Après des mois de crise, un nouveau gouvernement d'experts pour la Bulgarie

  • Plamen Orecharski est investi le 29 mai 2013 comme nouveau Premier ministre à Sofia
    Plamen Orecharski est investi le 29 mai 2013 comme nouveau Premier ministre à Sofia AFP - Nikolay Doychinov
  • Plamen Orecharski , le 29 mai 2013, au moment de son investiture à Sofia
    Plamen Orecharski , le 29 mai 2013, au moment de son investiture à Sofia AFP - Nikolay Doychinov
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AFP

Après des mois de crise, la Bulgarie a désormais un nouveau gouvernement après l'investiture mercredi de l'économiste sans étiquette Plamen Orecharski qui a promis de lutter contre la pauvreté et "la désintégration de la société" de ce pays de l'Union européenne.

L'investiture de ce technocrate de 53 ans a été approuvée par les 120 voix des socialistes et des députés du parti libéral de la minorité turque (MDL).

Les 97 représentants du Parti conservateur Gerb de l'ancien Premier ministre Boïko Borissov ont voté contre.

Ceux du parti ultranationaliste et xénophobe Ataka n'ont pas participé au vote. Mercredi, 217 députés, sur 240, étaient présents.

Le vote du Parlement met fin à l'impasse politique dans laquelle le pays le plus pauvre de l'UE était plongé depuis les élections du 12 mai, d'où aucun vainqueur clair n'avait émergé.

La tâche s'annonce titanesque pour le nouveau chef du gouvernement, qui doit agir vite afin de restaurer la confiance des Bulgares dans leurs institutions et d'améliorer leurs conditions de vie.

Dans une intervention au Parlement, il s'est déclaré résolu à "mettre fin à la confrontation dans la société", dont il craint une "désintégration" et à "se pencher sur les problèmes des minorités", dont les Roms, estimés à 9% de la population.

Cet hiver, des dizaines de milliers de Bulgares avaient manifesté dans tout le pays pour protester contre l'explosion de leur facture d'électricité, puis contre la pauvreté endémique dans le pays et la corruption.

Six personnes sont décédées après s'être immolées par le feu, un fait sans précédent en Bulgarie.

Sous la pression de la rue, le Premier ministre conservateur Boïko Borissov avait alors démissionné le 20 février et des élections législatives anticipées avaient eu lieu le 12 mai. Son parti conservateur avait remporté d'une courte tête le scrutin, mais l'ex-garde du corps avait renoncé à former un gouvernement car aucune des trois autres formations parlementaires ne voulait s'allier avec lui.

Consolider la démocratie

Plamen Orecharski a expliqué vouloir "consolider la démocratie, encourager les entrepreneurs, rétablir la solidarité et la justice sociale". Et il a promis "d'améliorer le climat des affaires en vue d'attirer des investissements et de créer des emplois" sans détailler plus avant.

Il entend parallèlement maintenir le régime d'austérité en place depuis 1997 au sein duquel la devise bulgare, le lev, a été rattachée au Deutschemark, puis à l'euro. Ce régime permet certes au pays de préserver la stabilité de ses finances publiques, mais au prix d'un niveau de vie très bas. Le salaire moyen est inférieur à 400 euros.

Le gouvernement de M. Orecharski, également approuvé mercredi par le Parlement, est constitué d'experts et d'hommes politiques proches des socialistes et du MDL, peu ou pas connu du grand public. Le cabinet est également très rajeuni.

La nomination de Zinaïda Zlatanova, ex-représentante de la Commission européenne en Bulgarie, au poste de vice-Premier ministre et ministre de la Justice illustre un effort de prendre en compte les critiques de Bruxelles sur l'inefficacité de la justice bulgare face à la corruption.

Mme Zlatanova surveillera aussi la gestion des fonds européens, ainsi que les Affaires intérieures.

Le ministère des Finances a été confié au macroéconomiste Petar Tchobanov, 36 ans. Le ministère de l'Economie et l'Energie sera dirigé par Dragomir Stoïnev, 37 ans, qui a fait des études d'économie à la Sorbonne, puis à l'ENA (Ecole nationale d'administration) à Paris.

Sans soutenir ouvertement le futur gouvernement, les ultra-nationalistes d'Ataka (23 sièges) se sont engagés a apporter leur appui aux mesures contre la pauvreté et la corruption. Le leader d'Ataka, Volen Siderov, a cependant menacé mercredi de "renverser ce gouvernement s'il agit contre les intérêts bulgares".

Le nouveau gouvernement repose sur des bases fragiles, et les politologues lui prédisent une durée de vie de six à douze mois. Et certains craignent aussi une reprise des protestations sociales s'il échouait à prendre des mesures rapides contre la pauvreté.

Source : AFP

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