Jöna Aigouy, espoir olympique

  • Potentiel physique hors norme, un caractère de championne, Jöna Aigouy s’astreint actuellement à une quinzaine d’heures d’entraînement hebdomadaire.
    Potentiel physique hors norme, un caractère de championne, Jöna Aigouy s’astreint actuellement à une quinzaine d’heures d’entraînement hebdomadaire. Jean-Louis Bories
  • Déterminée. Du haut de son mètre 76 et de ses 16 ans, Jöna Aigouy a déjà la pointe de son javelot et son regard tournés vers Tokyo et l’Olympiade 2020.
    Déterminée. Du haut de son mètre 76 et de ses 16 ans, Jöna Aigouy a déjà la pointe de son javelot et son regard tournés vers Tokyo et l’Olympiade 2020. Jean-Louis Bories
  • L’été 2015 a été faste pour la jeune athlète du pôle de Toulouse, toujours licenciée au SO Millau. En moins de quinze jours, elle est devenue championne de France au poids et a vécu «une expérience unique, c’était fou», lors du festival olympique de la jeunesse européenne
    L’été 2015 a été faste pour la jeune athlète du pôle de Toulouse, toujours licenciée au SO Millau. En moins de quinze jours, elle est devenue championne de France au poids et a vécu «une expérience unique, c’était fou», lors du festival olympique de la jeunesse européenne Archives
Publié le
Aurélien Parayre

Athlétisme. À 16 ans, la Millavoise Jöna Aigouy, qui écrase tout sur son passage au poids et au javelot, se construit un rêve : aller aux JO de 2020 et y briller en 2024. Un objectif pas si fou au regard de son potentiel.

Jöna Aigouy. Prononcer «Iona». Et rappelez-vous en. Car la gamine de Millau a déjà tout d’une grande. Et pourrait, «Inch’Allah» comme elle le dit avec sa joie communicative, devenir une très grande. Une référence planétaire même.Avec le maillot bleu sur le dos, évidement.

Celui qu’elle arbore déjà chez les jeunes au lancer du poids, mais surtout un javelot dans sa main droite. La native de Rodez, mais arrivée dans la cité du gant dès son plus jeune âge, est en avance sur tous les temps de passage. Morphotype singulier, ses «fibres musculaires sont faites pour ça» : le lancer. 

«Moral à toute épreuve»

«Mais il (lui) manque une tête et 30 kg pour être au top niveau mondial en poids chez les seniors» ; alors elle devrait un jour tout miser sur le javelot, qu’elle préfère d’ailleurs pour «les sensations et le côté esthétique».

«C’est une jeune athlète au potentiel très intéressant, commente son actuel entraîneur au CREPS de Toulouse, l’ancien multi champion national au poids, Luc Viudès. Et en plus, elle a un moral à toute épreuve. Elle est extrêmement volontaire, infatigable. Au point même qu’il faut que je la freine à l’entraînement.»

L’été 2015 a été faste pour la jeune athlète du pôle de Toulouse, toujours licenciée au SO Millau. En moins de quinze jours, elle est devenue championne de France au poids et a vécu «une expérience unique, c’était fou», lors du festival olympique de la jeunesse européenne
L’été 2015 a été faste pour la jeune athlète du pôle de Toulouse, toujours licenciée au SO Millau. En moins de quinze jours, elle est devenue championne de France au poids et a vécu «une expérience unique, c’était fou», lors du festival olympique de la jeunesse européenne Archives

Jamais vraiment descendue de la branche d’un arbre...

Il faut dire qu’elle a de la suite dans les idées Jöna Aigouy, dont le prénom fait écho aux origines polonaises de sa mère, Anna. Et un projet bien en tête. Basé à 100% sur l’athlé. Bénéficiant d’horaires aménagés, la lycéenne extravertie de 16 ans passe son bac S en quatre ans. Et parce qu’elle sait qu’un athlète a énormément de mal à vivre de sa discipline en France, «qui plus est en tant que femme et au lancer» alourdit-elle, elle se verrait bien enseigner sa spécialité plus tard. L’athlé toujours. Et depuis toujours.

Facteur chance

Celle qui a terminé la saison passée 2e mondiale de sa catégorie d’âge raconte : «À trois ans, mon père et un ami à lui m’ont pendu à la branche d’un arbre dans le jardin de ce qui était notre nouvelle maison à l’époque. Et je me suis mise à faire des tractions. Hasard, le facteur passait à cet instant. Il s’agissait en fait d’Yves Iscayes, du SO Millau. Et il m’a dit: “Toi, viens nous voir au club d’athlé”». Et elle ne l’a pas quitté depuis. Se forgeant, en plus de son potentiel physique hors norme, un caractère de championne. «Mes records, mon père s’en souvient plus que moi. Moi, ce dont je me rappelle, ce sont mes défaites», explique-t-elle sans aucune once de prétention.

Le «truc en plus»

«En réalité, ce sont ces défaites qui me font aller toujours plus loin. Car je hais perdre.» Et de prendre des exemples fondateurs, comme «cette 7e place que je n’avais pas du tout acceptée et qui me fait travailler très dur pour ne plus jamais connaître ça.» De quoi très tôt, déceler chez elle ce «truc en plus». Comme ce jour qui reste gravé dans la mémoire de Jöna, de son père et de tous ceux qui ont participé à cette compétition de jeunes à Saint-Affrique il y a maintenant une dizaine d’années. Là, la petite Jöna lance son vortex 30 mètres plus loin que sa dauphine et met tout le monde en admiration. «On m’en a encore parlé récemment», souffle, toujours ému, son père.

Potentiel physique hors norme, un caractère de championne, Jöna Aigouy s’astreint actuellement à une quinzaine d’heures d’entraînement hebdomadaire.
Potentiel physique hors norme, un caractère de championne, Jöna Aigouy s’astreint actuellement à une quinzaine d’heures d’entraînement hebdomadaire. Jean-Louis Bories

«Ça peut, comme ça ne peut pas»

Oh que oui, l’ado au 54,70 mètres au javelot est déjà lancée vers quelque chose de très grand. Et si elle se l’avoue seulement depuis que Luc Viudès lui en a effleuré la possibilité, son projet est très clair: «Participer aux Jeux olympiques de 2020 et performer lors de ceux de 2024, en espérant qu’ils se déroulent à Paris !» Elle serait donc amenée à avoir un destin olympique ? «Je n’en sais rien, répond son coach toulousain. Ça peut, comme ça ne peut pas. En tout cas, elle a les aptitudes pour pouvoir le faire. Mais on a vu tellement de très bons jeunes athlètes disparaître complètement de la circulation ensuite.»

«Technique indigne»

Ça tombe bien, la Millavoise ne «veut pas brûler les étapes». Quitte à se faire battre cet été lors des championnats d’Europe catégorie cadettes, où elle pourrait ne pas pouvoir rivaliser avec une Italienne déjà surentraînée dit-on. La marge de progression de l’Aveyronnaise semble, elle, importante. «J’ai une technique indigne de l’équipe de France», explicite même la jeune blonde. Et son coach de révéler: «L’objectif avec Jöna, ce n’est évidemment pas d’être la meilleure cadette, mais parvenir jusqu’à ses 20 ans en conservant au maximum son potentiel.» La surdouée aura 20 ans en... 2020. Plus qu’un clin d’œil.

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