Chômage: l'inversion de la courbe n'aura pas lieu en 2013, selon l'Insee

  • Un homme entre dans une agence Pôle emploi à Haubourdin, dans le nord de la France, le 4 juin 2013
    Un homme entre dans une agence Pôle emploi à Haubourdin, dans le nord de la France, le 4 juin 2013 AFP/Archives - Philippe Huguen
  • France : chômage en hausse en 2013 France : chômage en hausse en 2013
    France : chômage en hausse en 2013 AFP
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Réaffirmé par François Hollande mais aussitôt retoqué par l'Insee, l'objectif d'inverser "durablement" la courbe du chômage à la fin de l'année semble irréalisable, alors que l'économie française devrait être en légère récession en 2013.

Devant les syndicats et le patronat à l'ouverture de la conférence sociale annuelle, le président de la République a tenu à "réaffirmer" son "engagement": "inverser durablement la courbe du chômage à la fin de l'année". "Nous pouvons y arriver" et "nous devons y arriver", a-t-il martelé.

Ce cap, fixé en septembre, a été gravé dans le marbre dans les engagements pris mi-avril par la France auprès de ses partenaires de l'Union européenne. "L'économie française renouerait avec les créations d'emploi au second semestre et le taux de chômage recommencerait à reculer au dernier trimestre", écrivait alors le gouvernement dans son "programme de stabilité" adopté par le Parlement et transmis à Bruxelles.

Après avoir été remis en cause par nombre d'économistes, mais aussi le Fonds monétaire international et l'Organisation de coopération et de développement économiques, voilà l'objectif phare de l'Elysée contesté par l'Insee.

Dans ses prévisions publiées jeudi, l'Institut national de la statistique et des études économiques estime que le taux de chômage va augmenter de 0,1 point par trimestre, passant en France métropolitaine de 10,4% de la population active en début d'année à 10,7% fin 2013.

Au total, 38.000 postes seraient supprimés au premier semestre dans le secteur marchand puis 76.000 au second, malgré de premiers effets du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), selon cette "note de conjoncture".

Certes, la hausse du taux de chômage continue "à un rythme ralenti" par rapport à 2012, notamment grâce à la "montée en charge" des emplois d'avenir ou des contrats de génération, a relevé devant la presse le chef du département de la conjoncture de l'Insee, Cédric Audenis.

"Timide éclaircie"

Selon lui, même s'il est "probable" d'avoir un trimestre de stagnation d'ici la fin de l'année, ce ne serait pas "un signe que le chômage a cessé d'augmenter".

Le chef de l'Etat a lui-même semblé assez lucide sur la situation. "Le chômage, qui progresse depuis cinq ans, va continuer, hélas! encore à progresser jusqu'à la fin d'année", a-t-il reconnu. Au gouvernement, à défaut de voir le taux de chômage reculer au quatrième trimestre, on guette un reflux des inscriptions à Pôle emploi, l'autre indicateur de mesure du chômage, en toute fin d'année.

Le diagnostic du président François Hollande, qui a rappelé que sans croissance "il n'y a pas de création suffisante d'emplois", se traduit plus que jamais dans les chiffres.

"Pour que le chômage baisse, il faut que la croissance soit comprise entre 1% et 2%", a souligné Cédric Audenis. "On voit qu'on n'y est pas encore."

De fait, la croissance reste atone. Après avoir reculé de 0,2% par trimestre fin 2012 et début 2013, le produit intérieur brut (PIB) de la France rebondirait de 0,2% au deuxième trimestre par rapport au précédent, stagnerait au troisième et augmenterait encore légèrement de 0,1% au dernier, prédit l'Insee.

Sur l'ensemble de 2013, cela n'empêcherait pas une légère récession de 0,1% par rapport à 2012, année de croissance nulle.

Cette "timide éclaircie", selon le titre de la note de conjoncture, "viendrait essentiellement de l'extérieur" et des exportations qui devraient repartir à la hausse, a expliqué Jean-François Ouvrard, responsable de la synthèse conjoncturelle de l'institut. Il s'agira du "principal moteur de l'activité", a-t-il ajouté.

La consommation des ménages va elle plus ou moins stagner d'ici la fin de l'année, et devrait connaître en 2013 une nouvelle année de recul (-0,1% après -0,4% en 2012), malgré une légère amélioration du pouvoir d'achat des ménages (+0,2% après -0,9%).

Côté production industrielle, les bons chiffres d'avril s'annoncent passagers. Signe d'une fragilité persistante des entreprises, leur taux de marge devrait, selon l'Insee, baisser encore en 2013, atteignant 29,4% après 29,5% en 2012. Il s'agirait de son plus bas niveau depuis 1985.

Source : AFP

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