Sarrans donne de la hauteur aux barrages aveyronnais

Un colosse. Le barrage de Sarrans est un véritable colosse, dont le couronnement, élégamment festonné d’une génoise, supporte la route qui relie Mur-de-Barrez à Sainte-Geneviève-sur-Argence. Ce géant de béton des années trente est le plus important ouvrage du bassin hydraulique Lot-Truyère. Avec ses 105 mètres de haut, ses 220 mètres de longueur de crête et sa retenue de 35 kilomètres de long, les dimensions de ce barrage-poids le confirment. Ici, les ingénieurs de l’époque n’ont pas fait dans la demi-mesure.

Un air de Scandinavie

Lorsque l’on se trouve, au beau milieu de la retenue de Sarrans, sur l’étonnante et majestueuse presqu’île de Laussac, il suffit d’admirer quelques instants les paysages, de prendre une bonne bouffée d’air pur nord-aveyronnais, puis de fermer les yeux, pour se projeter quelque part en Scandinavie, dans la région des Mille lacs en Finlande ou dans l’un des innombrables fjords de la côte norvégienne. Ici, la nature a pleinement repris ses droits et force l’admiration, tant l’ensemble est harmonieux. Presque comme si ces paysages, façonnés par la main des hommes, à une époque où l’on commençait tout juste à s’habituer aux premiers téléphones à cadran, avaient toujours existé.

Un ensemble gigantesque

Sarrans constitue un ensemble gigantesque. Implantée au pied du barrage, l’usine hydroélectrique comprenait à l’origine trois groupes de turbines de 40 MW chacune. Du belvédère aménagé sur les hauteurs du barrage, l’ensemble est vertigineux et donne une réelle vision de l’importance de cet équipement, doté d’un quatrième groupe de 63,5 MW au début des années 80.

Profitant d’une vidange complète, le barrage fut percé dans toute son épaisseur pour faire passer une nouvelle conduite d’eau. Une opération extrêmement délicate, réalisée grâce à un engin autrichien spécialisé dans le percement de tunnels. Plus récemment, EDF a profité de la vidange de 2014, pour ouvrir dans la roche une nouvelle galerie de vidange et d’évacuation des crues de 120 mètres de long et 5,5mètres de diamètre. Un chantier là encore titanesque de 25 millions d’euros.

L’un des plus grands lacs artificiels de France

Dans ces années compliquées, qui suivirent la grande guerre, les installations de Brommat et Sarrans étaient appelées à constituer un puissant complexe hydroélectrique qui réclamerait la mobilisation d’une importante main-d’œuvre et d’immenses chantiers dont la population aveyronnaise ne mesurait guère l’ampleur. Les moyens techniques, humains et financiers mis en œuvre par la Société des forces motrices de la Truyère, avec le soutien logistique de la Société générale d’entreprises, furent à la hauteur des travaux.

Les ingénieurs rencontrèrent d’emblée des difficultés de transport car l’emplacement escarpé du barrage n’était desservi que par des chemins muletiers escarpés. Mais ils avaient pleinement mesuré les conséquences de leur choix, sur cette entrée des gorges de la Truyère, constitué d’un défilé très resserré, avec un à-pic de granit, sur lequel le barrage viendrait solidement et durablement s’appuyer. Retenant 300 millions de m3 d’eau, sur plus de 35 km, qui font de Sarrans, l’un des plus grands lacs artificiels de France.