Persona non grata à Saint-Affrique, Merouane Benahmed déplacé

  • Escorté par les gendarmes, Merouane Benahmed a quitté Saint-Affrique vendredi matin.
    Escorté par les gendarmes, Merouane Benahmed a quitté Saint-Affrique vendredi matin. AFP
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Déplacé de département en département depuis 2011, un islamiste algérien a été transféré vendredi matin de saint-Affrique où il était assigné à résidence et dont le maire avait demandé le départ vers le département de la Mayenne.

Déplacé de département en département depuis 2011, un islamiste algérien a été transféré vendredi matin d'une commune de l'Aveyron où il était assigné à résidence et dont le maire avait demandé le départ vers le département de la Mayenne. Merouane Benahmed, ancien membre du Groupe islamique armé (GIA) et condamné à mort par contumace en Algérie, a quitté vers 10H30 le petit hôtel de Saint-Affrique où il était assigné à résidence depuis le 10 octobre.

Accompagné de deux gendarmes, il a abruptement refusé de répondre aux journalistes avant de monter dans un fourgon avec ses bagages. Etroitement surveillé depuis son arrivée à Saint-Affrique, M. Benahmed devait pointer 4 fois par jour à la gendarmerie de cette commune rurale de quelque 8 000 habitants. Il devait être conduit dans une ville non spécifiée de la Mayenne, a-t-on appris de source proche du dossier.

"Déclarations très dures par rapport à la France" 

Le maire socialiste, Alain Fauconnier, réclamait son départ auprès du ministère de l'Intérieur depuis les attentats du 13 novembre. Selon lui, des "déclarations très dures par rapport à la France" de M. Benahmed dans une émission télévisée ont mis "tout le monde" en émoi. "Et (pour) la communauté musulmane, qui est très bien intégrée à Saint-Affrique, ça devenait très compliqué", a-t-il dit. "Je conçois qu'il faille prendre notre part du fardeau", a ajouté le maire, mais "il y a 36 000 communes en France".

La communauté musulmane de la ville avait lancé une pétition pour "se distinguer" de M. Benahmed et demander son départ. Vendredi, les habitants rencontrés dans les ruelles pittoresques de la commune étaient partagés. "On ne peut pas empêcher les gens d'en parler et de se faire des films, surtout dans cette période", soupire une commerçante. "Il n'y aurait pas eu les attentats, il serait passé inaperçu", commente un client dans un café.

Des méthodes pires que celles "employées par les Etats-Unis à Guantanamo"

"Ca m'inquiétait un peu. Je suis content qu'il soit parti", a au contraire déclaré Christophe, un Saint-affricain de 40 ans. "Il n'y a pas d'amalgame au niveau des musulmans, mais on n'était pas tranquille", abonde Emmanuelle, 35 ans, qui craignait qu'il "radicalise des jeunes".  "Les procédés arbitraires de l'Etat français contre Merouane Benhamed sont pires que les méthodes employées par les Etats-Unis à Guantanamo", a réagi son avocate, Me Isabelle Coutant-Peyre, qui conteste que son client ait appartenu au GIA. Le départ de M. Benahmed a été décidé par arrêté du ministère de l'Intérieur, mais il n'était pas établi vendredi midi que ce soit suite aux demandes du maire ou pour d'autres raisons.

L'Algérien de 42 ans, qui a fui son pays en 1999, a été condamné à dix ans de prison en France dans le cadre de l'affaire dite des filières tchétchènes, soupçonnées de projeter des attentats à Paris. Libéré en 2011, il vit depuis sous le régime de l'assignation à résidence, la Cour européenne des droits de l'Homme ayant refusé son extradition en raison de sa condamnation à mort en Algérie. Ses demandes d'asile formulées auprès d'autres pays n'ont pas eu de suites, selon son avocate. Cet homme marié et père de quatre enfants a été déplacé de commune en commune. Il avait été écroué à Brest, après avoir vécu à Châteaulin (Finistère) et en Anjou. 

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