Echange de coups de couteaux : deux hommes jugés à Rodez

Deux prévenus qui se considèrent comme deux victimes dans une même affaire de coups de couteaux : voilà comment se présentent les deux individus à la barre du tribunal correctionnel de Rodez. Un dans le box des prévenus, en détention depuis lundi, petit et trapu, l’autre libre, connu pour des affaires de vols et de stups mais pas de violences, plutôt grand et baraqué.

Celui qui est dans le box n’a pas grand-chose qui plaide en sa faveur. Il est considéré comme évadé de prison depuis février 2016, a un casier rempli d’affaires de violences et, surtout, pour ce qui concerne cette affaire qui s’est déroulée à Rodez, est celui qui a déclenché les hostilités en quelque sorte. Il s’est présenté, couteau en main, chez l’autre prévenu, afin de lui réclamer de l’argent, «pour un motif que l’on ne connaîtra jamais» comme l’a résumé et regretté le procureur Wolf.

«J’avais peur pour ma femme, mon enfant... »

L’affaire s’est déroulée dans un premier temps dans la noirceur de la nuit, dehors, à l’abri des regards. Mais elle a dégénéré dans l’appartement de la compagne de celui à qui il réclamait l’argent, devant la famille et des amis. «Il me menaçait avec un couteau. J’avais déjà une blessure. J’avais fait appeler la police. J’étais paniqué. J’avais peur pour ma femme, mon enfant... » L’homme au couteau était venu réclamer plus d’argent. Une bagarre a débuté dans le salon, il s’est fait désarmer par le grand qui lui a alors asséné cinq coups de couteau.

«Légitime défense» a longuement plaidé son conseil, avant de demander la relaxe. «Non» a soutenu le procureur, pour qui la réponse est «disproportionnée». De son côté, l’homme au couteau estime qu’il n’a menacé personne, et ne s’estime pas violent. De quoi laisser dubitatifs les juges, au regard du déroulement de l’affaire. Car lorsque, blessé, il s’est rendu aux policiers pour dénoncer son agresseur, il s’est fait hospitaliser et a complètement «pété les plombs» sur son lit d’hôpital, arrachant toutes les transfusions, insultant les policiers, et obligeant les urgentistes à lui inoculer un sédatif.

Retour à la case prison

Quant à celui qui avait donné les coups de couteau, il s’est également rendu aux policiers. En panique également. Au final, les juges ont décidé que les deux prévenus étaient coupables et devront verser un euro symbolique de dommages et intérêt. L’évadé est retourné en prison avec une peine de deux ans. L’autre prévenu écope, lui de quatre mois de prison dont trois avec sursis, et reste libre. Il est reconnu également responsable à hauteur de 20% des conséquences des blessures commises, qui seront évoquées lors d’une audience sur les intérêts civils. Au final, tous deux on regretté le déroulement de cette soirée. On peut comprendre.