Salon des blogueurs : l’Aveyron en opération séduction

Quand je vois vos sourires, votre énergie, je comprends pourquoi mes enfants, qui ont à peu près votre âge, aiment lire des blogs avant de voyager. Ce sont peut-être les vôtres qu’ils lisent, d’ailleurs. » Pour accueillir les 250 blogueurs invités par le Département, le président Jean-François Galliard n’a pas caché son inexpérience digitale, avouant qu’en termes de voyage, sa référence était plutôt Chateaubriand et son « Voyage en Amérique ».

Devant un parterre de blogueurs francophones déjà conquis par l’Aveyron qu’ils ont sillonné depuis deux jours (notre édition d’hier), une vingtaine d’élus du territoire assistait au lancement officiel du Wat 2018, la cinquième édition du salon qui, sur tous les plans, se veut être mémorable.

« 126 exposants, soit 16 de plus que l’an passé ; 250 blogueurs sélectionnés et invités, contre 100 l’année dernière : nous voulions marquer l’anniversaire, explique Xavier Berthier, organisateur et fondateur de l’événement. Nous voulions une destination avec une identité forte, et tout ce que nous voyons depuis deux jours, que ce soit les paysages, le patrimoine ou l’accueil, dépasse nos attentes. »

Sélectionné parmi une dizaine de candidatures, l’Aveyron a mis le paquet pour accueillir le Wat et ses acteurs. « Il a fallu se démarquer », concède Jean-Luc Calmelly, élu départemental et président de l’Agence touristique (ADT).

Si le Département a mis 40 000 € sur la table et s’est engagé à nourrir et loger les 250 blogueurs pendant trois jours (le transport et les nuitées supplémentaires restant à leur charge), l’Agence touristique - qui a piloté l’organisation - a allongé de 60 000 €. La communauté de communes et la mairie de Millau ont, à elles deux, ajouté 10 000 €. Un investissement lourd, les élus le reconnaissent. Mais qui en vaut peut-être la chandelle.

Plutôt que des campagnes d’affichage coûteuses et dont le retour est difficilement quantifiable, le Wat s’appuie sur des chiffres. Lundi soir, près de 5 millions d’internautes s’étaient penchés sur le #Wat18 sur le réseau Twitter uniquement. Aussi, si l’on s’en tient au nombre de visites mensuelles sur les sites des blogueurs présents (et donc en excluant leurs réseaux sociaux), l’Aveyron peut espérer toucher plus de 20 millions de personnes.

Difficile d’imaginer un meilleur canal de diffusion pour le département qui entend récolter les fruits de ce salon pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. « Comme le Tour de France, ce que j’aime dans ces événements, c’est “l’effet retard” », confiait Jean-François Galliard, venu à la rencontre de ces « influenceurs prescripteurs » dont il a pu mesurer toute l’aura.

Lola Cros/ Midi Libre