Frédéric Hébrard, un arbitre decazevillois en finale de la Coupe de France : « On ne peut pas rester insensible »

  • Frédéric Hébrard : « On ne peut pas rester insensible » Un sifflet  plus musclé
    Frédéric Hébrard : « On ne peut pas rester insensible » Un sifflet plus musclé
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    Frédéric Hébrard : « On ne peut pas rester insensible » Un sifflet plus musclé
Publié le , mis à jour
Maxime Raynaud

Arbitre assistant fédéral depuis 2015, le Decazevillois de 38 ans vient de vivre une première : le 8 mai dernier, il a tenu le drapeau lors de la finale de la Coupe de France remportée par le PSG face aux Herbiers (2-0), au Stade de France. Cette expérience, l’arrivée de la vidéo (VAR), le climat souvent hostile autour du corps arbitral ou l’évolution de la pratique, le sifflet aveyronnais s’est livré. Entretien.

Le mardi 8 mai, vous étiez l’un des deux arbitres assistants lors de la finale de la Coupe de France, aux côtés de Mikael Lesage. Une première pour vous. Était-ce un objectif ?

Non. Je ne suis pas international et généralement, la finale de la Coupe de France, c’est pour les arbitres de ce niveau-là. Et puis, j’avais déjà fait un quart de finale cette saison (Chambly - Strasbourg 1-0, NDLR), donc je n’espérais pas me retrouver là. J’ai été convoqué le dimanche et il a vite fallu prendre les repères au Stade de France.

Justement, est-ce si différent des autres enceintes ?

J’y étais venu avec ma famille en spectateur mais jamais je n’aurais pensé y être en tant qu’arbitre. Et j’ai été impressionné par le bruit, même si on est plus ou moins habitué avec le Parc des Princes, le Vélodrome et d’autres stades.

La finale de la Coupe de France, c’est aussi tout le protocole : la Marseillaise, le président de la République, etc. ?

Heureusement, on nous avait préparés à cette émotion car j’en avais peur. Pas la présence de la TV qu’on oublie à force. Mais le président qui vous salue, l’hymne, oui c’est particulier.

Cela restera comme l’un de vos plus beaux souvenirs ?

Oui, surtout que cela s’est super bien passé sur le terrain. On ne peut pas rester insensible à un tel événement. Beaucoup d’amis m’ont envoyé des messages pour me féliciter. Il y a toute une symbolique autour de La Coupe de France, bien plus qu’en Ligue 1.

Le 14 juin prochain débute la Coupe du Monde en Russie. C’est votre prochain objectif de participer à un Mondial ?

Malheureusement, c’est impossible pour des raisons d’âge (il a 38 ans, l’âge limite fixé par la Fifa est de 45, NDLR). Mais je suis content pour les collègues. On n’imagine pas tout le boulot qu’il y a derrière. Plus généralement, je suis heureux pour l’arbitrage français. En 2014, on a beaucoup souffert du fait qu’il n’y ait aucun officiel français retenu au Brésil. Aujourd’hui, on en a un (Clément Turpin, NDLR) en Russie mais on nous reproche qu’il n’y en ait pas pour la vidéo. Ça va loin...

Ces critiques permanentes, ça vous agace ?

C’est l’esprit français. On n’y fait plus attention. Si on devait répondre à toutes...

Dans ce contexte, l’assistance vidéo (VAR) a fait son apparition cette saison en coupes, comme la finale l’a rappelée (but refusé à Mbappé après recours à l’arbitrage vidéo). Est-ce que cela change l’arbitrage ?

Pas forcément non, mais cela améliore notre « process ». C’est une bonne chose en général. Même si c’est toujours l’arbitre central qui décide au final, la « VAR » nous enlève un poids. Si je me trompe, je me dis que je serais rattrapé.

Un des reproches formulé à l’égard de la vidéo est le temps de décision, parfois très long, avec la crainte d’en arriver aux extrêmes vécus au rugby.

Selon moi, le problème du rugby est que la vidéo a pris le mauvais chemin. C’est à la demande de l’arbitre tandis que, dans notre cas, c’est un support que l’on utilise bien moins, comme on l’a vu lors de la finale. Et puis, on a travaillé pour réduire ce temps. On est conscient de la problématique et les collègues bossent sur de nombreuses situations possibles en amont pour réagir plus vite ensuite.

L’émission « J + 1 » de Canal + a consacré un reportage à deux ex-joueurs professionnels, Gaël Angoula et Jérémy Stinat. Voici une autre évolution.

Et nous sommes tous pour ! D’abord parce que ce sont des garçons super motivés. Je connais très bien Jérémy Stinat et il était déjà arbitre quand il était joueur. Pour nous, ils font une liaison avec les joueurs qui est très importante. Par exemple, en tant que 4e arbitre en Ligue 1, comme Jérémy cette saison. Ils contribuent aussi beaucoup à notre évolution, technique, tactique.

Un sifflet  plus musclé

La vidéo n’est pas la seule évolution vécue par l’arbitrage ces dernières années. Comme l’explique Frédéric Hébrard, le physique a pris une importance majeure, notamment pour suivre un jeu de plus en plus rapide : « Chaque semaine, nous avons un système de GPS à synchroniser pour que nos données d’entraînement soient analysées par un préparateur physique », détaille le Decazevillois. Les hommes en noir seraient donc devenus des athlètes comme les autres. « Complètement, abonde-t-il. Je m’entraîne six à sept fois par semaine, parfois à raison de deux séances quotidiennes. » Pour se muscler, les sifflets français sont donc par conséquent souvent contraints de se consacrer intégralement à leur passion. « Sincèrement, je ne vois pas comment je pourrais cumuler avec un emploi. On est sans arrêt sollicité pour du travail physique, mental, vidéo, etc. », conclut celui qui s’entraîne et est licencié au club de Saint-Simon (Haute-Garonne).
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