Pierre-Olivier Murat, président du Raf : « Neuf gars sur dix chialaient à la fin... »

  • Murat : « On sait faire, on est prêts »
    Murat : « On sait faire, on est prêts »
Publié le , mis à jour
Parayre Aurélien

Le président ruthénois, Pierre-Olivier Murat, revient sur cette saison et évoque l'avenir avant la dernière rencontre sans enjeu de l'exercice, ce vendredi soir face à Avranches (20 heures).

- Avez-vous digéré cette saison haute en couleurs, avec des émotions si fortes mais une dernière frustration immense du fait de ne pas monter en L2 ?

Franchement, je suis cool. D’une part parce qu’on est là où on ne nous attendait pas. Deuxièmement, parce qu’on sait qu’on a une équipe qui peut être taillée pour jouer la montée, puisqu’on va passer à rien du tout. Troisièmement, parce qu’au niveau administratif, ce qu’on aurait dû apprendre en trois ou quatre ans de National, on l’a appris en une saison. Donc on sait que si un jour ça nous arrive (de monter), on sait faire. On est prêts. Et ça, c’est hyper positif.

- À Noël, Rodez était champion d’automne avec trois points d’avance sur le deuxième et un match en retard. Ce scénario final, avec cette quatrième place, était-il crédible pour vous ?

À Noël, je pensais qu’on allait soit monter, soit être quatrièmes, avec un à trois points de retard car on n’avait pas eu de coup de mou ; on marchait sur l’eau. Or, dans une saison, tout le monde a un coup de mou. Ce qui a fait la différence, c’est la durée du nôtre.

- N’est-ce pas le pire des cas de figure d’échouer si près du but ?

Si on est positifs, on se dit qu’il ne nous manque pas grand-chose pour jouer la montée la saison prochaine, et si on est négatifs, on se dit que c’est la catastrophe. Mais moi, aujourd’hui, je sais avec quels joueurs je peux tenter d’accéder à la L2 et ce qu’il nous manque pour y parvenir.

- Que vous manque-t-il donc ?

On a seulement trois joueurs qui avaient déjà joué en National avant ! Donc il nous a certainement manqué de l’expérience, même si l’insouciance du groupe a été la force des débuts. Le match contre Marseille-Consolat (le 6 janvier, un match en retard), que l’on perd à la 93e minute (2-1) à Paul-Lignon alors qu’il y avait 1-1 et que nos jeunes voulaient aller chercher la victoire en est une illustration : à ce moment-là, il a manqué un joueur d’expérience qui dise « on ferme la maison ». Mais on aurait peut-être eu aussi moins de fraîcheur en début de saison, donc c’est un équilibre à trouver.

- Vous évoquiez le coup de mou de l’équipe, qui a été très long cet hiver. Pourquoi ?

C’est très simple : on a une profondeur de banc qui ne nous a pas permis de faire tourner massivement. Il y a eu une usure physique. Notamment en février et mars, où les joueurs étaient cuits. On a joué les six premiers mois en ne se gérant pas. Même quand on menait, on faisait un pressing dingue. On était en surrégime. Mais c’est ce qui a fait notre force également. Là aussi, c’est un équilibre à trouver.

- N’y avait-il pas également un aspect mental, dans le sens où ces hommes pas programmés pour jouer la montée ne savaient plus s’ils devaient d’abord conserver leur acquis ou se donner à fond quoi qu’il arrive ?

Non. Pour la plupart des garçons, monter avec Rodez était la seule chance de devenir professionnel. Je suis très proche des joueurs et je peux vous dire que neuf gars sur dix chialaient à la fin à Fos-sur-Mer (vendredi dernier, après la défaite 2-0 contre Marseille-Consolat, qui a fait s’envoler les rêves de L2). Et ça, on ne le simule pas.

- L’escapade à Tahiti, en Coupe de France, en novembre, au sortir de laquelle le Raf a perdu son invincibilité, ne vous laisse-t-elle pas des regrets ?

Tout le monde sait que je ne suis pas fan de ces trucs-là. Après, ce n’est pas Tahiti qui nous a fatigués. La semaine qui a été catastrophique, c’est celle passée dans le Nord avec trois matches en une semaine (mi-mars). C’est après ça que ça a plongé.

- Le mercato hivernal, dont l’objectif était aussi de préparer la saison prochaine, n’est-il pas également à incriminer ?

Un Khaled Ayari, ça va être notre meilleure recrue la saison prochaine, je l’annonce d’ores et déjà ! S’il reste, il va enquiller dix ou quinze buts. Malheureusement, il est arrivé blessé et avait été mal soigné dans le club bulgare dans lequel il jouait (le Lokomotiv Plovdiv). On a fait le choix de le soigner d’abord. Puis quand il joue, on se retrouve à dix au bout d’un quart d’heure… Michel Ramon, lui, n’a pas fait de préparation l’été dernier, mais sa qualité de pied, c’est L1-L2.

- Concernant la saison prochaine, en National 1 donc, sur quel budget travaillez-vous, sachant qu’il était d’1,8 million d’euros en début de saison et qu’il aurait avoisiné les 8 millions en L2 ?

Il ne devrait guère évoluer, à 100 000 euros près, sachant qu’on va finir la saison aux alentours de 2,1 millions d’euros ; ils ne sont pas tombés du ciel ! Beaucoup de clubs n’ont pas de structures en National. Moi, j’ai des joueurs dans les bureaux. Les 300 000 euros de plus (entre 1,8 million de budget prévisionnel et 2,1 millions à la fin), c’est grâce à Guillaume (Laurens), Benjamin (Guillermin) et Thomas (Escourbiac), qui sont allés les chercher. Et je ne m’écarterai pas de cette ligne. Cette année, nous avons accueilli 48 nouveaux partenaires. C’est énorme.

- Côté sportif, l’objectif sera-t-il de régénérer le groupe ou de le conserver au maximum ?

Les gens qui ont envie de partir, ils vont partir. C’est clair. Car notre force, c’est le groupe, donc il n’y a aucun joueur irremplaçable. Je sais que certains sont contactés, je ne serai pas un frein. Il faudra régénérer ce groupe, mais pas totalement. Dans l’idée, les joueurs que je voulais garder pour la L2, je vais les garder pour le National.

- À qui pensez-vous ? Et qui dispose d’un contrat courant plus loin que juin 2018 ?

(Rires) Je vais déjà en parler avec eux. On va avoir des rendez-vous. Dix joueurs ont des contrats qui couvrent la saison prochaine. Mais je veux aller très vite. Les « deadlines » seront très courtes car je veux que les joueurs coupent avec le foot pour revenir plus frais dans la tête.

- Garder des joueurs dont vous pensez qu’ils ont le niveau L2 signifie-t-il que l’objectif en 2018-19 sera la montée ?

Il faut arrêter de se cacher. Oui, l’objectif, c’est d’être en haut. À un moment donné, on s’est un peu trop cachés. En février, il fallait dire : « On joue la montée ». Donc on jouera clairement le haut. Ce sera l’objectif que je donnerai au coach.

- Justement, le match face à Avranches, ce soir, sera-t-il l’occasion pour le public ruthénois de dire au revoir à certains ?

Je ne sais pas.

- Et au coach Laurent Peyrelade, qui arrive en fin de contrat (mais qui ne peut entraîner en L2 ou au-dessus car ne disposant pas encore des diplômes requis) ?

Ah non. Je veux le conserver, Laurent. Je suis très content de son travail. C’est un très, très gros bosseur. On ne se rend pas compte, il passe des heures et des heures à préparer ses matches. Et comme les joueurs, il n’avait jamais entraîné en National. Donc lui, en un an, il aura peut-être progressé de trois ou quatre ans. S’il devait partir, ce serait une très, très grosse surprise.

- Après avoir touché du doigt la L2, est-ce que ce ne sera pas plus difficile de repartir en National ?

J’aurais répondu oui si on avait terminé dixièmes après avoir été champions d’automne. Car tu te dis que c’était éphémère, qu’il va falloir faire attention à la saison d’après… Mais jusqu’à présent, globalement, on ne s’est fait secouer par personne. On a perdu sur des petits trucs, mais on a été très costauds. De plus, on n’aura pas de pression. Car même si je dis qu’on jouera la montée, si on finit à nouveau quatrièmes, je ne couperai la tête à personne. On travaille ici dans une grosse sérénité.

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