Unis depuis 20 ans, les cavistes ruthénois défient la grande distribution

  • À l’occasion d’une soirée mêlant vin et cinéma, ils avaient revisité les Beatles.
    À l’occasion d’une soirée mêlant vin et cinéma, ils avaient revisité les Beatles. Repro
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Lola Cros

Commerce. Depuis vingt ans, quatre des cinq cavistes indépendants du Grand Rodez marchent main dans la main. Face à la grande distribution, ils ont choisi de passer à l’attaque. Portrait de ce quatuor délirant.

Ces quatre-là auraient tout pour se livrer une bataille sans merci. Une concurrence féroce. Quelques kilomètres à peine distancent leurs caves. Pourtant, ils ont décidé d’«envisager le commerce différemment». C’était en 1995. «À cette époque, chacun était dans son coin, à feuilleter les catalogues des foires au vin des grandes surfaces en pleurant, se souvient Alain Falguières. Alors, on s’est réunis autour d’une question: pourquoi nous, les indépendants, on ne ferait pas quelque chose

Les voilà, vingt ans plus tard, attablés dans un restaurant du centre-ville ruthénois, entre deux tranches de rire. Guy Cayssials, Ghislaine Laurens, Alain Falguières et Pierre Bonnefous : pas un ne manque à l’appel. Plusieurs fois par an, ils se retrouvent autour de cette «table ronde dans le coin», qui leur est systématiquement réservée. Là germe la plupart de leurs idées. On se souvient, notamment, de la «tournée des cavistes», ce jeu de piste entre les quatre caves pour gagner un week-end gastronomique chez Bras. Il aura perduré pendant dix ans.

«La concurrence n’est pas entre nous»

«C’était la première fois que les clients découvraient le lien qui nous unit, sourit Ghislaine Laurens. Au début, même sur le Salon du vin que nous organisons depuis douze ans, les clients n’osaient pas acheter chez les autres, ils nous cherchaient du regard.» Aujourd’hui dans l’esprit des Ruthénois, le fonctionnement des «quatre mousquetaires» n’étonne plus. Totalement ancré dans les esprits, bien que ses débuts n’avaient rien d’évident. «Il nous a fallu quelques années pour comprendre que la concurrence n’était pas entre nous, mais avec la grande distribution, relate la seule femme du quatuor. Tout roule depuis que l’on a intégré qu’à quatre, on est plus forts.» Et si tout roule, c’est aussi grâce au commandement numéro un de la bande : ne pas piquer un vigneron au copain. Car oui, désormais, on parle d’une véritable bande d’amis.

«Nous n’avons pas à rougir de nos caves»

«Si nous sommes tous démarchés par le même vigneron, le premier qui signe le vendra. Tant pis pour les autres», résume Pierre Bonnefous. Un gage de respect non-négociable. Ainsi, les cavistes orientent le client en permanence chez l’un ou l’autre, selon la demande. «Ce n’est pas un client perdu pour nous pour autant, le client bien conseillé reviendra toujours. Même si cela peut surprendre au début, commente Ghislaine Laurens. À nous quatre, nous couvrons une grande partie du vignoble français, nous n’avons pas à rougir de nos caves.»

Depuis la création de leur association «Les cavistes de Rodez» en 1995, tous mettent un point d’honneur à la qualité. Qualité du conseil, du service, du produit. «Pour faire face à la grande distribution, pour des prix souvent similaires, nous connaissons nos vins sur le bout des doigts, nous sommes allés les chercher nous-mêmes, les goûter. C’est notre plus-value, qui fait que vingt ans après, nous sommes toujours là», lâche l’un d’eux. En pleine préparation de la douzième édition du Salon du vin, délocalisée pour la première fois à la salle des fêtes de Rodez les 8, 9 et 10 avril prochains, le quatuor hyperactif promet de continuer sur sa lancée : «C’est loin d’être fini».

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