Hier encore... Histoire de crèches

L’initiative avait pris forme dans les années 1990, sous l’égide de la Mission départementale de la Culture. Tous les ans, c’étaient plus de 30.000 visiteurs (36.000 en 1997) qui venaient du plus loin du département admirer l’imposante « crèche de Rodez » sous la voûte de la chapelle de l’ancien Collège Royal. Aménagée, derrière le grand portail d’entrée, elle occupait une plate-forme de 80m2. En 2000, on dénombrait plus de 250 santons. Leur immobilité de terre cuite contrastait avec les mouvements saccadés des automates représentant la vie d’un village d’autrefois, plus aveyronnais que galiléen. Le meunier écrase le grain sous la meule, le forgeron bat le fer sur un foyer de braises rougies sous l’effet d’un lumignon, le charpentier rabote une pièce de bois, à ses pieds un tas de copeaux, la lavandière bat son linge, agenouillée au bord d’un ruisseau qui, devenu rivière, attire un pescofi et son panier d’osier. L’ensemble demandait une longue préparation occupant 2 techniciens, bien en deçà de sa mise en place qui avait lieu à la mi-décembre pour durer jusqu’aux alentours du 10 janvier. Certains samedis, proches des fêtes, il était difficile de s’approcher pour jouir du spectacle scintillant des mille points lumineux convergeant vers l’éclatante étoile de la crèche. Selon les jours, des animations venaient ponctuer la visite. En même temps, les accents de l’orgue de barbarie invitaient à la générosité grâce à une urne présente à la sortie et dédiée aux Restos du Cœur. En 2003, la mairie de Villefranche-de-Rouergue voulut partager la belle galette départementale, apportée par les rois mages, et c’est la Bastide qui accueillit cette belle réalisation.

Jusqu’en 1971, il existait également une autre crèche qui aurait pu rivaliser avec celle de la cité par le succès qu’elle recueillait. Elle occupait toute la chapelle dédiée à Sainte Thérèse, dans l’église du Sacré-Cœur. L’œuvre était le fruit de Milou Mercadier, le sacristain de la paroisse. Un chef-d’œuvre d’application. En son centre une petite boîte contenant un mécanisme donnait vie à la scène. Il suffisait d’y glisser une pièce de 20 centimes pour voir s’animer l’étoile des bergers. Elle scintillait, dans un firmament de papier azur, guidant le parcours chaotique qui amenait les pèlerins jusqu’à l’embrasement lumineux de la grotte où reposait le divin enfant. Lentement, les luminaires environnants vacillaient, la lumière baissait, la nuit se faisait et les notes d’un petit cantique s’égrenaient sous le regard émerveillé des enfants.