300 000 habitants en Aveyron en 2020 ? « Un objectif raisonnable »

  • 300 000 habitants en Aveyron en 2020 ? « Un objectif raisonnable »
    300 000 habitants en Aveyron en 2020 ? « Un objectif raisonnable » José A. Torres / Centre Presse Aveyron
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Joël Born

Pour le démographe, géographe et économiste Gérard-François Dumont, l’Aveyron a les moyens d’atteindre le cap des 300 000 habitants. Un objectif raisonnable, à condition, selon lui, de mettre en œuvre des politiques attractives propres à chaque territoire du département.

En 2003, vous évoquiez, dans un numéro de Population et avenir, le renouveau démographique aveyronnais. Treize ans plus tard, quel constat dressez-vous?

Gérard-François Dumont : À l’époque, j’avais mis en évidence le fait qu’après avoir énormément chuté (NDLR: de 415 826 habitants en 1886, elle était tombée à 263 808 habitants en 1999) et malgré son vieillissement, la population aveyronnaise était pour la première fois remontée grâce aux apports migratoires. Les Néo-aveyronnais constituent une source d’espoir qu’il faut stimuler davantage, ne serait-ce que pour entretenir un patrimoine d’une grande richesse sur un vaste territoire. Il y a une légère remontée démographique mais elle reste fragile et pas suffisante. Il faut développer des politiques d’attractivité beaucoup plus volontaristes. Les territoires aveyronnais doivent développer des projets. C’est impératif et c’est possible. L’avenir de la France n’est pas dans les métropoles, même si on peut parler de l’exception toulousaine, avec l’aéronautique. De nombreux territoires éprouvant des difficultés, subissant le vieillissement et l’enclavement sont parvenus à retrouver du dynamisme. L’avenir de l’Aveyron dépend des Aveyronnais.

L’Aveyron semble avoir retrouvé un second souffle mais c’est essentiellement Rodez qui impulse son dynamisme à la fois économique et démographique?

Gérard-François Dumont : L’équilibre territorial est impératif. Si Rodez se retrouve entouré d’un désert aveyronnais, Rodez en souffrira. Rodez serait le premier à en pâtir. Il faut que les autres territoires aveyronnais déploient des stratégies intéressantes, en faisant preuve d’originalité. La petite ville de Puy-Guillaume, dans le Puy-de-Dôme (NDLR: pendant plus de 30 ans, elle fut dirigée par Michel Charasse), dont l’économie était morte a choisi une stratégie pour se différencier des autres, en décidant de refuser toutes les grandes surfaces et d’encourager des commerces de qualité. Il n’y a pas si longtemps de cela, en Aveyron, qui aurait parié sur le succès de Sylvanès ?

Pensez-vous que cet objectif de 300 000 habitants est raisonnable et réalisable?

Gérard-François Dumont : Non seulement, il est raisonnable, si la marque Aveyron est davantage promue, il n’y a aucune raison que ce cap symbolique ne soit pas dépassé. Cela suppose de développer des projets et d’encourager une stratégie d’attractivité. Il faut que les élus comprennent qu’il faut toujours avoir des logements et des locaux pour des activités économiques disponibles. Il faut toujours anticiper, avoir des réserves foncières, des ateliers relais...

Quelle est, à vos yeux, la principale faiblesse à laquelle l’Aveyron devra faire face?

Gérard-François Dumont : Dans les mentalités, il y a encore parfois un peu de défaitisme. Mais je reste persuadé que l’avenir de l’Aveyron réside dans une bonne synergie entre ces pôles urbains et ces territoires ruraux.

Selon vous, quels sont les principaux atouts du département de l’Aveyron?

Gérard-François Dumont : D’abord, ses ressources humaines, car c’est une population travailleuse. Et puis il y a la qualité de vie que nos grandes villes offrent de moins en moins. La fatigue des transports est épouvantable. Il est beaucoup plus agréable d’habiter dans un bourg aveyronnais que dans certains quartiers toulousains.

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