Rugby - Rodez : une saison de « fada » pour le SRA

Les joueurs de Rodez ont décidé de s’appeler les «Caputs», comprenez les têtus en occitan. Ils auraient très bien pu choisir le surnom de «fadas». Car leur saison a été... folle! Et c’est peu dire. Car qui aurait misé un kopeck sur ce groupe, dont la majorité n’avait jamais goûté à la Fédérale 1, après son début de saison ponctué d’un tout petit succès en neuf rencontres? Qui aurait également pensé que ce groupe deviendrait si fort, si soudé, si «caput» quand, en coulisses, le club était rattrapé par son passé? Personne. Mais les joueurs l’avaient annoncé et ils l’avaient même fait floquer sur leurs tenues d’échauffement: "On ne lâchera rien". Ils ont tenu parole. Retour sur cinq moments clés d’une véritable saison de « fada » !

• 1/5 Sur la pelouse, l’inquiétude

7 août 2015 : le Rodez version 2015-2016 fait sa rentrée sur la pelouse de Mende face à Aubenas, en amical. Devant de nombreux supporters aveyronnais, les néo-Ruthénois s’inclinent... 46-0 ! L’inquiétude est alors grande. Et les mauvaises nouvelles s’enchaînent. En raison de cervicales fragiles, Barry Faamausili doit raccrocher les crampons à 26 printemps. Pendant ce temps, le puissant 2e ligne Saïd Bajja disparaît dans la nature... Et les recrues attendues, notamment en provenance de Géorgie (Archil Bezhiashvili, Dimitri Tsukishvili et Irakli Ulumbelashvili), tardent à arriver dans la préfecture. Nombreux prédisent alors à ce Rodez une campagne galère. Le début de saison leur donne raison. En huit rencontres, l’équipe ne s’impose qu’une fois. Et cela passe fin, face au Petit Poucet, Lombez (18-15). Dans le camp des supporters, on compte alors les optimistes sur les doigts d’une main. Mais les entraîneurs Arnaud Vercruysse et Jean-François Viars ne perdent pas espoir et ne cessent de le répéter : "Il y aura des jours meilleurs, il nous faut du temps, un vécu collectif". Cet optimisme ne va pas tarder à porter ses fruits...

• 2/5 En coulisses, le passé ressurgit

Alors que sur le terrain, Rodez retrouve le sourire en renouant avec le succès face à Blagnac et Bagnères-de-Bigorre notamment, le club, lui, est rattrapé par son passé. Outre les différents passages devant les tribunaux pour des contentieux l’opposant à certains de ses anciens joueurs (Accorsi, Pagès, Maréchal), le SRA est convoqué à Paris dans les bureaux de la DNACG, le gendarme financier du rugby. Et alors qu’il s’attend à se voir retirer des points au classement, le couperet tombe: le club est rétrogradé administrativement en Fédérale 2. Un appel est de suite interjeté, le président Jean-Paul Barriac appelle à sauver le club, un appel aux dons est lancé, la ville se mobilise... Et alors que tout le monde voit l’avenir en rose après avoir récupéré plus de 200000€de dons, le passé du club ressurgit. Cette fois, c’est devant le tribunal de Montpellier, et sa cour d’appel, que l’association est condamnée à verser 375000€ à l’Urssaf suite à un redressement datant de la période 2008-2010. À cet instant-là, ça sent le sapin! Surtout que le président Barriac ne cesse de le répéter: "Si le club est relégué en Fédérale 2, on déposera le bilan".

• 3/5 Naissance d’un état d’esprit

Le club navigue en eaux troubles et tout le monde craint de sérieuses répercussions sur le sportif. Finalement, il n’en est rien. Plus que jamais, l’équipe se resserre. Et elle ne reste pas à l’écart des problèmes financiers. En créant une association, les «Caputs», elle vient en aide à la structure. Mi-février, les joueurs organisent une soirée Top Chef à la Maison du rugby, histoire de récolter des fonds. Mais également de retrouver une certaine proximité avec le public. La soirée est couronnée d’un franc succès. Surtout, elle signe le début d’une nouvelle aventure pour le Stade Rodez Aveyron. Car depuis des semaines, les joueurs le clamaient à qui voulaient bien l’entendre: «Nous, on ne lâchera rien». Grâce à un collectif «prêt pour faire la guerre ensemble», comme cela a souvent été souligné, Rodez réalise une phase retour tonitruante.

• 4/5 Le second souffle

Des paroles, les joueurs sont rapidement passés aux actes. Sur la pelouse, ils n’ont rien lâché. Les succès se sont enchaînés, Paul-Lignon est redevenu une forteresse imprenable (sept succès consécutifs, série en cours) et tout le monde a salué ces performances. Ces dernières ont d’ailleurs rejailli sur tout le club. «Sans ce groupe et l’état d’esprit qu’il a, on aurait tout abandonné», avouait le président Jean-Paul Barriac, il y a peu. Donné pour mort, le club a alors trouvé un incroyable second souffle. La ville a commencé à s’identifer au groupe, l’appel aux dons fut un véritable succès (plus de 200000€ récoltés) et la qualification pour les phases finales fut une véritable cerise sur le gâteau.

• 5/5 Et maintenant?

À l’heure de jouer les demi-finales, Rodez ne sait toujours pas de quoi sera fait son avenir. Le club a récemment saisi le Comité national olympique et sportif (CNOSF) pour faire entendre sa voix et conserver sa place en Fédérale 1. Ce dernier devrait rendre un avis d’ici les prochaines semaines. "Le plus tôt sera le mieux", indiquait Jean-Paul Barriac, il y a peu. Avant ce couperet-certainement le dernier...-, le président du club peut néanmoins avoir le sourire. Car les fidèles partenaires viennent de remettre la main à la poche. Pas moins de 150000€ ont été récoltés! Cela suffira-t-il à convaincre la Fédération? Rien n’est moins sûr mais après une telle saison, on se dit qu’il serait bien dommage de ne pas connaître un « happy end ».