Rififi au conseil municipal de Millau : l’opposition demande la démission de Nicolas Lefévère

  • Nicolas Léfévère.
    Nicolas Léfévère.
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VG

L’élu à l’environnement était au centre des discussions lors de la délibération n° 3 du conseil de jeudi soir sur l’extinction de créances par la municipalité.

La délibération n° 3 du conseil municipal, jeudi soir, a donné lieu a des échanges particulièrement houleux. Le débat portait sur l’admission en non-valeur et l’extinction de créances de la part de la municipalité.

Deux procédures permettant à des débiteurs de la commune (en général des sociétés) de voir leurs dettes, non recouvrables, rayées des tablettes. La délibération aurait pu passer comme une lettre à La Poste. C’était sans compter sur le travail de l’opposition municipale, qui a cherché à connaître l’identité des débiteurs, non identifiés dans le cadre de la délibération.

Un passif de plus de 9 000 € daté de 2016

Et ils ont soulevé un lièvre. Parmi les débiteurs se trouvait en effet Nicolas Lefévère, conseiller municipal délégué à l’environnement. Il faut rappeler que l’élu avait dû placer son activité de négoce de détail, Go Terroirs (trois crémeries/fromageries, rue Droite, boulevard de Bonald et aux halles, NDLR), en liquidation judiciaire en 2016. Une affaire qui lui avait coûté son poste de vice-président délégué à l’environnement à la communauté de communes Millau grands causses, collectivité avec qui l’intéressé est encore aujourd’hui en procédure.

Un climat de malaise s’est très vite emparé de la salle du conseil. « Nous allons voter une délibération qui nous pose un sacré problème déontologique, a démarré Michel Durand. Cet élu perçoit des indemnités et on va éteindre sa créance. C’est inacceptable. D’autant que ses indemnités, depuis le début de son mandat, lui auraient permis de rembourser intégralement sa dette. » Un solde de 9 000 € de loyers impayés, d’après le rapporteur et adjoint aux finances, Daniel Diaz (9 976 € selon l’opposition).


Question morale


Animé par une « triste colère », Frédéric Fabre a parlé de « forfaiture » et d’acte certes légal, mais « totalement immoral ». Pour l’élu de gauche, « cela provoque une rupture de confiance entre les citoyens et leurs élus ». Et de développer : « Ce comportement, que l’on peut qualifier de cupide pour un élu de la Ville, dans la mesure où il ne renonce pas à ses indemnités mais refuse de payer des dettes dues à la Ville, participe à rabaisser et à polluer la politique. Ces attitudes propagent l’idée qu’il existe une impunité des puissants. »


Pour l’opposition de gauche, à laquelle se sont immédiatement ralliés Philippe Ramondenc et Nicolas Chiotti, l’idée que les Millavois « paient les dettes d’un élu avec l’argent de leurs impôts » est inacceptable. Frédéric Fabre, encore : « L’élu doit être irréprochable. Je suis scandalisé de voir celui-ci prendre ses indemnités de la main gauche et solliciter l’argent public de la main droite pour régler ses dettes. » Avant de demander à Nicolas Lefévère, sans jamais le citer, « de payer ses dettes ou d’avoir le courage de démissionner de ses fonctions ».

Soutenu par Elodie Platet, laquelle a mis en avant la distinction entre les affaires personnelles et le mandat d’élu (« l’indemnité est conséquente à un travail réel et effectif, le reste concerne un entrepreneur déposant le bilan »), Nicolas Lefévère n’a pas cillé durant ce quart-d’heure interminable. Il est resté muet. De marbre. Encaissant les attaques comme un boxeur dans les cordes.

Placé dans une position inconfortable, Christophe Saint-Pierre a rejeté le terme « d’impunité des puissants » utilisé par Frédéric Fabre. Après avoir réexpliqué la procédure en matière de créances éteintes et fait valoir le fait que la Ville était allée « au bout du rouleau » de l’action judiciaire, il a pris la défense de son élu. « Je sépare l’activité privée de l’action publique. Cet élu, dans son travail pour la collectivité, n’a pas montré de défaut dans son engagement. »

« Votre charte éthique ? Un doigt d’honneur »

Le maire également a indiqué qu’il n’interviendrait pas « de façon autoritaire » pour que son élu rembourse sa dette avec ses indemnités, parlant de « problèmes de conscience ». « Votre charte éthique est devenue pathétique, lui a envoyé Frédéric Fabre. Elle ressemble presque à un bras d’honneur. » La délibération, elle, devrait logiquement être frappée d’irrégularité. Nicolas Lefévère, intéressé dans le débat, ayant pris part au vote...
 

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