Les archives se livrent sur la collaboration en Aveyron

  • Ce sont plusieurs centaines de documents de 
la Libération qui sont désormais consultables 
aux archives départementales.
    Ce sont plusieurs centaines de documents de la Libération qui sont désormais consultables aux archives départementales. José A. Torres
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Au sortir de la guerre de 39-45, près de 400 personnes ont été jugées pour des faits de collaboration. Les actes d’accusation sont désormais libres d’accès.

Un amas de documents jaunis, cornés, une série de noms reportés d’une écriture fine et précise dans un cahier grand format. Avec minutie, l’état civil de tous ceux qui sont accusés d’avoir collaboré, de plus ou moins près, avec l’ennemi, a été scrupuleusement noté.

Jusqu’ici, ces archives n’étaient ouvertes qu’aux historiens ayant obtenu des dérogations. Depuis peu, et la publication d’un arrêté, le fonds des archives publiques concernant la Seconde Guerre Mondiale, et notamment la période de la Libération, de 1944 et jusqu’après est libre d’accès.

Près de 400 dossiers

Dans une quinzaine de boîtes noires, près de 400 dossiers, témoignages d’une époque sombre de l’histoire de France. À l’intérieur de ces dossiers, des jugements rendus par les tribunaux mis en place dès après la guerre : intelligence avec l’ennemi, colportage de rumeurs ou collaboration avec l’ennemi. Certains sont accusés d’avoir distribué des journaux proches de Vichy, d’autres d’avoir été membre de la milice.

La plupart des accusés ont été présentés à des chambres civiles, d’autres devant la cour de justice de Montpellier. Environ 400 personnes ont été jugées-sans forcément être condamnées-au sortir de la guerre. Dans le lot, «il y a des documents qui peuvent être difficiles à voir pour les familles, assure Alain Venturini, directeur des archives départementales. Même si le temps a passé, les dossiers mentionnent le nom de familles ruthénoises connues.»

«Apprendre à relativiser ce que l’on peut  trouver»

Pour Marie-José Augey, responsable de La Maison départementale de la Mémoire, Résistance, Déportation et Citoyenneté à Aubin, ces documents peuvent être «une source précieuse» pour comprendre et mettre en relief les faits de l’époque. Pour «combler» les failles creusées par le temps. Mais en aucun cas «ils ne doivent être pris seuls».

Au contraire, «ces rapports doivent être mis en perspective au risque d’une interprétation fausse», prévient-elle. Marie-Josée Augey a compulsé à de nombreuses reprises les documents relatifs à cette période. «Dans les archives, il y a les pièces que l’on choisit d’y mettre et les autres, explique-t-elle. Il faut apprendre à relativiser ce que l’on peut y trouver.»

Ces documents sont «essentiels»

Car il peut s’agir de lettres de dénonciations, rapports des préfets et des sous-préfets; les rapports de police et des renseignements généraux; les dossiers des cabinets de préfets relatifs à la surveillance des organisations politiques et des syndicats. Quoi qu’il en soit, «il faut les prendre avec des pincettes».

«Il m’est arrivé, raconte Marie-José Augey, lors de mes recherches de trouver des documents si compromettants que je n’ai pu les transmettre aux descendants. Je les ai laissés faire leurs propres découvertes.» Quelle est la valeur de ces rapports aujourd’hui en libre accès? «Ils sont essentiels, assure la responsable de la Maison de la mémoire à Aubin. Il est difficile de mettre la main sur des archives de l’époque. Alors quand nous pouvons les consulter, c’est une chance.»

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