Comment stopper la chute vertigineuse du trafic aérien à Rodez ?

Alors que la direction de l’aéroport Rodez-Aveyron vient d’annoncer l’ouverture de huit nouvelles destinations au départ de Rodez, un chiffre interpelle. Celui du nombre de passagers qui a considérablement chuté, ces dernières années, passant de plus de 156 000 en 2012 (année faste pour les vols internationaux low-cost avec plus de 88 500 passagers) à environ 70 000 l’an passé.

Une chute vertigineuse et passablement inquiétante. En 2015, l’aéroport avait enregistré près de 106 000 passagers, dont près de 50 000 pour les vols low-cost. En 2016, donc, ils n’étaient plus que 70 000 passagers dont environ 28 000 à l’international, seulement. Une perte particulièrement conséquente, de 36 000 passagers, due à l’arrêt de la ligne Rodez-Londres par Ryanair (26 000 passagers de moins) et à la chute de la fréquentation (10 000 passagers) de la ligne Rodez-Paris. 

« Très compliqué »

Le nouveau directeur de l’aéroport, Eric Bommetton, ne cherche pas de fausses excuses. « Eastern Airways est moins connue que Hop ! et quand il y a la perte sèche d’une ligne, on ne peut rien faire.C’est une simple soustraction. Le low-cost, c’est le low-cost. L’importante baisse depuis 2013 s’explique principalement par la fermeture des lignes de Ryanair. Est-ce que cela va continuer ? Que va-t-il se passer en 2018 ? C’est extrêmement compliqué. »

« Les passagers que l’on a perdus, c’est essentiellement du low-cost estival, poursuit le directeur de l’aéroport. C’est une bataille de tous les jours pour récupérer des compagnies. Ryanair est très exigeant pour le taux de remplissage et ils ont énormément de demandes... » Ce taux de remplissage était de l’ordre de 75 % pour les Rodez-Londres. Insuffisant pour la compagnie à la harpe celtique.

« Casser cette spirale »

Eric Bommetton en convient : « On est au plus bas. Il faut casser cette spirale. Notre objectif est de toujours aller plus haut... » Pour la direction de l’aéroport aveyronnais, il s’agit, d’abord, de regagner des passagers sur les vols internationaux. En 2016, les vols Ryanair sur Dublin et Charleroi ont progressé de 8 %. « En 2017, si on arrive encore à gagner 5 %, je serai content. » Pour les vols sur Paris, Eric Bommetton vise une augmentation du trafic de l’ordre de 10 %, en espérant récupérer la moitié des 10 000 passagers perdus en 2016. « Avec Hop !, nous avions des soucis de fiabilité, de régularité. Nous avons réglé ce problème mais avec Eastern Airways, les prix ont légèrement augmenté et il nous faut les réajuster. »

Qui plus est, l’aéroport ruthénois doit faire face désormais, à la concurrence de Hop !, au départ des aéroports «voisins» d’Aurillac et Brive-Souillac... Un casse-tête ! « On y travaille, mais l’on n’est pas sur du low-cost et il n’y a pas véritablement de tarifs, c’est comme à la SNCF pour le TGV. Si vous êtes pressés, la compagnie vous fera payer. On a trois allers et retours par jour, avec une grande amplitude de 6 h 45 à 21 heures. C’est un service très important pour les Aveyronnais. »

Et le directeur de l’aéroport de Rodez-Aveyron de faire la démonstration en direct que la compagnie britannique propose des billets aller pour Paris à moins de 90 €, le mercredi. Et des allers-retours à 240 €, du dimanche au mardi. Au bout du compte, Eric Bommetton se veut toutefois raisonnablement optimiste, avec l’objectif avoué de retrouver 80 000 à 90 000 passagers en 2017. « Les choses basculent vite. Et on se bat, au quotidien, pour récupérer de nouvelles lignes. » Vers l’Europe du Nord, par exemple.