Tennis - Capdenac. Fin d'aventure pour Marcus Willis à Wimbledon

Mercredi en début de soirée, Marcus Willis s'est incliné face au numéro 3 mondial, Roger Federer (6-0, 6-3, 6-4). Après n'avoir gagné que 2 points dans le premier set, devant un public acquis à sa cause, le Capdenacois réussit à gagner sept jeux dans le match. Il est sorti du court avec son désormais connu sourire, et son humour. Chapeau !

Centre Court. Playing Roger Federer.

No wonder Marcus Willis can't stop smiling...#Wimbledon https://t.co/R7h3VRIvnr

— Wimbledon (@Wimbledon) 29 juin 2016

La cote du match ? 33 contre 1

À en croire les fameux bookmakers anglais, c’est la cote (moyenne) du Britannique de l’équipe capdenacoise, ce mercredi lors de son 2e tour face à Roger Federer. Bien loin des 5000 contre 1 en début de saison dernière affublés aux footballeurs Leceister, qui auront donc fait lourdement payer ces mêmes bookmakers en remportant le titre de champion d’Angleterre. Mais dans le monde du tennis, cette cote reste énorme. Il faut dire que le Capdenacois, actuel 772e à l’ATP, se retrouve face à une des légendes de son sport. Les sites de paris en ligne ont donc eux aussi adossé à Willis une grosse cote. Sur Bwin, pour 10 euros joués sur la victoire de l’Anglais de 25 ans, vous empochez 125 euros, 160 avec la FDJ et jusqu’à 220 chez Betclic. De quoi faire un bon coup ?

Une folle aventure

Habitué à l'anonymat des tournois secondaires, professeur de tennis à mi-temps pour 30 livres de l'heure, Marcus Willis vit un conte de fées à Wimbledon où il défiera Roger Federer mercredi au deuxième tour. Seulement 772e au classement mondial, le Britannique a réussi l'exploit de battre au premier tour un joueur qui le devance de... 718 places : le Lituanien Ricardas Berankis (54e) !

Et ce avec panache et en trois sets, lui qui n'avait jamais gagné un match sur le circuit principal. "C'est surréaliste", a réagi ce grand gaillard (1,91 m) gaucher pas épargné par les blessures qui se demandait, il n'y a pas si longtemps, s'il n'allait pas raccrocher pour donner des cours à plein temps à Philadelphie. Mais sa rencontre avec sa petite amie Jennifer l'en a dissuadé : "Elle m'a dit que j'étais un idiot et que je devais continuer". La jolie blonde, dentiste dans la vie, n'aurait pas dû assister à ses exploits lundi sur le court 17. Mais un heureux incident dans son cabinet lui a permis de se libérer.

"Cela va sembler bizarre mais son matériel est tombé en panne. Elle a été obligée d'annuler ses consultations de l'après-midi. J'étais heureux qu'elle puisse assister à cela", explique Willis qui, lui, n'aurait pas dû jouer Wimbledon. Sa place, il la doit au forfait de dernière minute de son compatriote Scott Clayton, bloqué en Turquie. Et aussi à son talent puisqu'il a remporté six matches pour accéder au grand tableau : trois lors des préqualifications et autant lors des qualifications.

Digne d'un film

Une succession d'événements incroyables pour Willis, dont la trajectoire n'est pas sans rappeler le scénario de la comédie romantique "Wimbledon" ("La plus belle victoire", en français) sortie dans les salles obscures en 2004. Comme le protagoniste du film, il s'est révélé dans le "temple du tennis" où il a déjà gagné 50 000 livres (60 000 euros), ce qui représente plus des deux tiers de ses gains en carrière - simple et double confondus - avant le tournoi.

Car d'habitude ce puissant et inconstant serveur (14 aces et 11 doubles fautes lundi), qui a perdu une dizaine de kilos en quelques mois (90 kg aujourd'hui), joue presque pour du beurre. Cette année, il n'avait gagné jusque-là que 320 euros lors du tournoi Future (3e division) d'Hammamet en Tunisie, pour un bénéfice final d'à peine 60 euros ! A côté, les gains de Federer (763 000 euros), qui n'a pourtant gagné aucun tournoi en 2016 et a été blessé pendant plusieurs semaines, donnent le vertige.

Pour vivre, Willis dispense des cours aux joueurs du dimanche et aux enfants pour 30 livres de l'heure (36 euros) à Warwick, la ville où il réside, dans les Midlands de l'ouest britannique, non loin de Coventry. Il dispute aussi les Championnats d'Allemagne et de France par équipes. Il y a quelques semaines, il jouait pour le petit club de Capdenac-Gare, dans l'anonymat le plus total.

Mercredi, ce sera contre Federer, le chouchou de Wimbledon, devant des milliers de personnes. "C'est une légende du tennis, un joueur fantastique. J'ai énormément de respect pour lui. Mais je dois essayer de le battre", souligne Willis qui a eu droit aux félicitations de son idole, le Croate Goran Ivanisevic, lauréat du tournoi en 2001. "Il m'a serré la main. C'était surréaliste." Un terme qui colle décidément bien au parcours de l'étonnant Capdenacois.

Les supporters irlandais de l'@UEFAEURO ont fait des émules. Ceux de @Willbomb90 sont au taquet. Vidéo @bbctennis. https://t.co/zSBgDXGnkO

— So Tennis (@sotennis1) 29 juin 2016