Syrie: projet de résolution à l'Onu contre l'intervention de combattants étrangers

  • Les chiffres du conflit syrien selon l'OSDH et l'UNHCR Les chiffres du conflit syrien selon l'OSDH et l'UNHCR
    Les chiffres du conflit syrien selon l'OSDH et l'UNHCR AFP
  • Des rebelles syriens installent une bombe, le 27 mai 2013 à Alep
    Des rebelles syriens installent une bombe, le 27 mai 2013 à Alep AFP - Ricardo Garcia Vilanova
  • Une vue partielle de la ville de Qousseir, prise le 25 mai 2013
    Une vue partielle de la ville de Qousseir, prise le 25 mai 2013 AFP/Archives
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AFP

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU va se pencher mercredi sur un projet de résolution condamnant "l'intervention de combattants étrangers" à Qousseir, ville de l'ouest de la Syrie, théâtre de violents combats, alors que les risques d'une contagion du conflit à la région semblaient de plus en plus importants.

De son côté, Moscou insistait mardi pour livrer des missiles à la Syrie, au grand dam d'Israël, tandis que le régime syrien a dénoncé, tout comme son allié russe, la décision de l'Union européenne de lever l'embargo sur les armes à l'opposition armée, estimant qu'il s'agissait d'un obstacle aux efforts de paix en cours.

Le projet de résolution, déposé par les Etats-Unis, la Turquie et le Qatar, vise ainsi notamment le Hezbollah libanais, sans le nommer. Il sera présenté au cours d'un débat en urgence devant le Conseil des droits de l'Homme, dont les résolutions n'ont toutefois pas de caractère contraignant. Le texte "condamne l'intervention de combattants étrangers qui luttent pour le compte du régime syrien à Qousseir" et se dit "profondément préoccupé par le fait que leur implication représente une grave menace pour la stabilité régionale".

S'exprimant mardi au cours d'une réunion entre diplomates ouverte aux médias, un représentant syrien a expliqué que les forces armées syriennes avaient l'obligation de protéger les civils et d'"extraire" les terroristes infiltrés dans Qousseir.

De leur côté, la majorité des diplomates présents à cette réunion, dont les représentants de l'UE, du Brésil et de la Suisse, ont demandé une résolution plus "équilibrée" qui fasse allusion aux violences commises par toutes les parties y compris par les groupes armés de l'opposition.

La Chine et la Russie ont pour leur part relevé que la résolution n'était pas de nature à pouvoir aider à la mise sur pied d'une conférence internationale sur la Syrie.

Sur le terrain, les insurgés défendent bec et ongle Qousseir et ses environs, face aux forces régulières qui tentent depuis plus d'une semaine de reconquérir avec l'aide du Hezbollah (chiite libanais) cette ville stratégique située dans le centre de la Syrie.

"Si l'agression du Hezbollah contre le territoire syrien ne s'arrête pas dans les 24 heures, nous prendrons toutes les actions pour le pourchasser, même en enfer", a menacé Selim Idriss, chef du conseil militaire suprême de l'Armée syrienne libre, sur la télévision Al-Arabiya.

M. Idriss s'adressait au président libanais Michel Sleiman, au secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, et au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a justifié les livraisons prévues de systèmes sol-air sophistiqués S-300 à Damas en estimant que ces missiles visaient à dissuader toute velléité d'intervention extérieure dans le conflit. "Des mesures de cette sorte dissuadent en grande partie certains esprits échauffés d'envisager des scénarios dans lesquels le conflit prendrait un tour international avec la participation de forces étrangères", a-t-il dit.

Mais Israël a averti qu'il réagirait en cas de livraisons de ces missiles. "Si par malheur, ils (les S-300) arrivent en Syrie, nous saurons quoi faire", a affirmé le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon.

Israël a mené début mai deux raids aériens sur des cibles militaires près de Damas disant vouloir empêcher un transfert d'armes au Hezbollah, mouvement chiite libanais proche de Damas, et ennemi juré d'Israël.

Dans un contexte d'enlisement du conflit, qui a déjà fait plus de 94.000 morts depuis mars 2011 selon une ONG syrienne, l'UE a décidé de lever l'embargo sur les armes pour les rebelles, une mesure "soutenue" par Washington.

Les 27 sont cependant convenus de ne pas livrer d'armes aux rebelles dans l'immédiat pour ne pas nuire aux efforts de règlement politique, notamment à l'organisation de la conférence internationale de paix, initiée par Moscou et Washington et prévue en juin à Genève.

L'opposition incapable de se mettre d'accord

Les rebelles ont accueilli avec circonspection la décision de l'UE. Louay Safi, un porte-parole de la Coalition nationale de l'opposition syrienne réunie à Istanbul, l'a qualifiée de "pas positif" tout en disant craindre qu'elle ne soit "insuffisante et qu'(elle) n'intervienne trop tard".

"On espère que ce sera une décision effective et non pas des paroles", a de son côté souhaité un porte-parole du commandement militaire supérieur de l'Armée syrienne libre (ASL), la principale formation de la Coalition, Kassem Saadeddine.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a en revanche estimé qu'elle constituait "un obstacle aux efforts internationaux pour obtenir une solution politique à la crise", selon un communiqué publié par l'agence officielle Sana.

Même commentaire de la Russie, dont le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, avait prévenu auparavant que l'organisation de la conférence de paix Genève 2, à laquelle Damas a donné son accord pour y participer, ne serait "pas une mince affaire".

S'agissant de l'opposition politique, elle est plongée depuis bientôt une semaine à Istanbul dans d'interminables discussions, toujours incapable de se mettre d'accord sur sa participation à la conférence de paix, tant elle est affaiblie par les rivalités entre puissances régionales et les critiques sur son inaction.

De la composition des délégations syriennes à la liste des invités, en passant par le sort de Bachar al-Assad, Genève 2 achoppe sur de nombreux désaccords.

Moscou a de nouveau insisté pour que l'Iran, soutien du régime de Damas, y participe, ce que les Occidentaux refusent.

Téhéran a en outre annoncé accueillir mercredi une "conférence internationale" pour trouver une "solution politique" au conflit.

Source : AFP

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