Aveyron : ces anciens chômeurs qui deviennent entrepreneurs

  • Depuis quelques mois, Ophélie Héliès sillonne les routes de l’Aveyron, et de plusieurs autres départements, pour rendre visite aux porteurs de projets soutenus financièrement par l’Association pour le droit à l’initiative économique.
    Depuis quelques mois, Ophélie Héliès sillonne les routes de l’Aveyron, et de plusieurs autres départements, pour rendre visite aux porteurs de projets soutenus financièrement par l’Association pour le droit à l’initiative économique. Joel Born / Centre Presse Aveyron
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Centre Presse Aveyron

Depuis 8 mois, l’Adie conduit un programme pilote d’aide à l’insertion par la création d’entreprise en zone rurale. L’un des deux premiers contrats à impact social. Pour une société plus solidaire.

Ophélie a l’habitude de sillonner les routes de l’Aveyron. Mais aussi celles de la Lozère, du Cantal, de la Haute-Loire et d’une partie du Puy-de-Dôme. Autant dire qu’il est rare de la croiser dans le bureau de l’Adie, à la Maison commune Emploi Formation de la rue Béteille, à Rodez.

Depuis la fin des années 80, l’Association pour le droit à l’initiative économique a fait du microcrédit son arme préférée. Installée en Aveyron depuis une quinzaine d‘années, l’Adie rayonne désormais sur un territoire beaucoup plus vaste. Depuis quelques mois, cette association qui s’est donnée pour mission de soutenir et accompagner ceux qui sont « exclus » des systèmes bancaires de financement classiques, conduit un programme pilote d’aide à l’insertion par la création d’entreprise en zone rurale.

L’un des deux premiers contrats à impact social, signés par le gouvernement, dont l’objectif annoncé est de tendre vers une société plus solidaire. 

Au plus près du quotidien des gens

Aveyronnaise d’origine, Ophélie Héliès n’est pas en terre inconnue. Après avoir partagé une expérience sur le microcrédit en Inde, elle a œuvré, pour l’Adie, dans des quartiers montpelliérains, pendant plusieurs années. "À l’origine, nous avions très peu d’implantations en zones rurales. On était plusieurs collègues à se dire qu’on avait des demandes dans ces départements et qu’on ne savait pas comment les traiter, raconte la jeune femme. Nous avons eu la volonté de fonctionner différemment. Rencontrer les gens à leur domicile, plutôt que de les recevoir dans un bureau, cela a plus de sens, on est plus crédibles. Aujourd’hui, nous sommes complètement itinérants. Ce matin, par exemple, j’étais à Saint-Geniez. Sur le terrain, on perçoit mieux la réalité, le quotidien des gens que nous aidons."

Chômeurs de longue durée, bénéficiaires du RSA, mères isolées, travailleurs pauvres mais également entrepreneurs rencontrant des difficultés de trésorerie. Les profils des personnes aidées par l’Adie sont très divers. "Il y a des gens très diplômés, d’autres qui ne savent pas lire, ni écrire… Certains cumulent plusieurs jobs pour s’en sortir. Nous rencontrons de plus en plus de personnes qui se trouvent en dehors des circuits."

Quarante dossiers en Aveyron en 2015

Les prêts accordés par l’Adie peuvent varier de 100 € à 10 000 €. Chaque année, l’antenne aveyronnaise (elle est soutenue par la Fondation Avril et le conseil départemental) finance entre 50 et 100 projets, avec une moyenne de prêts de 3 000 euros. En 2015, l’Adie a validé une quarantaine de dossiers aveyronnais. Comme ceux d’Anfane, le plaquiste decazevillois, d’origine mahoraise ; Hélène, l’artisan du cuir sévéragaise ; Bruno, le réparateur multimédia et bricoleur de génie du Vibal ; ou Jacky, ce passionné de chevaux et de balades en calèche.

"Plusieurs financements sont possibles. L’objectif, c’est qu’ils deviennent bancarisables", explique Ophélie. Avant de préciser qu’un euro investi localement par l’association pour le droit à l’initiative économique permet à l’État d’économiser 2,30 euros. Seule salariée de l’Adie, Ophélie est secondée dans sa tâche par quelques bénévoles. D’anciens chefs d’entreprises, banquiers ou comptables.

59 % de taux de réussite, 84 % de taux d’insertion

"Des fois, il ne faut pas grand-chose pour démarrer, mais il faut un accompagnement, précise encore Ophélie. En fonction des besoins, on peut aussi orienter les gens vers d’autres structures ou organismes." Le suivi de chaque porteur de projet est assuré, a minima, durant toute la durée du prêt, 18 mois en moyenne. Avec, au bout du compte, un taux de réussite de 59 % à 3 ans, et, surtout, un taux d’insertion de 84 %. Avec quelques très bons exemples d’entrepreneurs qui sont partis de rien et qui ont aujourd’hui plusieurs salariés. "Mais ce n’est pas vraiment l’objectif, s‘empresse de prévenir la représentante de l’Adie. Le but principal est que les gens aidés puissent démarrer une activité et disposent d’un revenu."

Adie Aveyron. Ophélie Héliès. 06 71 60 29 38.

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