Elne Dans la cité millénaire, la Maternité Suisse conjugue art et mémoire

Voici un bel exemple d’humanité. Aux heures sombres de la “Retirada” entre 1939 et 1944, la petite maternité d’Elne accueilla des centaines de mamans sur le point d’accoucher. Fuyant le régime franquiste, ces femmes, juives, tziganes ou espagnoles arrachées à l’enfer des camps d’Argelès-sur-Mer, Rivesaltes et Saint-Cyprien, trouvent ici un îlot de paix. C’est Elisabeth Eidenbenz, une jeune infirmière et membre du secours Suisse, qui est à l’origine de ce remarquable geste de réconfort. À l’époque, la guerre pousse sur les routes des milliers de personnes. Les femmes accouchent dans des conditions déplorables. Nombreuses sont celles qui meurent faute de soins adaptés. Alertées par ces conditions inhumaines, des associations américaines, suisses et françaises créent une maternité digne de ce nom au château d’En Bardou, à Elne.

Près de 600 bébés verront le jour à la Maternité

Alors que l’occupant dictait sa loi, la “Seniora Isabel” nommée ainsi par les mères, fit venir un nombre de plus en plus important de femmes. Au total, ce sont près de 600 bébés de 22 nationalités différentes qui voient le jour ici. En 2002, Elisabeth Eidenbenz reçoit la médaille “des Justes parmi les Justes entre les Nations”. Quant au château, inoccupé après la guerre, il est pillé et tombe en ruines. En 1997, il passe entre les mains de François Carpentier, maître verrier. L’édifice renaît peu à peu. Puis en 2005, la mairie décide de racheter le site, de le rénover et d’en faire un lieu de mémoire.

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