ? «Pour implanter le projet, il faut l’accord de tous» 

Pierre angulaire du projet: son site d’implantation. Car jusqu’à présent, au gré des rumeurs, l’hypothèse de création d’une usine ici ou là n’a suscité au mieux que de la méfiance, au pire un refus des populations. Salles-Curan ? Le maire, Maurice Combettes, y serait favorable. «Mais nous n’avons rien de concret à ce jour dans cette commune», balayent les porteurs du projet. Solena est bien, en revanche, propriétaire de 50 hectares entre Viarouge et Ségur (lire notre édition du 28 août 2014), soit la surface idéale pour l’usine et sa zone de protection incluant l’enfouissement des déchets non valorisables. 

«On ne peut pas dire que l’on va l’implanter là, mesurent les dirigeants de Solena. On peut très bien en faire tout autre chose, une réserve foncière ou écologique... De toute façon, le site ne sera choisi que s’il répond aux critères techniques et surtout si les élus et la population locale l’acceptent. Il nous faut l’accord de tous, loin de nous l’idée de passer en force.» Le porteur de projet veut graver dans le marbre sa volonté de dialogue et de transparence. «On propose une solution, on pense qu’elle est vertueuse. Après, on n’est pas obtus... Ce que nous lançons aujourd’hui, au-delà du projet, c’est un appel aux citoyens, aux élus. Ce serait dommage que l’Aveyron ne s’empare pas du sujet.»

  • Qui ? Un opérateur millavois

Parce qu’elle se préoccupe depuis de nombreuses années de réduire les impacts environnements de ses activités (carrières et centrale d’enrobé notamment), l’entreprise millavoise Sévigné, bien connue dans le secteur des travaux publics, a développé une activité spécifiques aux enjeux environnementaux. Solena (Solutions environnementales en Aveyron) vient de naître autour, pour l’heure, de ce projet d’usine de traitement et de valorisation des déchets ménagers, d’une capacité de 60000 tonnes traités par an dont 50 à 60% valorisés. «Ce projet se veut à la mesure du département. Il devra être multiple, évolutif, vertueux et en accord avec les contraintes économiques de la collectivité», préviennent Stéphane Foury, Éric Bertrand et Vincent Gache, en charge notamment du projet chez Solena, aux côtés de Marc Sévigné. En tout, ce sont cinq personnes qui travaillent sur le projet.

Le projet présenté hier par les responsables de Solena.
Le projet présenté hier par les responsables de Solena. CP

  • Quand ? Quel calendrier pour la mise en œuvre du projet ?

«On étudie le foncier qu’il nous faut trouver... Dès lors, il nous faudra valider le raccordement des réseaux, avance Stéphane Foury. L’organisation administrative est en cours, ainsi que les partenariats avec d’autres acteurs économiques. On pourra mettre en route le projet en 2016, le construire en 2017, et l’usine peut être opérationnelle en 2018.»

L’enchaînement idéal peut donc se heurter à deux éléments majeurs: le temps qu’il faut pour trouver l’emplacement qui fasse consensus, et être sélectionné par l’appel d’offres que lancera le moment venu le Syndicat départemental des ordures ménagères (Sydom). «Il n’y a pas pléthore d’offres à attendre, nous en avons déjà fait l’expérience», relève Patrice Couronne, président du Sydom.

Solozard fermera en 2019

«Pour autant, le dossier est complexe et il nous faut trouver dès à présent une solution pérenne, poursuit-il. Nous avons de la visibilité jusqu’en 2020 avec la solution tarnaise : nous avons en effet reconduit pour cinq ans la convention qui nous lie avec Trifyl. Au-delà, c’est l’inconnu. Et dès 2019, le centre d’enfouissement de Solozard, à Villefranche, devra fermer ses portes: il nous faudra donc avoir trouvé une solution pour les 17 000 tonnes de déchets annuelles qu’il accueille.»

En Allemagne quatre poubelles sont présentes dans toutes les habitations.
En Allemagne quatre poubelles sont présentes dans toutes les habitations.

  • Comment ? Gérer les déchets selon un processus «vertueux»

«On est loin de la décharge de papa», lance Stéphane Foury, coordonnateur du projet porté par Solena. Autrement dit, le projet n’a rien à voir avec l’enfouissement des déchets tels qu’apportés sur le site, sous des tonnes de terre. En fait, l’État a fixé un cadre réglementaire précis, confirmé dans la loi sur la transition énergétique du 18 août dernier, qui donne la priorité à la valorisation et la réduction des impacts environnementaux et sanitaires.

Le coup pour les collectivités

Le projet devra également maîtriser l’aspect économique pour la collectivité. Ne pas dépasser le coût actuel induit par le transport et le traitement des déchets dans le Tarn est une priorité. «De toute façon, nous n’aurons pas les moyens de dépenser plus que le coût actuel», prévient Patrice Couronne, président du Sydom.

Cette obligation a poussé Solena à écarter des techniques de très haut niveau, très coûteuses par ailleurs. Trente sites en Europe ont été visités, quelques-uns ont été retenus, correspondant au mieux au cahier des charges aveyronnais. 

«On s’est méfiés des techniques mirifiques qui, au final, sont génératrices de mauvaises odeurs, explique Stéphane Foury. Et de celles qui font la part trop belle au compost, ce dernier restant un questionnement pour nous. Il faut qu’il soit propre, et seuls les déchets agricoles et les bio-déchets sont à nos yeux valorisables.»

Une chaîne de traitement et de valorisation

Au final, la solution d’un pôle multi-filières a été retenue, incluant les bio-gaz (méthanisation). Les déchets ménagers sont triés dès réception grâce à de nombreuses technologies permettant la valorisation des métaux, des divers plastiques et d’extraire la matière organique fermentescible. Et ce, en attendant qu’en France, les citoyens trient l’ensemble de leurs déchets comme cela est le cas depuis longtemps en Allemagne où quatre poubelles sont présentes dans toutes les habitations. Pour la partie fermentescible, une méthanisation sera réalisée à travers plusieurs tunnels, séparant les différents déchets.

À l’issue de la méthanisation, les «digestats» seront stabilisés, séchés et affinés pour donner du compost ou être stockés avec les «refus». Ces derniers seront enfouis dans des casiers creusés dans le sol après avoir été préalablement mis en balles plastiques pour éviter toute pollution. Le tout sera contenu par une digue périmétrique étanche, tapissée d’une géomembrane, équipée pour l’écoulement des lixiviats (jus) eux-mêmes traités à leur sortie. Les matériaux énergétiques (non organiques) constituent le combustible solide de récupération (CSR), qui doit servir de «carburant» pour la production d’énergie (à la place du fioul notamment) en marge du bio-gaz. Bref, rien ne se perd, tout se recycle ou presque.

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