Un soldat libanais raconte sa terrifiante détention par Al-Qaïda

  • Le soldat libanais George al-Khoury de retour de captivité le 2 décembre 2015 chez lui à Kobayat (nord du Liban)
    Le soldat libanais George al-Khoury de retour de captivité le 2 décembre 2015 chez lui à Kobayat (nord du Liban) AFP - IBRAHIM CHALHOUB
  • Le soldat libanais George al-Khoury de retour récemment de captivité avec sa femme et ses enfants, chez lui à Kobayat (nord du Liban), le 2 décembre 2015
    Le soldat libanais George al-Khoury de retour récemment de captivité avec sa femme et ses enfants, chez lui à Kobayat (nord du Liban), le 2 décembre 2015 AFP - IBRAHIM CHALHOUB
  • Le soldat libanais George al-Khoury célèbre sa libération dans son vilage du nord du Liban Khobayat, le 2 décembre 2015
    Le soldat libanais George al-Khoury célèbre sa libération dans son vilage du nord du Liban Khobayat, le 2 décembre 2015 AFP - IBRAHIM CHALHOUB
  • Le soldat libanais George al-Khoury célèbre sa libération après 16 mois de captivité, le 2 décembre 2015 dans son village de Kobayat (nord du Liban)
    Le soldat libanais George al-Khoury célèbre sa libération après 16 mois de captivité, le 2 décembre 2015 dans son village de Kobayat (nord du Liban) AFP - IBRAHIM CHALHOUB
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Centre Presse Aveyron

Le soldat libanais Georges Khoury a pleuré pendant des jours lorsque Al-Qaïda a exécuté son frère d'armes. Après 16 mois aux mains du groupe jihadiste, il peine à réaliser qu'il est libre et sain et sauf.

"Mon dieu, combien j'ai attendu pour voir mon fils Michaël", témoigne-t-il, assis dans le salon de sa maison à Kobayat, dans le nord du Liban, entouré de sa mère, de sa femme et de son deuxième fils.

Cet homme de 30 ans fait partie de la vingtaine de soldats et policiers enlevés par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda et le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans la ville libanaise de Arsal, à la frontière syrienne, en août 2014.

Sa libération mardi avec 15 autres otages détenus par Al-Nosra en échange de 25 prisonniers a été l'épilogue de négociations longues et ardues menées par le Liban, impliqué malgré lui dans la guerre en Syrie voisine.

Georges Khoury n'avait pas prévu de rejoindre les rangs de l'armée avant d'obtenir un poste avantageux à l'issue de son service militaire obligatoire, entamé en 2004.

En 2014, il est transféré à Arsal, un village dans l'est du Liban, à la frontière avec la Syrie en guerre dont les répercussions et les tensions se font souvent sentir.

C'est là, le 2 août 2014, que sa vie bascule.

"Nous étions en train de boire le café avec le commandant du bataillon quand une balle a tué le sergent Dirani", se rappelle-t-il, les mains tremblantes, en allumant une cigarette.

L'attaque vise des soldats et d'autres membres des forces de l'ordre, qui sont blessés ou meurent sous ses yeux.

- Yeux bandés -

En quelques minutes, le soldat Khoury se trouve encerclé par des dizaines de combattants. "Ils étaient cagoulés et lourdement armés. Pas moins de 20 d'entre eux m'ont entouré et l'un a promis de ne pas me tuer si je me rendais".

Un autre lui vole son téléphone avant de le pousser dans un camion avec d'autres prisonniers. "Ils nous marchaient dessus et nous insultaient sur la route, mais heureusement ne nous ont pas battus", raconte-t-il.

Il est ensuite emmené dans une grotte, la première d'une longue liste de tanières où ils seront cloîtrés pendant leurs 16 mois de détention.

Ils passent la plus grande partie du temps dans l'obscurité, les yeux bandés sauf pour manger ou aller aux toilettes. Pour se donner du courage, ils parlent entre eux de leurs familles.

Georges Koury évoque alors le garçonnet de quatre ans qu'il a laissé et sa femme Marie, qui a donné naissance à son second fils André alors qu'il était otage. "Grâce à Dieu, ma vie est pleine de joie à présent", sourit Marie en regardant son mari.

- 'Maman, c'est Georges' -

Certains geôliers engagent la discussion et les autorisent même à sortir, quand d'autres utilisent la torture psychologique pour les terrifier, parfois avec des pétards. Les prisonniers reçoivent des cours de loi islamique mais Khoury, chrétien, assure ne pas avoir été forcé à se convertir.

Après un peu plus d'un mois de captivité, les jihadistes exécutent un premier otage, chiite, Mohamed Hammiya. "J'ai pleuré pendant deux jours", souffle Khoury.

Un deuxième soldat, Ali al-Bazzal, chiite lui aussi, est séparé du groupe avant d'être tué à son tour.

Les hommes restant sont transférés dans une autre grotte, puis dans une maison. Chaque fois, leurs espoirs d'être libérés se brisent.

Finalement, la semaine dernière, on les informe qu'un accord a été trouvé. Ils sont autorisés à se doucher, se vêtir d'habits propres et s'asperger d'eau de Cologne.

Lorsque les négociations échouent au dernier checkpoint, Khoury se met à trembler et à prier. Il sera finalement transféré vers des ambulances de la Croix Rouge, qui le conduisent à un point de contrôle de l'armée.

Dans l'ambulance, Georges Khoury emprunte un téléphone pour appeler sa mère. "Maman, c'est Georges", dit-il. "Georges qui?", répond-elle, incrédule.

"Je lui ai dit +C'est moi, c'est ton fils+, et elle s'est mise à hurler de joie".

Source : AFP

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