Les derniers résidents de l’abbaye de Bonnecombe tournent la page

  • La fraternité de l'abbaye de Bonnecombe est sur le départ.
    La fraternité de l'abbaye de Bonnecombe est sur le départ. José A. Torres
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ph.h.

Après plusieurs décennies d’occupation des lieux, les membres de la fraternité doivent les quitter au mois de janvier.

En hiver, le soleil se couche plus tôt qu’ailleurs sur l’abbaye de Bonnecombe. Encaissé dans la vallée du Viaur, baigné par une lumière pâle, l’édifice cistercien, austère et imposant, n’accueillera plus à partir du mois de janvier ses derniers résidents. La fraternité qui vit à Bonnecombe, pour certains membres depuis 1998, quitte ainsi les lieux pour rejoindre le diocèse de La Rochelle et de Saintes, en Charente-Maritime. « Cette décision est le fruit d’une longue réflexion menée en lien avec Mgr Fonlupt », assurent les membres de la fraternité.

Aujourd’hui, le petit groupe n’occupe qu’une partie du domaine. Ailleurs, « le bâtiment nous tombe dessus, déplore Murielle Gauthier, présidente de l’association Notre-Dame de Bonnecombe. Mais on est des durs à cuire. Nous sommes restés tant que nous le pouvions… » Pour les membres de la fraternité, « ce départ n’est pas un renoncement ». « Nous ne partons ni amers, ni déçus », assurent-ils. Dans le dédale de l’abbaye dont la surface couvre plus d’un hectare et demi, les résidents de Bonnecombe ont tenté de maintenir l’édifice « en bon état ». Avec abnégation, ils ont patiemment restauré des pièces entières de l’abbaye cistercienne. Durant plusieurs années, ils ont ainsi entrepris la rénovation de l’ancien cellier. Quand le reste des bâtiments subit les affres du temps. Malgré toute leur bonne volonté, les membres de la fraternité n’ont pu compter sur beaucoup de soutien. « Nous n’avons pas trouvé un enthousiasme suffisant pour relever le défi de la préservation de ce grand bâtiment », déplorent-ils. Pourtant, les projets n’ont pas manqué : organisation de soirées, projet de création de chambres d’hôtes...

Les habitants de Comps-la-Grand-Ville et alentour ont apporté leur aide quand ils en avaient l’occasion pour faire vivre l’abbaye. Mais « l’onde de choc » provoquée en 2011 par les aveux forcés de l’ex-moine Pierre-Albert Etienne, qui avait reconnu 57 agressions sexuelles sur mineurs entre 1986 et 2000 et vécu quelques années à Bonnecombe, jette aujourd’hui encore l’opprobre sur ces lieux. « Malheureusement, l’endroit est fortement imprégné de ces faits », se désole Murielle Gauthier. « L’arrivée du nouvel évêque Mgr François Fonlupt, en 2011, a permis de ne pas nous enfermer dans un rôle de gendarmes de l’église catholique », explique la présidente de l’association. Grâce à l’action de Murielle Gauthier, du père Jean-Baptiste Tison et d’autres membres de la fraternité, la vérité a pu éclater au grand jour. Ils en ont payé le prix fort.

En Charente-Maritime, les cinq derniers occupants de Bonnecombe assureront désormais « des services très larges, missionnés par le diocèse ». Quel avenir pour l’abbaye cistercienne ? La question reste entière. Après avoir été occupée pendant près de neuf siècles, l’anniversaire de sa fondation sera célébré le 3 janvier prochain. Ces lieux séculaires vont-ils tomber dans l’indifférence ? « Nous n’avons été qu’un maillon de la chaîne, raconte le père Jean-Baptiste, mais nous avons été imprégnés du riche passé de ce site. L’histoire continuera de s’écrire après nous. »

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