Au procès de Villiers-le-Bel, le parquet épargne le policier

  • Franck Viallet, policier accusé d'homicides involontaires, le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise
    Franck Viallet, policier accusé d'homicides involontaires, le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise AFP - Lionel Bonaventure
  • Franck Viallet (C) s'entretient avec ses avocats avant le début de son procès , le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise.
    Franck Viallet (C) s'entretient avec ses avocats avant le début de son procès , le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise. AFP - Lionel Bonaventure
  • Des proches des victimes attendent le début du procès d'un policier jugé pour la mort de deux adolecents Moushin et Lakamy tués dans une collision entre leur mini-moto et une voiture de police le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise.
    Des proches des victimes attendent le début du procès d'un policier jugé pour la mort de deux adolecents Moushin et Lakamy tués dans une collision entre leur mini-moto et une voiture de police le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise. AFP - Lionel Bonaventure
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AFP

Le parquet a épargné vendredi le policier jugé pour l'accident qui avait tué Muhsim et Lakamy en 2007 à Villiers-le-Bel, relevant le "comportement routier aberrant" des deux adolescents et se gardant de réclamer une peine au tribunal correctionnel de Pontoise.

Le jugement devrait être mis en délibéré vendredi soir.

La mort des deux adolescents, tués le 25 novembre 2007 à 15 et 16 ans dans cette collision avec une voiture de police, avait provoqué deux jours d'échauffourées entre jeunes et forces de l'ordre à Villiers-le-Bel, commune populaire de 27.000 habitants, dont un tiers est âgé de moins de 25 ans.

Une centaine de policiers avaient été blessés durant cette flambée de violences, qui avait fait craindre une répétition des émeutes de 2005, parties de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avant d'embraser la France.

Devant le tribunal correctionnel, le procureur Henri Génin a insisté dans son réquisitoire sur les "fautes ahurissantes" de conduite, sur "la prise de risque" des adolescents, ne demandant pas de condamnation pour le fonctionnaire qui conduisait le véhicule le soir du drame.

"Dire la vérité à des familles de victimes, ce n'est pas facile et c'est certainement extrêmement douloureux à entendre. J'en ai conscience, mais c'est mon devoir. C'est aussi une marque de respect, la justice n'a pas le droit de leur mentir", a dit le représentant du parquet.

Selon le rapport d'expertise, la voiture de police roulait à 59 km/h juste avant l'accident et à 64 km/h au moment du choc, au lieu des 50 km/h autorisés. Elle circulait sans gyrophare ni avertisseur.

Les deux adolescents roulaient de leur côté sur une moto qui n'était pas destinée à la route, dépourvue de freins et d'éclairage, à une vitesse supérieure à la limite autorisée. Ils ne portaient pas de casque et n'avaient pas respecté une priorité à droite.

"C'est vous l'adulte!"

"Le conducteur a été vu par un témoin juste avant l'accident effectuer des embardées sur la chaussée", a par ailleurs souligné M. Génin, relevant le "comportement aberrant" des deux adolescents, qui "jouaient avec leur vie et celle des autres comme à une roulette russe".

Prenant acte de l'excès de vitesse imputé par l'expertise à la voiture de police, le procureur a demandé au tribunal de prendre en considération "l'humanité" du prévenu, "bouleversé" par l'accident.

"Je ne dis pas que dans une décision d'un extrême exigence votre juridiction ne puisse trouver un interstice" permettant d'imputer "une très mince faute d'imprudence" au prévenu. Mais "je ne peux pas requérir en conscience la condamnation" du policier, a conclu le procureur.

Une analyse à revers de celle des avocats des parties civiles, qui ont insisté sur les "fautes" commises par le policier, Franck Viallet, aujourd'hui âgé de 36 ans, accusé de n'avoir pas respecté les limitations de vitesse.

"A aucun moment", le prévenu "n'aura pris la peine de respecter les obligations fondamentales du code de la route", a dénoncé Me Emmanuel Tordjman. "Les fautes qui ont été commises sont évidentes. Elles sont à l'origine de l'accident", a asséné l'avocat.

Dénonçant des "défaillances gravissimes" de la justice dans ce dossier, "devenu une véritable affaire d'Etat pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le droit", Me Jean-Pierre Mignard, autre avocat des parties civiles, a salué la "qualité des débats" au cours de ce procès, obtenu au terme d'un long combat judiciaire.

"Il ne s'agit pas de briser la carrière d'un homme (...) Il s'agit de rendre la justice", a souligné l'avocat, appelant le tribunal à "prendre en considération" la douleur des familles. Dans cette affaire, "c'est vous l'adulte !", a-t-il martelé en s'adressant au prévenu. "En face, ce n'étaient que des gosses", a-t-il ajouté, en demandant au tribunal "d'appliquer le règlement".

Source : AFP

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