Occupée depuis deux mois, l'université Jean-Jaurès à Toulouse évacuée par la police

  • Des graffitis sur un mur de l'université Jean-Jaurès à Toulouse le 30 avril 2018.
    Des graffitis sur un mur de l'université Jean-Jaurès à Toulouse le 30 avril 2018. AFP
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Centre Presse Aveyron

L'université Jean-Jaurès à Toulouse occupée depuis deux mois par des étudiants opposés à la réforme gouvernementale d'accès à l'enseignement supérieur, a été évacuée mercredi avant l'aube par quelque 200 policiers.

"Il n'y a eu aucun incident, il n'y a pas eu de blessé" pendant l'intervention policière, a déclaré sur place Frédéric Rose, le directeur de cabinet du préfet de Haute-Garonne. Cependant, vers 06H00, une heure après la fin de l'opération, une personne faisant partie des étudiants évacués "a été interpellée près de la gare", selon la préfecture. Lors son interpellation, elle "s'est rebellée" et "le dispositif de désencerclement du fonctionnaire (de police) a explosé accidentellement", la blessant légèrement de même que deux policiers, selon la même source.

Arguant de "troubles à l'ordre public" et de dégâts importants sur le site universitaire, le tribunal administratif de Toulouse, saisi par le syndicat UNI et quatre étudiants, avait ordonné l'évacuation. Depuis le 6 mars, plusieurs dizaines d'étudiants et de militants occupaient à tour de rôle deux bâtiments de l'université Jean-Jaurès (ex Le Mirail), dont ils avaient bloqué les accès avec des chaises et des tables.

Plusieurs camions de CRS ont débarqué à 03H45 aux abords de l'université, survolée par un hélicoptère. Quelque 180 policiers, selon M. Rose, sont intervenus, obstruant l'entrée de l'un des bâtiments occupés, et ont évacué une soixantaine de personnes, selon la préfecture. Encadrés par les policiers, les étudiants sont sortis par groupes, frappant dans leurs mains, scandant "libérez nos camarades" ou encore "Et l'université, elle est à qui? elle est à nous!".

"On savait que ça allait arriver car il y avait déjà plein d'universités évacuées", a déclaré à l'AFP un des étudiants évacués. "Il y a eu des coups de matraque, des coups de pied, des gens sont tombés à terre mais malgré ça, ils ont continué à marcher, à nous évacuer, des gens ont été piétinés", a rapporté cet étudiant en histoire, qui occupait le hall de l'autre bâtiment occupé. Les étudiants ont convoqué une Assemblée générale à 12h30 place du Capitole, où les cheminots sont appelés par Sud Rail à venir les soutenir. "On va continuer la mobilisation", a ajouté le même étudiant.

"Evaluation des dégâts"

 M. Rose a précisé qu'une "enquête pour dégradations" serait diligentée notamment pour "identifier les éventuels auteurs". "Place désormais à l'évaluation des dégâts commis afin que nous nous rendions compte de l'immense gâchis d'argent public, dans une université entièrement refaite, à grands frais, pour plus de 300 millions d'euros", a déclaré le maire LR de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, dans un communiqué, saluant l'intervention policière et le déblocage de "cette université qui demeurait traitée comme un espace de non-droit".

Sur le campus, "les dégâts sont importants avec une première estimation de l'ordre de 400.000 euros", a déclaré sur place Richard Laganier, l'administrateur provisoire de l'université que le tribunal administratif avait enjoint de "faire procéder à l'évacuation". M. Laganier, nommé à la mi-mars par la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal en raison du blocage, a inspecté un des bâtiments occupés, qui porte sur ses murs de très nombreux tags, renferme des tables renversées et des portes en verre brisées, a constaté un journaliste de l'AFP.

En découvrant l'état du grand amphithéâtre, où s'amoncelaient matelas, couvertures et couettes, il a déclaré en apparté: "la situation est alarmante, on va le fermer jusqu'à nouvel ordre, ça va prendre du temps, il y a des chances qu'il soit fermé jusqu'à septembre". Il a annoncé un dépôt de plainte pour dégradations et la fermeture administrative de l'université "pour quelque jours, de manière à pouvoir reprendre dans le calme (...) les activités à la fois pédagogiques de recherche et administratives nécessaires au bon déroulement de cette fin d'année".

L'administrateur a souhaité que les examens puissent se tenir à l'université, sans pour autant exclure une "délocalisation". Les examens débuteront le 11 juin. La sécurité sera renforcée pour éviter une nouvelle occupation. Dans un tweet, l'UNI s'est félicité du déblocage "dans le calme et sans incident majeur" et souhaité le rétablissement "au plus vite, dans l'intérêt de tous" du fonctionnement normal de l'université.

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