Aveyron, Agriculture : 2016, une année rude pour le monde agricole

  • A plusieurs reprises cette année, les agriculteurs ont manifesté leur mécontentement.
    A plusieurs reprises cette année, les agriculteurs ont manifesté leur mécontentement. archives José A. Torres / Centre Presse Aveyron
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Philippe Routhe

Retour sur une année 2016 marquée par les mauvaises nouvelles dans le milieu agricole.

Une année qui va laisser des traces. Dans le domaine agricole, cette année 2016 fait partie de celles qu’il faut oublier. Ou plutôt de celles dont il faut savoir tirer les enseignements. Il faut dire en effet que tout au long de l’année, les agriculteurs ont été mis à rude épreuve. Tour d’horizon.

Grippe aviaire

Dès le début de l’année, un arrêté oblige les exploitations avicoles du grand sud ouest à vider leurs installations. Objectif : éradiquer le virus H5 N8 de la grippe aviaire qui décime les bandes de canards. L’Aveyron, alors qu’aucun foyer infectieux n’a été détecté se retrouve dans la boucle. Au printemps, les exploitations sont vides. Et l’activité reprend au milieu de l’été. À Cruéjouls, un cas de grippe aviaire est, à nouveau, détecté. 11000 canards sont abattus. Puis, en fin d’année, un foyer infectieux est détecté dans le Tarn. L’Aveyron est à son tour touché. La filière touche alors du bois pour que l’épidémie ne décime pas à nouveau les exploitations. Ce qui semble le cas. Comme le souligne Jean-Claude Virenque, président d’Unicor, abritant la plus importante filière de palmipèdes en Aveyron : "Les agriculteurs ont fait énormément de choses pour mettre leurs exploitations aux normes. On ne peut pas faire plus".

Fièvre catarrhale ovine

L’impact de la vague d’épidémie de FCO qui a sévi dans le centre de la France résonne toujours en Aveyron. L’année avait débuté avec un marché de Laissac quasiment déserté, la faute aux blocages des exportations vers l’Italie et le marché turc. Effondrement des cours, exploitants bloqués avec leur cheptel : la situation était des plus moroses. Onze mois après, la situation ne s’est guère détendue. À ce jour, hormis la pointe bretonne et le nord de la France, le pays est en zone réglementée.

Lait

La tension sur le marché du lait n’est toujours pas descendue (à l’inverse du prix serions-nous tentés d’écrire). En milieu d’année, des manifestations ont éclaté pour une revalorisation du prix du lait, sur un air de déjà entendu...

Soucis avec l’administration

Le solde des paiements Pac et la sortie d’une partie des communes aveyronnaises des zones montagnes sont deux faits qui ont obligé les agriculteurs à montrer les tracteurs. Pour le premier, la situation est en voie de résolution en cette fin d’année. Les agriculteurs aveyronnais se sont tout de même laissé entendre dire que la proposition de la Direction du territoire à Rodez pour tenter d’arranger la situation, n’était pas compatible avec les logiciels informatiques de la Direction régionale. De quoi sérieusement s’agacer. Quant au deuxième point, il est le résultat d’une demande de l’Europe à la France de revoir sa géographie des zones de Montagne. Résultat, une centaine de communes étaient rayées de la carte et les subventions pour les exploitations avec. Élus et agriculteurs ont décidé de faire front. La bataille se poursuivra en 2017.

Loup

La présence du loup en Aveyron est un sujet qui hérisse de plus en plus les agriculteurs. Les attaques de troupeaux se sont multipliées durant l’année, essentiellement dans le sud du département. Entre janvier et septembre, vingt-quatre attaques ont été recensées quarante-quatre animaux tués. Pour dix de ces attaques, la présence du loup n’est pas « écartée ». À plusieurs reprises, les agriculteurs, de la Confédération paysanne ou de la FDSEA, sont montés au créneau pour que des mesures fortes soient prises. Dernier fait e date, le préfet a rappelé l’autorisation de tirs d’effarouchement.

Météo

Après la sécheresse de 2015, dont le dossier de reconnaissance en calamité agricole a fait sortir les agriculteurs de leurs gonds pour la défense de plusieurs zones du département, la météo 2016 n’a guère été plus clémente. Les pluies incessantes du printemps ont contrarié la récolte, obligeant la plupart des agriculteurs à entamer des stocks prématurément.

Les hommes

2016 sera notamment l’année choisie par Dominique Barrau pour cesser ses fonctions de secrétaire général de la FNSEA. En septembre en effet, il annoncé sa démission à six mois du renouvellement du bureau national, "pour des raisons personnelles".

Sur le plan politique, le début de l’année a vu Nicolas Sarkozy, patron du groupe Les Républicains, faire un détour dans le Lévezou, pour rencontrer quelques agriculteurs avant de filer vers Montpellier dédicacer son livre.

Sur le plan départemental, si Dominique Fayel pour la FDSEA est souvent monté au créneau, Laurent Reversat, pour la Confédération paysanne, a également fait entendre sa voix en cette année 2016. Notamment sur deux problématiques : le loup et Roquefort. Roquefort ou la disparition des quotas au profit du paquet lait, privilégiant la contractualisation de chaque producteur directement avec le fabricant, fait craindre la disparition de la notion collective.

Livres

Enfin, deux ouvrages aveyronnais sont parus en 2016 avec pour toile de fond l’agriculture. « Passion et engagement paysans » d’une part, rédigé collectivement par René Bécouze, Bérengère Carel et Eva Dz retrace l’histoire de l’agriculture en Aveyron de 1945 à 2015, au travers de différents témoignages.

Puis, "Les oubliés de l’agriculture" qui retrace, lui, cinquante années d’histoire sur les salariés agricoles. Il est signé Bernard Gauvin.

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