De retour à l'Assemblée, le projet de loi sur l'école rassemble toute la gauche

  • Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, le 23 avril 2013 à l'Assemblée nationale, à Paris
    Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, le 23 avril 2013 à l'Assemblée nationale, à Paris AFP/Archives - Martin Bureau
  • Le député PS Yves Durand, rapporteur du projet de loi sur l'école, le 11 mars 2013 à l'Assemblée nationale, à Paris Le député PS Yves Durand, rapporteur du projet de loi sur l'école, le 11 mars 2013 à l'Assemblée nationale, à Paris
    Le député PS Yves Durand, rapporteur du projet de loi sur l'école, le 11 mars 2013 à l'Assemblée nationale, à Paris AFP/Archives - Thomas Samson
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AFP

Le projet de loi de refondation de l'école, qui traduit plusieurs promesses de François Hollande, est revenu lundi à l'Assemblée nationale en seconde lecture, où il rassemble toute la gauche grâce aux changements apportés au Sénat mais est vigoureusement combattu à droite.

Entamé lundi après-midi, le débat s'est interrompu vers 2h du matin après l'examen de plusieurs centaines d'amendements de l'opposition mais seuls quelques légers changements dans le projet de loi ont été adoptés. Il reprendra mardi après-midi, avant le vote solennel mercredi.

Le projet de loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République prévoit la création de 60.000 postes dans l'éducation en cinq ans, réinstaure une formation des enseignants dès la rentrée 2013 avec les Ecoles supérieures du professorat et de l'Education (Espe) et donne la priorité au primaire avec notamment un renforcement de la scolarisation des moins de trois ans. Il fixe de grandes orientations et devra pour partie être concrétisé par de futurs décrets ou circulaires.

"Nous n'allons pas résoudre tous les problèmes d'un coup mais nous avons remis l'école en mouvement dans la bonne direction (...) Des avancées importantes ont eu lieu au Sénat", ce qui a "permis le rassemblement de toute la majorité", a souligné le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon. "C'est bien la majorité de gauche qui porte la refondation de l'école de la République (...) et à nouveau la droite qui, après des années de destruction de l'école (...) n'est pas au rendez-vous", a-t-il lancé dans son discours liminaire devant une cinquantaine de députés.

Jugeant que "les deux assemblées sont arrivées à un point d'équilibre", le rapporteur du projet de loi Yves Durand (PS) a espéré que se fera aussi à l'Assemblée "le rassemblement de toute la gauche".

C'est l'un des rares textes du gouvernement a avoir été approuvé, en première lecture, par le Sénat de gauche sans l'apport de voix de droite.

"Concessions"

"Pour obtenir un vote positif, le gouvernement et le groupe PS ont dû faire bon nombre de concessions à leurs alliés", a raillé l'UMP Frédéric Reiss.

Le Sénat a, entre autres, réécrit l'article sur les missions premières de l'école et a inscrit d'autres principes comme l'assouplissement de l'accès aux langues régionales, le renforcement des mesures en faveur des enfants handicapés ou l'expérimentation du dernier mot donné aux parents sur les redoublements.

Les députés du Front de Gauche, qui s'étaient abstenus en première lecture, comptent voter le projet de loi en deuxième lecture si les avancées obtenues au Sénat ne sont "pas remises en cause".

Quant aux écologistes, qui ont marqué la semaine dernière une fracture dans la majorité par leur vote contre le projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche, ils soutiennent ce "début de refondation", malgré quelques bémols.

Unanime, l'opposition a critiqué "un simple ripolinage", qui risque de "ne rien changer à la réussite des élèves" en "ne traitant pas les sujets les plus fondamentaux", comme le statut des enseignants et des établissements, selon les termes de l'UMP Benoist Apparu.

A l'appui de leurs attaques notamment contre la création des 60.000 postes, l'UMP et l'UDI ont abondamment mis en avant le récent rapport de la Cour des comptes, selon lequel la baisse des résultats des élèves et la crise de vocation des enseignants sont davantage à mettre sur le compte d'une mauvaise gestion des professeurs que d'un manque de moyens.

La définition des missions premières de l'école, la scolarisation accrue des enfants de moins de 3 ans ou la définition du socle commun de connaissances par un décret, et non par le Parlement, ont nourri de longues attaques. L'UMP a ainsi tenté sans succès d'ajouter le goût de l'effort, le respect de l'autorité ou encore de la liberté de culte dans les missions premières de l'école.

Autres critiques: la composition du Conseil supérieur des programmes et du Conseil national de l'évaluation jugés pas assez riches en "non experts", parlementaires, parents ou représentants du monde de l'entreprise. "Il est difficile d'avoir une culture d'évaluation des politiques publiques qui ne se fonde pas sur une certaine scientificité", a argué M. Peillon.

Les échanges ont pris plusieurs fois un tour aigre-doux entre les députés UMP et le ministre, les premiers lui reprochant d'être "vindicatif" et de "faire la leçon", le second, agacé par la prolongation des débats, appelant l'opposition à ne pas faire "trop semblant" et pointant ses "contradictions".

Source : AFP

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