A Rodez, le loup s’invite au congrès national ovin
Il fallait s’y attendre. Il avait beau ne pas faire officiellement l’objet d’un débat lors de ces trois jours de congrès de la fédération nationale ovine à Rodez, le loup s’est invité. Et cela fut parfois houleux.
« Dans nos échanges à huis clos, il y avait beaucoup de projets intéressants sur lesquels débattre, et on a passé deux heures sur le loup, et on s’est engueulé » résume la présidente de la FNO, Michèle Boudouin. Traduisant toute l’énergie que puise cette question de la prédation des troupeaux, et toutes les tensions qu’elle génère aussi.
Vendredi en effet, les représentants agricoles aveyronnais, Dominique Fayel en tête, ont dû montrer les crocs. Car si sur le fond du sujet, tout le monde au sein de la filière ovine est d’accord pour mener une bataille contre le loup, la démarche entreprise par le département le plus moutonnier de France, a exacerbé les tensions.
En effet, le résultat de l’étude menée par l’Inra, à la demande de la préfecture de l’Aveyron, sur un secteur de 46 communes du sud Aveyron, démontrant la «non protégéabilité» des troupeaux sans des moyens financiers colossaux, « aberrants même », a pesé dans une négociation menée dernièrement à l’Elysée. Et cela fait grincer des dents.
« À la FNO, on ne peut accepter de principe d’inéquité. Tous les départements doivent être sur un même pied d’égalité », a lancé la présidente Michèle Baudoin, « même si je peux comprendre la position de l’Aveyron ».
Ce à quoi, Dominique Fayel a répondu, qu’au lieu d’en vouloir à l’Aveyron, la FNO ferait mieux de s’en prendre à Nicolas Hulot, le ministre de l’Environnement.
« On ne doit pas se laisser diviser par l’Etat » s’est agacée la présidente de la FNO, pour qui désormais le dossier pourrait avancer au niveau européen avec les demandes « de plus en pressantes de nombreux pays de déclassifier le loup d’espèce « strictement protégée » à « protégée ».
Si cet épisode a montré à quel point le sujet est sensible, il ne saurait toutefois cacher le dynamisme d’une filière ovine en quête de solutions pour trouver de nouveaux débouchés et attirer de nouveaux éleveurs. Ces jours-ci, il fut question de « plan de filière unique », ce qui était difficilement audible il y a quelques années à peine.
Lors de ce congrès, les éleveurs ovins se sont également interrogés sur le biais par lequel elle pourrait être plus présente au sein de la restauration collective. L’apport environnemental de ces élevages, situés pour 80 % d’entre eux dans des zones difficiles, offre également matière à encourager l’installation.
Au final, après trois jours plutôt dense, Thierry Agrinier et Jean-François Cazottes, chevilles ouvrières de ce 71e congrès national de la FNO, qui ont tenu à saluer la mobilisation des éleveurs locaux pour l’organisation, pouvaient souffler. Quand bien même le loup a-t-il fait hérisser quelques poils.
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