La maternité de Decazeville dans la plus grande incertitude

  • Au sein de l’hôpital de Decazeville, on attend avec impatience et inquiétude les conclusions administratives et judiciaires des procédures en cours.
    Au sein de l’hôpital de Decazeville, on attend avec impatience et inquiétude les conclusions administratives et judiciaires des procédures en cours. Centre Presse Aveyron
Publié le , mis à jour
F.C.

Voilà un mois qu’un double décès venait endeuiller une famille et l’établissement decazevillois. Depuis, silence radio complet ou presque sur les procédures en cours.

Voilà un mois qu’une maman et son bébé décédaient lors d’un accouchement à la maternité de Decazeville. Un mois plus tard, les enquêtes administratives et judiciaires, ouvertes par l’Agence régionale de santé (ARS) et le Parquet de Rodez, sont en cours et aucune information officielle n’a filtré.

Le service gynécologie-obstétrique de l’hôpital de Decazeville reste donc fermé jusqu’à nouvel ordre. L’activité y est des plus réduites, quasi inexistante, même dans le suivi prénatal, pourtant autorisé par la tutelle. Le personnel, notamment les sages-femmes, s’interroge sur son avenir. Tout particulièrement les contractuelles, qui ne cachent apparemment pas leur intention de rechercher un nouveau poste, ailleurs. Avis d’experts ? Concernant les procédures en cours, un rapport «initial» sur les faits qui se sont déroulés dans la nuit du 5 au 6 octobre dernier a été remis par l’ARS à la direction de l’hôpital. Cette dernière, avec le personnel médical présent au moment du drame, s’est attachée à répondre aux nombreuses questions posées. À partir de là, les services de l’ARS se réservent le droit se saisir au besoin un panel de médecins gynécologues plus à même de dire si une faute médicale a été commise ou pas.

En parallèle, le résultat des autopsies pratiquées sur les corps de la maman et de son bébé aurait été passé au peigne fin. En attendant, c’est donc la plus grande des incertitudes qui règne au sein de l’établissement decazevillois. Du côté du syndicat CGT Santé, si on reste logiquement très prudent, on regrette la durée de la procédure. "On aimerait savoir le plus rapidement possible sur quel pied danser. Mais pour le moment, on ne sait rien. Et plus cette situation d’incertitude se prolongera et plus le malaise s’amplifiera. On craint la stratégie du pourrissement."

"Le mal est déjà fait"

Le syndicat n’écarte évidemment pas l’éventualité d’une faute individuelle. Mais tout en soulignant qu’"ailleurs, une faute individuelle serait suivie d’une sanction individuelle. Ici, s’il y a eu faute individuelle, la sanction concernera tout le service." Et d’aucuns de considérer d’ores et déjà que "le mal est fait". Car avec moins de 178 accouchements à présenter à la tutelle sur l’année 2016, la maternité de Decazeville va se retrouver totalement hors des clous si l’on s’en tient à la sacro-sainte barre des 300 accouchements par an qui sont exigés pour, paraît-il, garantir la sécurité. Sans parler de l’image négative qui risque de coller à l’établissement, même en cas de dédouanements administratif et judiciaire.

La chirurgie menacée ? À regarder les choses en face, sans langue de bois, il est bien évident que l’ARS, quoi qu’elle en dise (lire plus bas), est sur le point d’atteindre le but qu’elle recherche depuis la fin des années 90 : fermer la maternité de Decazeville. Et même si, comme le soulignent les représentants syndicaux, le sort du service de chirurgie est directement lié à celui de la maternité: le naufrage de l’une entraînerait la noyade de l’autre. Ou comment, petit à petit, et pour élargir le propos, on se dirige vers l’objectif ultime de la tutelle : un seul hôpital par département.

Comme le fait remarquer, non sans un certain cynisme, une personnalité proche du dossier : "Villefranche, Millau, Saint-Affrique, quelle que soit la situation actuelle de ces hôpitaux, bonne, mauvaise ou excellente, leur tour viendra, à un moment ou à un autre, parce que les décideurs en auront décidé ainsi, par des moyens directs ou détournés. C’est déjà le cas dans le Lot voisin avec Cahors qui reste aujourd’hui le seul et unique véritable hôpital de ce département."

Jointes par téléphone, la direction de l’hôpital n’a pas souhaité s’exprimer. De son côté, le Parquet a simplement affirmé être «toujours en quête de la vérité».

Et pendant ce temps, on évacue sur Rodez

Comme un sale clin d’œil du destin, dans la nuit de dimanche à lundi, soit tout juste un mois après le double décès à la maternité de Decazeville, les sapeurs-pompiers ont dû évacuer en toute urgence vers l’hôpital de Rodez une maman du Bassin sur le point d’accoucher. Il s’en est fallu d’un rien que l’accouchement ne se produise en chemin, avec les dangers qu’une telle situation auraient pu représenter.

Mais, aux yeux de quelques-uns, certains risques sembleraient plus acceptables que d’autres. Ainsi, le "no man’s land" gynécologique que pourrait créer la disparition de la maternité de Decazeville sur un secteur Smur relativement étendu n’apparaît sûrement pas assez dangereux pour bouleverser les plans établis.

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