Un Aveyronnais avec Thomas Pesquet sur le pas de tir de Baïkonour

  • Au Kazakhstan, sur le pas de tir, Sébastien Rouquette, natif du Bassin, vit un rêve éveillé aux côtés de l’astronaute Thomas Pesquet, qui s’apprête à s’envoler vers la station spatiale internationale.
    Au Kazakhstan, sur le pas de tir, Sébastien Rouquette, natif du Bassin, vit un rêve éveillé aux côtés de l’astronaute Thomas Pesquet, qui s’apprête à s’envoler vers la station spatiale internationale. Reproduction photo S.R.
  • Le jour se lève sur la zone de lancement, d’où l’astronaute français Thomas Pesquet va rejoindre l’espace et la station spatiale internationale, avec ses deux compagnons de mission. Reproduction photo S.R.
    Le jour se lève sur la zone de lancement, d’où l’astronaute français Thomas Pesquet va rejoindre l’espace et la station spatiale internationale, avec ses deux compagnons de mission. Reproduction photo S.R. Reproduction photo S.R.
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Joël Born

Sébastien Rouquette fait partie de la petite délégation du Cnes qui représente l’agence spatiale française et accompagne le jeune astronaute Thomas Pesquet.

Sur sa page Facebook, ses amis toulousains et decazevillois peuvent suivre son périple au Kazakhstan. D’Astana au cosmodrome de Baïkonour. Au cœur de l’Asie centrale. Sébastien Rouquette a souvent la tête dans les nuages et les étoiles. Responsable du programme de vols paraboliques au Centre national d’études spatiales, ce quadragénaire decazevillois (sa famille réside à Livinhac-le-Haut), également adepte des vols en planeur, est en train de vivre un rêve. Chargé du développement des « expériences éducatives », dans le cadre de la mission de l’astronaute français Thomas Pesquet, il a la chance et le bonheur de faire partie de la délégation du Cnes, pour représenter l’agence spatiale française à Baïkonour.

Beaucoup d’émotion

De ces terres pas franchement touristiques, où le temps semble s’être arrêté il y a de cela plusieurs décennies, Sébastien Rouquette nous a adressé ses premières impressions kazakhes. Un vivant témoignage, à quelques heures du lancement de la fusée qui conduira Thomas Pesquet et ses deux compagnons de mission, l’Américaine Peggy Whitson et le Russe Oleg Novitsky, jusqu’à la station spatiale internationale. Cinquante-cinq après Youri Gagarine, Thomas Pesquet va donc être envoyé dans l’espace du même site de lancement.

« C’est une émotion particulière d’être là cette semaine. D’abord l’espace est un rêve depuis longtemps, raconte Sébastien. J’ai fait la sélection pour devenir astronaute en 2008, comme Thomas. J’ai travaillé avec lui après sa sélection lorsqu’il est venu goûter à l’impesanteur dans notre avion parabolique. Et je travaille au Cadmos, ce service du Cnes, qui prépare des expériences pour sa mission. Je pense aussi à mes collègues qui sont restés en France et qui, pourtant, ont travaillé dur près de 2 ans, pour préparer ces expériences scientifiques. »

Sur les pas de Gagarine

Le fils de sidérurgiste decazevillois évoque le souvenir de Gagarine « le fils d’ouvrier devenu cosmonaute, symbole de l’humanité. C’est un modèle et un rêve qui m’ont porté depuis longtemps, avec Tintin et Jules Verne. Je suis sur ces terres légendaires connectées à l’espace. Mais Baïkonour n’est pas la Floride. Le contraste est saisissant. 50 ans de décalage horaire. Ici, la terre est hostile, presque autant que l’espace.

La steppe à perte de vue, les arbres chétifs, la terre sèche et poussiéreuse qui semble aussi stérile que le sol martien. Les hivers polaires (ils annoncent -15 °C au moment du lancement). La ville est usée, vétuste, effondrée et à l’abandon par endroits. Le chauffage collectif fonctionne au charbon (l’odeur lui rappelle le Decazeville de son enfance) et il est distribué dans des tuyaux qui sillonnent la ville. Et c’est là, pourtant, que depuis 55 ans la technologie russe projette en toute confiance dans l’espace les nouveaux explorateurs terrestres. »

Le jour se lève sur la zone de lancement, d’où l’astronaute français Thomas Pesquet va rejoindre l’espace et la station spatiale internationale, avec ses deux compagnons de mission. Reproduction photo S.R.
Le jour se lève sur la zone de lancement, d’où l’astronaute français Thomas Pesquet va rejoindre l’espace et la station spatiale internationale, avec ses deux compagnons de mission. Reproduction photo S.R. Reproduction photo S.R.

« Bien sûr, j’aimerais être à sa place »

« Voir le lanceur sortir de son hangar est un moment puissant. Il montre d’abord ses tuyères, puis se dévoile entièrement, emmené par une locomotive qui siffle de temps en temps, poursuit Sébastien. On est à 2 mètres de ce vaisseau, presque à son contact. On le sent déjà vibrer. Le jour se lève et il se révèle à l’arrivée sur la zone de lancement. Lentement il se tend vers le ciel. Les privilégiés que nous sommes profitons du moment avec délectation et joie. Les familles, les amis et les collègues sont réunis. 

C’est comme si nous aussi, de manière imagée, nous avions érigé Thomas à sa stature d’astronaute. Par sa formation, par les encouragements des proches et le travail des ingénieurs. Tous ces chemins se retrouvent mêlés au pied du lanceur pour conduire cet homme à son destin cosmique. Bien sûr, j’aimerais être à sa place. Mais c’est une joie et une certaine fierté que de faire partie de cette petite équipe. Dans 2 jours, il aura définitivement quitté sa condition de terrien.

Et nous serons, à jamais, à la fois indissociables et aux antipodes de nos trajectoires. Il va disparaître à l’horizon et moi je serai là, posé sur le sol, ancré dans la Terre, subjugué par la fulgurance du décollage, devenu insignifiant au milieu de la multitude et lui en route vers les étoiles, prochain arrêt Proxima. Alors, je prendrai le chemin du retour. Je serai revenu en France juste à temps pour assister à son arrivée dans l’ISS 2 jours plus tard, après déjà 34 tours de terre. Proxima c’est un peu le tour du jour en 80 mondes. Et durant 6 mois je sais que Thomas aura pour chacun de nous un peu de ce voyage extraordinaire. »


 

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